La guerre en Ukraine se poursuit. Le sommet de Trump en Alaska n’a rien réglé. Alors, quels sont les intérêts des belligérants – et comment ce conflit pourra-t-il s’achever ?
Une guerre sanglante ravage l’Ukraine depuis 2022, et depuis longtemps déjà, les positions se sont enlisées, réduisant le conflit à une bataille de petites localités et des attaques massives de drones, tandis que l’armée russe avance lentement.
Personne ne conteste plus ce qui était clair dès le départ : il s’agit d’une guerre entre l’impérialisme russe et l’impérialisme américain, avec les Européens à la remorque. L’impérialisme occidental voulait affaiblir la Russie. Il a échoué. L’OTAN encaisse une défaite cinglante.
Pourtant, l’UE n’est pas prête à se remettre en question. Au contraire : les réactions se limitent à une propagande de guerre toujours plus hystérique et agressive. Que Merz ou Macron achètent encore des systèmes d’armes américains pour l’Ukraine n’a aucune importance. Les guerres ne se décident pas par l’indignation morale, mais militairement ou politiquement, par la chute d’un gouvernement. Et cette fois, c’est Poutine qui dictera les conditions.
Si l’on en croit la presse bourgeoise, la Russie serait depuis des années au bord de l’effondrement. Mais la propagande ne change rien aux faits. Elle ne fait que décrédibiliser les gouvernements et médias qui la répètent mécaniquement.
Aujourd’hui, la Russie produit presque tout son matériel militaire en plus grande quantité que l’Occident, y compris les drones, acteurs principaux de ce conflit. De même, les sanctions occidentales ont échoué, l’économie russe est aujourd’hui bien plus robuste que celle de l’Occident. Les sanctions des membres de l’UE n’ont été qu’une série d’auto-goals, plongeant l’Union dans la crise.
À l’industrie d’armement s’ajoute le nombre de soldats. Tandis que l’Ukraine doit recourir à l’enrôlement forcé, la Russie n’a pas de tels problèmes. Le service militaire est bien rémunéré et volontaire.
De plus, la Russie est loin d’être aussi isolée que le prétendent volontiers les porte-parole libéraux. En effet, le camp de la Russie et de la Chine s’est élargi, isolant plutôt l’UE, les pays d’Amérique du Nord et leur éternel complice sanguinaire, Israël.
Poutine n’a donc aucune raison de signer un accord de paix. Les lignes de défense construites avec l’aide de l’OTAN dans l’est de l’Ukraine s’usent et ne peuvent pas être remplacées. Une percée russe n’est qu’une question de temps.
Une guerre met toujours en lumière les véritables rapports de force. Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, il est évident que, si l’impérialisme américain reste l’acteur le plus puissant de la planète, il n’est plus en mesure de dominer le monde à lui seul.
Le « America First » de Trump implique un repli relatif sur ses zones d’influence. C’est pourquoi il veut mettre fin au plus vite à la coûteuse guerre en Ukraine.
Il n’y a plus de place dans le nouvel ordre mondial pour le continent européen, composé de puissances lilliputiennes en comparaison. Les impérialistes européens sont les grands perdants, relégués au passé. Mais bien sûr, Macron, Starmer, Merz et Von der Leyen ne veulent pas l’admettre. Ils bombent le torse et proclament une « coalition des volontaires ». Mais avec quelles forces peuvent-ils espérer se dresser face à Poutine ? La question reste entière. Quand récemment un essaim de drones de reconnaissance non armés a pénétré dans l’espace aérien de l’OTAN en Pologne, leur incapacité à se défendre est apparue au grand jour.
Tandis que Washington se tourne déjà vers le Pacifique et prépare la confrontation avec la Chine, les Européens restent seuls à s’accrocher à l’Ukraine. Leur calcul cynique : gagner du temps, se réarmer, et tenter un jour de défier Poutine par leurs propres moyens.
Militairement, l’Ukraine est au bord de l’effondrement. Les livraisons d’armes ne représentent plus qu’une fraction de ce qu’elles étaient au début de la guerre. L’Occident manque déjà d’armes pour lui-même.
À cela s’ajoute l’aggravation de la situation interne. En juillet, il y a eu des manifestations contre la tentative de Zelensky de dissoudre l’agence anticorruption. Les conflits se multiplient au sein du régime, mais personne ne veut assumer la responsabilité de la fin de la guerre. Parallèlement, les sondages montrent qu’à peine un quart de la population ukrainienne soutient encore la poursuite de la guerre.
Cette tension ne pourra pas durer. Elle doit éclater tôt ou tard sous la forme d’une explosion sociale.
Cette guerre est réactionnaire du début à la fin. Qu’il s’agisse de l’impérialisme russe, américain ou européen, ils sont tous ennemis de la classe ouvrière.Toute illusion dans les impérialistes se paie au prix fort. La seule force qui puisse mettre fin à cette guerre et qui ait un réel intérêt à la paix, c’est la classe ouvrière internationale. Notre solidarité internationale signifie renverser les capitalistes dans chaque pays, à commencer par le nôtre. La lutte de la classe ouvrière doit se tourner contre les fauteurs de guerre de notre propre pays. Ce n’est pas avec nos gouvernements et nos capitalistes, mais contre eux que nous devons lutter pour mettre fin à la guerre en Ukraine, en Palestine, au Soudan, au Congo et partout ailleurs.
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