Du 8 au 11 août, 150 communistes de toute la Suisse se sont réunis pour l’édition 2024 du camp d’été marxiste. Dans les montagnes de l’Oberland bernois, nous avons élevé notre regard au-delà du quotidien politique avec des ateliers sur le Komintern ainsi que l’art.

L’Internationale communiste (Komintern) a été fondée en 1919 sur la base de la vague révolutionnaire déclenchée par la Première Guerre mondiale et inspirée par la Révolution russe. Dans son discours d’ouverture, Jannick Hayoz a expliqué comment la politique du Komintern de Lénine et Trotsky a mené la classe ouvrière plus près de la révolution socialiste mondiale que jamais elle ne l’avait été auparavant.

Nous sommes aujourd’hui entrés dans une période similaire. Au fond, les tâches qui incombent aux révolutionnaires d’aujourd’hui sont les mêmes que celles des jeunes communistes d’alors : former une nouvelle couche de cadres marxistes à la stratégie et la tactique révolutionnaires.

Pour cela, les quatre premiers congrès du Komintern sont une mine d’or. La libération des femmes, l’impérialisme et la guerre, l’indépendance des pays coloniaux, la question nationale, comment les bolcheviks ont défendu la révolution et l’ultra-gauchisme sont tous des thèmes qui y sont traités en détail.

15 ateliers en allemand et en français

Nous avons eu des ateliers sur tous ces thèmes pendant le camp d’été. Car aujourd’hui comme hier, cette clarté politique est décisive pour faire des propositions pertinentes dans les mouvements et la lutte des classes.

À cela se sont ajoutés des ateliers sur la philosophie, l’histoire du communisme en Suisse et le rôle du journal révolutionnaire. Au total, nous avons organisé 15 ateliers en allemand et en français. Cela montre les grands progrès de notre organisation : jamais nous n’avions organisé un camp aussi riche en contenu.

Une nouvelle camarade a déclaré : « Le camp et la session sur les leçons du Komintern m’ont prouvé une fois de plus que je suis dans la bonne organisation : dans aucun autre parti, les discussions politiques ne sont menées à ce niveau. »

« Le socialisme dans un seul pays » VS. la révolution permanente

Dans son exposé sur « Le stalinisme et la chute du Komintern », Dario Dietsche a expliqué que Lénine et Trotsky ont tout fait pour que la révolution mondiale soit victorieuse et à l’inverse, que Staline et sa clique de bureaucrates ont tout mis en oeuvre pour la saboter. Le camarade Noël a compris que « avec la théorie fausse du socialisme dans un seul pays, les ouvriers du monde entier ont été condamnés à un bain de sang un nombre incalculable de fois ».

Lukas Nyffeler l’a illustré dans son exposé en prenant l’exemple de la Chine en 1925-27, où la politique étrangère stalinienne s’est une fois de plus démasquée pour ce qu’elle était vraiment : un immonde abandon de la tradition bolchevique du Komintern, qui au contraire, s’était attaquée avec le plus grand sérieux à la libération des pays colonisés. 

Les communistes sont toujours et inconditionnellement du côté des opprimés : que ce soit avec les Palestiniens, les étudiants au Kenya et au Bangladesh ou le peuple Kurde, comme l’a expliqué Martin Kohler dans son exposé sur « la question nationale et la libération des Kurdes ».

Guerre et impérialisme

Dans son atelier intitulé « guerre et paix », Charles Tolis a expliqué pourquoi les guerres vont continuer à se multiplier sous l’impérialisme. Il a également fourni, grâce à la méthode de Lénine pendant la Première Guerre mondiale, les outils pour lutter aujourd’hui.

Après les ateliers, les participants ont discuté et lu jusque tard dans la soirée. Beaucoup ont ramené plusieurs livres dans leurs bagages. La soif de marxisme et la confiance en notre organisation se sont également exprimées dans la collecte de fonds : nous nous sommes fixé pour objectif de verser cette année 100 000 CHF à l’Internationale communiste révolutionnaire (ICR).

Au début du camp, nous avions récolté 27’000 CHF. Grâce à l’inspiration des ateliers et au travail créatif des camarades avec les tombolas, 27’000 CHF supplémentaires ont été réunis pendant le camp. 

Des Grecs anciens à Shostakovich, en passant par Van Gogh

La discussion en plénière sur l’art – des Grecs anciens à Shostakovich en passant par Van Gogh – a été un grand moment. L’art a toujours accompagné l’homme à travers son histoire, car c’est une composante essentielle de notre espèce. Les communistes ne se battent pas seulement pour du pain, mais pour la libération de l’ensemble de la condition humaine.

Dans son exposé sur l’histoire de l’art, la camarade Olivia Eschmann a défendu l’art contre la rage destructrice du capitalisme en déclin. Les budgets de la culture et de l’éducation sont les premières victimes des politiques d’austérité. En effet, les patrimoines culturels comme celui du Proche-Orient sont physiquement détruits et pillés par la guerre impérialiste : les grands héritages culturels de l’histoire de l’humanité sont rendus inaccessibles aux masses. 

En tant qu’ICR, nous avons entrepris de lutter contre cette barbarie, car pour arriver au communisme nous avons besoin de plus que la base économique léguée par les sociétés de classe. L’héritage culturel est le trésor le plus riche qui nous ait été légué. Préserver ce trésor et lutter pour la libération de la culture de notre vivant – telle est la plus grande tâche des communistes.

Ou comme le dit la camarade Marie de Fribourg : « Seule la révolution socialiste peut libérer l’art des bunkers des ultra-riches et le mettre entre les mains de tous. » 

Une pièce de Brecht et des chants ouvriers

Le vendredi soir, nous avons fait honneur à l’art dans le cadre d’un programme culturel. Des camarades ont mis en scène une pièce de Bertolt Brecht, suivie de chants et de poèmes que les camarades ont déclamés, les yeux brillants.

Car comme le souligne le magazine théorique de l’ICR qui vient de paraître : « L’existence prolongée du capitalisme est la mort de l’art et de la culture. Sauver la culture et l’élever à un niveau supérieur pour les générations futures est une tâche essentielle de la lutte des classes. » 

Pour clore le camp ensemble, les camarades se sont retrouvés pour chanter des chansons ouvrières du monde entier. La battle de rap annuelle et le match de football étaient également au rendez-vous !

Préparation d’un automne bouillant

Chaque discussion a suscité de nouvelles questions et suggestions, qui ont été partagées lors des discussions. Pendant le camp, nous avons démontré que seule une solide compréhension de la théorie marxiste et de la situation mondiale nous permettra d’intervenir dans les événements. 

Dersu Heri, le secrétaire général du parti, a encore expliqué pourquoi dans son discours de clôture. Le génocide se poursuit à Gaza, et ce grâce à la participation des pays occidentaux. Les protestations des dix derniers mois n’y ont rien changé, mais la jeunesse commence à y voir plus clair : Si les impérialistes ne nous écoutent pas, nous devons les y contraindre.

Cet automne, ce mouvement peut être élevé au niveau de mobilisations de masse. Mais pour cela, nous avons besoin de clarté politique telle que nous l’avons établie au camp. C’est ainsi que nous redescendons des montagnes dans la lutte des classes, armés pour l’automne d’une énorme motivation.