Il est prévu que la dernière usine de bouteilles en verre de Suisse – Vetropack à Saint-Prex (VD) – soit fermée. 175 emplois sont en jeu. De même, les deux derniers producteurs d’acier de Suisse, des usines qui refondent la ferraille pour en faire de l’acier de construction, ne peuvent plus faire face à la concurrence internationale. Ainsi, il a été annoncé que l’usine de Gerlafingen (SO) fermera une chaîne de production et licenciera 95 ouvriers, tandis que Swiss Steel, à Emmenbrücken (LU) ne survit que grâce à une nouvelle injection de crédits.
L’industrie sidérurgique suisse se réduit comme peau de chagrin depuis des décennies, les actionnaires préférant investir à l’étranger, où les prix sont moins élevés et où ils peuvent exploiter plus durement les travailleurs .
Les patrons de Vetropack affirment que l’investissement dans une nouvelle cuve de fusion coûtant 30 millions de CHF n’est pas rentable dans notre pays. C’est pourquoi les 100’000 tonnes de verre usagé par année, que Vetropack transforme en nouvelles bouteilles à partir des points de collecte suisses, devraient être transportés dans une nouvelle usine, à Milan, pour être transformés puis ramenés en Suisse par camion, émettant des quantités massives de CO2. Investissements dans la nouvelle usine de Milan : 400 millions de CHF !
Les aciéries de Soleure et de Lucerne fondent chaque année 1,5 million de tonnes de ferraille. Gerlafingen fournit à elle seule 50 % de l’acier de construction nécessaire en Suisse. Envoyer des tonnes d’acier à l’étranger pour le réimporter est absurde et accentue massivement et inutilement la pollution de l’environnement.
Swiss Steel affirme avoir des plans pour rendre le processus de production d’Emmenbrücke plus respectueux de l’environnement. Seulement, ils ne les mettent pas en œuvre, car ils n’investissent que dans les sites rentables à l’étranger.
La priorité de ces entreprises, c’est les bénéfices de leurs actionnaires, ce qui signifie que des centaines d’ouvriers doivent perdre leur emploi et que notre environnement doit en souffrir. En fait, ce qui procure les plus grands profits aux patrons est complètement irrationnel du point de vue de la grande majorité de la société.
Lors de leurs assemblées générales, les travailleurs de Saint-Prex ont décidé de sauver les emplois et d’empêcher la fermeture. Une assemblée générale des travailleurs a également eu lieu à Gerlafingen. Ils demandent que les ouvriers puissent élaborer des alternatives aux licenciements et qu’ils obtiennent pour cela la divulgation de toutes les informations nécessaires.
C’est la bonne première étape. Les travailleurs doivent avoir accès à l’ensemble des comptes des capitalistes, afin de voir si, par exemple, la suppression des salaires parasitaires des PDG et des managers suffirait déjà à garantir leurs emplois. Si c’est le cas, le personnel doit contraindre les capitalistes par la grève à ce que leur profit soit supprimé, pas nos emplois !
Et si les livres de comptes prouvent que les fonds nécessaires au maintien des emplois ne sont pas disponibles ? La nationalisation de l’entreprise sous contrôle ouvrier est alors la seule solution.
Même les parlementaires de Soleure ont lancé des appels à l’aide désespérés auprès de l’État. Ce qu’ils entendent par là : sauver l’entreprise avec l’argent des contribuables, uniquement pour que ses propriétaires privés puissent ensuite continuer à faire des bénéfices ! Mais si les capitalistes ne sont plus capables de maintenir de bons emplois et de produire dans le respect de l’environnement, alors ils n’ont plus de raison d’être : ils doivent être expropriés.
Pour cela, les travailleurs doivent agir eux-mêmes. Rien ne peut arrêter la force de la classe ouvrière si elle s’unit et fait parler ses muscles à travers la grève et la mobilisation de la population.
Il n’y a pas d’autre voie. Les capitalistes détruisent nos emplois et notre planète. Si leur logique de profit détruit nos vies, c’est à nous de rompre avec leur logique !
Lorsque nous avons entendu parler des licenciements chez Stahl Gerlafingen, nous nous sommes rendus sur place, armés d’une pancarte, d’un journal et d’un flyer. Nous voulions nous faire une idée de la situation, mais aussi trouver des travailleurs combatifs qui puissent mener la lutte contre les licenciements massifs. Pour cela, il faut des arguments. C’est pourquoi nous nous étions préparés sur le fond. Une aciérie est également en train de fermer à Port Talbot, au Pays de Galles. Nos camarades britanniques y interviennent avec une campagne d’occupation et de nationalisation de l’usine. Nous avons donc étudié les articles de leurs journaux et en avons discuté pour voir ce que nous pouvions appliquer à Gerlafingen.
Beaucoup de gens ont réagi positivement, par exemple en levant le pouce quand ils passaient devant nous ou en nous révélant les horaires des équipes. Lors des discussions, il était clair que « ceux d’en haut » n’agissent que dans leur intérêt, pas dans celui des travailleurs. Il manque encore l’esprit de lutte et les idées pour se défendre. L’ambiance montrait que les ouvriers sont encore passifs, mais ouverts aux idées combatives. Les capitalistes ne céderont cependant pas de leur plein gré. C’est pourquoi nous y retournerons et notre programme sera entendu !
Jessica
Europe — de Emanuel Tomaselli, ICR Autriche — 16. 11. 2024
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