Plus de 100 jours se sont écoulés depuis la victoire du réactionnaire de droite Ivan Duque aux élections présidentielles colombiennes. La nomination d’Alberto Carrasquilla – le Chicago Boy du pays – au poste de ministre de l’Économie, a montré très clairement dès le début que toute une série d’attaques se met en place contre la classe ouvrière colombienne.
Après 20 ans d’attaques de la part des gouvernements de droite, la situation dans le système éducatif public a atteint un point de rupture. En réponse, les étudiants organisent des mobilisations de masse depuis deux mois, avec des centaines de milliers de personnes dans la rue. On estime que la manifestation du 10 octobre dernier a rassemblé 300’000 étudiants à l’échelle nationale, dont au moins 100’000 dans la capitale Bogotá.
Les protestations se sont heurtées à une répression policière accrue et à la brutalité étatique. Une campagne médiatique massive a tenté de faire passer les étudiants pour des vandales, lançant des cocktails Molotov sur la police. Et tandis que la presse capitaliste est occupée à diffamer les étudiants, les réseaux sociaux sont remplis d’images qui prouve la violence généralisée de la part de la police anti-émeute, ainsi que l’infiltration policière dans les mobilisations d’étudiants pour inciter à la violence.
Duque, quant à lui, n’est pas du tout intéressé à répondre aux demandes des étudiants, refusant même de se réunir avec les dirigeants du mouvement.
Les travailleurs attaqués
Dans un même temps, le gouvernement a annoncé un nouveau plan fiscal qui frappera plus durement les pauvres et la classe ouvrière. Afin de réduire le déficit budgétaire et de faciliter de nouvelles réductions d’impôts pour les grandes entreprises, le gouvernement a annoncé une augmentation de la TVA sur les produits alimentaires nécessaires de 0 % à 19 %. Cela mettra en danger la sécurité alimentaire d’une grande partie de la population.
Ces mesures s’ajoutent à la hausse du prix de l’essence, ce qui a suscité une énorme indignation du public, poussant la classe ouvrière organisée à l’action.
Le 15 novembre, le plus grand syndicat du pays – la CUT, qui représente 700’000 travailleurs – s’est joint aux étudiants pour leur dernière manifestation. Et récemment les organisations étudiantes et les grands syndicats (comme la FECODE, qui représente 280’000 enseignants, et la CUT) se sont rencontrés pour organiser une mobilisation de masse le 28 novembre. De plus en plus de voix réclament une grève générale de 24 heures le 13 décembre.
En ce moment, les étudiants et les travailleurs sont sur la défensive, se battant pour contrer les attaques de Duque contre l’éducation et le plan fiscal du gouvernement respectivement.
Mais même ces exigences défensives et limitées en matière d’éducation et de fiscalité vont contre les intérêts de la classe dirigeante, qui est déterminée à réduire le budget des services publics tout en aggravant les conditions de vie afin d’accroître les profits des grandes entreprises.
Passer à l’offensive
Les étudiants impliqués dans les grandes assemblées étudiantes de l’Universidad Nacional (la plus grande et la plus prestigieuse université publique du pays) sont témoins de l’évolution de l’ambiance parmi les travailleurs et les étudiants, qui devient de plus en plus militante chaque jour. À travers les expériences de lutte, de plus en plus de militants de la base voient le besoin d’une alternative révolutionnaire.
Dans ces situations critiques, chaque moment représente une opportunité décisive. Selon un sondage Invamer, le taux d’approbation de Duque diminue rapidement, passant de 53 % en septembre à 27 % en novembre dernier. Le moment est venu pour les travailleurs et les étudiants de passer à l’offensive.
Pour ce faire, le mouvement étudiant et la classe ouvrière organisée doivent lutter ensemble et faire le lien entre les revendications étudiantes et la lutte contre la hausse de la TVA et du prix du gaz.
Il faut le dire clairement et fortement : la lutte pour l’éducation publique et des bonnes conditions de vie doit être une lutte contre le système capitaliste. C’est ce qui peut unir les luttes des travailleurs et les étudiants.
Contre le gouvernement Duque ! Étudiants et travailleurs : unissez-vous et luttez !
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