Depuis plusieurs années un nouveau champ de travail a gagné en popularité ; la « Sharing-Economy ». Uber, Airbnb et des entreprises comme Notime ont réussi à conquérir aussi le marché en Suisse.

La “Sharing economy” ou l’économie collaborative repose sur le partage ou l’échange entre particuliers de biens, services ou de connaissances. L’organisation des échanges est souvent faite par l’intermédiation de plateformes internet. Les employeurs attirent des personnes avec des promesses d’emplois indépendants et un horaire flexible. La demande pour ce travail est grande parce que, spécialement pour les étudiant-e-s, c’est difficile de trouver un travail à temps partiel avec des horaires aménageables.  En réalité, les conditions de travail dans ces entreprises sont actuellement parmi de les plus précaires : pas de salaire fixe, aucune prestation sociale, ni d’assurance accident. Les salariés dans ces secteurs ne sont pas directement employés par les entreprises mères (comme Uber, etc.). Ils bossent donc en indépendant et n’ont pas droit à tout ce qu’est-ce que touche un travailleur salarié.

Gig Economy

En Suisse, la demande pour des coursiers à vélo est en augmentation. Ils sont employés par des entreprises, par exemple Notime, et font des livraisons à domicile pour de nombreux restaurants. Pourtant, les outils de travail, tels que le vélo, ne sont pas payés par l’employeur et il n’y a aucun dédommagement pour l’équipement fourni par des salariés.

Les entreprises attirent des travailleurs et travailleuses en disant qu’on peut s’inscrire à tout moment et gagner de l’argent quand on veut. Mais la réalité est qu’un travailleur peut attendre longtemps jusqu’à ce qu’on lui attribue un shift et commence alors avec les tâches les plus pénibles. Ces conditions de travail précaires s’appellent « Gig Economy » : l’employé doit toujours être à disposition mais n’est que rémunéré s’il est contacté pour une offre de travail.

Conditions précaires de travail

Les travailleurs n’ont pas d’indemnité journalière de maladie ou d’accident, ni d’assurance, malgré des conditions assez dangereuses dans le domaine des coursières à vélo. Les coursières sont toujours contrôlées par une application mobile, elles sont obligées de trouver la voie la plus rapide possible en violant parfois les règles de la route. En tant que collaborateur et collaboratrice  indépendant-e, on peut être licencié-e à tout moment, sans raison et sans délai. Les salariés qui travaillent dans la sharing economy n’ont aucune sécurité et il est souvent impossible d’arriver à un salaire qui couvre le minimum vital.

Grèves chez Deliveroo

Mais les travailleurs et travailleuses dans toute l’Europe, comme par exemple en Angleterre, Allemagne et Belgique sont en train de lutter contre ces conditions de travail précaire. Au début de cette année, les travailleurs et travailleuses belges de l’entreprise internationale « Deliveroo » se sont mis en grève après avoir été obligés de passer sous le statut d’indépendant, alors que, selon le syndicat, un coursier gagne 360 euros par mois en moyenne, ce qui qu’est une somme insuffisante pour rencontrer les obligations d’un indépendant. Et les luttes vont continuer avec plusieurs manifestations et pétitions.

Les luttes en Suisse

Mais aussi en Suisse on est en train de lutter contre les conditions précaires de ce genre de travail. Les chauffeurs de la société de transport Pégase Léman et StarLimLuxe (deux compagnies travaillant pour Uber) se sont mis en grève en décembre 2017. Les conditions de travail pour les chauffeurs à Genève étaient inacceptables : les salaires étaient payés en retard (et qui plus est, étaient nettement inférieurs aux 3000 francs contractuellement convenus), les horaires de travail dépassaient souvent les 45 heures par semaine et les cotisations sociales n’étaient pas payées. Une délégation de grévistes soutenus par Unia a revendiqué auprès de la direction d’Uber à Genève une adaptation des contrats des chauffeurs par les entreprises, une affiliation des employés auprès des assurances sociales et le payement des salaires en retard et de toutes les heures travaillées. Mais parce que les chauffeurs ne sont pas reconnus comme des employé-e-s, Uber a pu contourner ses obligations légales concernant les conditions de travail pour ses chauffeurs et chauffeuses.

A Berne, les coursiers à vélo ont exigé que Notime accepte une convention collective et des dédommagements rétroactifs et ont mené une contestation quand ils n’ont pas reçu une réponse de Notime. Grâce à leur action dans la rue ils ont réussi à améliorer leur statut et à être employés par l’entreprise Notime. Ils vont donc recevoir des prestations sociales.

Finalement, le mouvement de la « sharing economy » est utilisé par la bourgeoisie, sous couvert d’aider les gens à s’entraider comme Uber, Deliveroo et Notime, pour encore une fois attaquer les conditions de travail et agrandir l’exploitation des gens. Mais les gens ont une capacité de résistance impressionnante. Et l’exemple de Notime montre : celui qui lutte peut gagner !

Sereina Weber
ASEMA