42 millions de tonnes de gravats, sous lesquels se cachent encore 30’000 engins explosifs intacts: voilà le résultat après plus d’un an de bombardement de la bande de gaza. Selon les estimations, le nombre de morts s’étend à 186’000 (Lancet Studies). À cela s’ajoutent 345’000 personnes à Gaza qui risquent de mourir de faim (ONU). Il faudra des générations pour reconstruire les moyens de subsistance et traiter le traumatisme psychique collectif.
Et ce n’est pas tout. Le 18 mars, Netanyahou a rompu la trêve avec le Hamas. Depuis, l’horreur recommence : extension de l’offensive terrestre, plans de déplacement et restriction de l’envoi d’aide humanitaire. En bref, Israël tient en otage les 2,1 millions de Palestiniens de la bande de Gaza, soi-disant dans le but de libérer les otages israéliens et de détruire le Hamas. Toutefois, la réalité prouve le contraire : la jeunesse palestinienne s’est massivement radicalisée et les rangs du Hamas se remplissent à nouveau. « Dans cette situation, le Hamas se rétablit plus vite que la vitesse à laquelle Tsahal ne peut le détruire », a déclaré Amir Avivi, un ex-général de brigade israélien (WSJ).
La vérité est simple : les Palestiniens lutteront tant qu’ils seront opprimés et persécutés en tant que peuple. Depuis la trahison de l’OLP/Fatah envers les Palestiniens, le Hamas canalise cette résistance. Pour les impérialistes, ce phénomène n’est pas nouveau : toutes les « guerres contre le terrorisme » de ces 20 dernières années se sont toujours soldées par le renforcement de ces mêmes groupes.
Alors, à quoi sert cette guerre?
« Netanyahou a un intérêt personnel à ce que la guerre se poursuive », a déclaré Itamar Yaar, ex-chef du Conseil de sécurité nationale israélien. L’interruption de la trêve par Netanyahou a coïncidé avec sa comparution devant le tribunal pour des accusations de corruption. Et déjà avant le 7 octobre, Netanyahou était en proie à une crise de confiance en sa politique : un énorme mouvement de protestation divisait le pays. Ce n’est qu’en s’appuyant de plus en plus sur des fanatiques d’extrême droite qu’il s’est maintenu au pouvoir et hors d’une cellule de prison.
Seule la guerre contre le Hamas, puis contre le Hezbollah au Liban, a permis à Netanyahou de souffler un peu. Il a ainsi pu rassembler la population juive derrière lui et détourner l’attention des problèmes causés par sa politique intérieure. La trêve de janvier, à laquelle Trump a contraint Netanyahou, a immédiatement entraîné l’éclatement de la coalition gouvernementale avec des extrémistes de droite comme Ben-Gwir et Smotrich. Avec cette guerre, ces fanatiques veulent, faire avancer le projet sioniste vers son achèvement : le nettoyage ethnique de la population palestinienne.
En prenant Gaza et en donnant le feu vert aux colons fanatiques pour leurs pogroms en Cisjordanie – avec l’accord de Trump, notons-le – Netanyahou abandonne tout semblant d’autonomie palestinienne. Israël et les États-Unis sont manifestement d’accord pour dire que la perspective d’une solution à deux États, c’est-à-dire l’autodétermination des Palestiniens à disposer de leur propre État, appartient à l’histoire.
Mais dans le même temps, les contradictions politiques en Israël s’aggravent et le mensonge des sionistes selon lequel cette guerre a pour but d’assurer la sécurité des Juifs est mis à nu. La classe dirigeante israélienne poursuit une politique de colonisation des terres palestiniennes toujours plus importante et alimente un état de conflit permanent. De cette manière, ils n’ont pas créé un havre de paix pour les Juifs en Israël. Au contraire, ils leur ont tendu un piège, et ils en profitent pour maintenir leur propre domination, leurs privilèges et leurs profits.
Alors même qu’ils parlent de paix, les États-Unis arment Israël jusqu’aux dents. Au total, le gouvernement américain a dépensé 17,9 milliards de dollars en aide militaire à Israël entre octobre 2023 et octobre 2024. Et Trump ne se contente pas non plus de donner à Netanyahou de l’argent et des armes pour raser Gaza : les États-Unis bombardent également les territoires des Houthis au Yémen.
Les gouvernements occidentaux défendent Israël de manière inconditionnelle. Alors qu’ils brandissent le droit de défense des nations opprimées lorsqu’il s’agit de l’Ukraine, ils imposent un silence collectif sur le génocide des Palestiniens. Ces soi-disant démocraties occidentales ont interdit les manifestations l’année dernière et ont tout fait pour diffamer toute protestation en l’assimilant à de l’antisémitisme. La raison derrière ces mesures est simple : Israël est le principal poste avancé de l’impérialisme occidental au Proche-Orient. Ce sont les intérêts des ces impérialistes qui déterminent ce qui est juste.
Pour les Palestiniens, il n’y a pas de solution sous le capitalisme. Leur seul allié est la classe ouvrière internationale. Seule une révolution socialiste dans toute la région et au-delà peut libérer les Palestiniens.
En Jordanie et en Égypte, la colère contre le génocide et le soutien des gouvernements locaux à Israël bouillonne. Le régime égyptien ne peut se maintenir à flot qu’au prix d’une répression extrême et d’une campagne de calomnies. Un mouvement de masse dans l’un de ces pays changerait brusquement la situation des Palestiniens, qui semble désespérée.
Une fédération socialiste du Moyen-Orient pourrait permettre à tous les peuples et à toutes les religions de bien vivre ensemble. Notre tâche est de lutter contre les mensonges et contre notre classe dirigeante afin d’ouvrir la voie à cette possibilité !
Moyen-orient — de Olivia Eschmann, Berne — 03. 05. 2025
Suisse — de la rédaction — 30. 04. 2025
Europe — de Zvonko Dan - Revolucionarni Komunistički Savez - Section Yougoslave de l’ICR. — 27. 04. 2025
Histoire — de Michael Wepf, Bâle — 26. 04. 2025