Donald Trump ne cesse de jouer un rôle d’accélérateur de la crise capitaliste. Avec l’escalade de la guerre commerciale lors du « Liberation Day », il verse de l’huile sur un feu déjà très vif.
Avec 10 % de droits de douane minimum sur toutes les importations, 145 % sur la Chine (!) et bien d’autres, la moyenne des droits de douane américains est désormais de 30 % – le niveau le plus élevé depuis 100 ans, plus élevé même que dans les années 1930.
Les guerres commerciales conduisent inévitablement à une spirale infernale. Les États-Unis et la Chine se tirent mutuellement vers le bas. Pour compenser l’effondrement du marché américain, la Chine exportera davantage vers l’Europe. L’UE devra se protéger d’elle par des droits de douane. Chaque État-nation tente de freiner son propre déclin au détriment de ses concurrents – et aggrave ainsi la crise mondiale. Cela fait grimper l’inflation et met en danger la fragile économie mondiale. Au final, c’est la classe ouvrière en paye le prix.
Les politiciens libéraux et les soi-disant experts en économie rejettent le protectionnisme comme une simple stupidité de Trump. Mais Trump n’a pas inventé la guerre commerciale – Biden et Obama ont eux aussi misé sur des mesures protectionnistes. En temps de crise, la guerre économique devient une nécessité capitaliste : les marchés mondiaux sont saturés, chaque État-nation tente d’exporter sa crise. Trump ne fait qu’élever cette guerre à un niveau supérieur.
La profondeur et l’étendue exactes des répercussions sont incertaines – mais il est clair que la fin de 80 ans d’interdépendance commerciale va ébranler l’économie mondiale.
C’est la fin d’une époque. Il n’y aura pas de retour en arrière. La mondialisation et l’ordre mondial libéral de l’après-guerre sont morts. Le marché « libre » a échoué. Le capitalisme se trouve dans une impasse.
La menace de Trump d’imposer des droits de douane de 31 % sur les produits suisses le montre : La Suisse ne peut pas y échapper. Elle est hautement intégrée dans l’économie mondiale. Avec la fin de l’ordre d’après-guerre, c’est aussi la base de la stabilité relative du capitalisme suisse qui s’effondre. En Suisse, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée dans la période à venir.
Mais les capitalistes suisses sont loin d’être de pauvres victimes. Ils savent exactement sur qui ils vont se décharger de la crise : sur la classe ouvrière. Le président du PLR Burkart exprime ce que toute la classe dirigeante prévoit : « Si nos exportations deviennent plus chères, nous devrons réduire les coûts chez nous ». Il ne faut pas être devin pour comprendre qu’ils entendent par là des attaques contre les conditions de travail et de vie des salariés.
Trump est un ennemi de la classe ouvrière, mais l’ennemi principal des travailleurs suisses sont les capitalistes suisses. Avec ou sans Trump, ils économisent depuis des années et des décennies dans la santé, l’éducation et les autres budgets sociaux. Ils empochent chaque année des dividendes records, alors que les salaires sont dévorés par l’inflation. Ils n’hésiteront pas à jeter les travailleurs et les jeunes sous les roues de la crise qui s’annonce.
Dans la crise capitaliste, la classe ouvrière n’a rien à gagner, si ce n’est en luttant contre les capitalistes. Telle devrait être la réponse véhémente du mouvement ouvrier : Nous ne paierons pas votre crise !
Au lieu de cela, la direction du PS, le parti traditionnel de la classe ouvrière suisse, exige du Conseil fédéral qu’il « montre enfin ce qu’il a dans le ventre et se joigne aux contre-mesures de l’UE (contre Trump) ». Mais les guerres commerciales sont une forme de guerre entre les prédateurs impérialistes du monde.
En imposant des contre-taxes, la classe capitaliste européenne ne défend pas les emplois, mais ses profits – et ce, à son tour, aux dépens de la concurrence et de la classe ouvrière américaines. Nous ne pouvons pas combattre Trump ni défendre les conditions de vie de la classe ouvrière suisse en soutenant la classe capitaliste européenne et suisse dans sa lutte pour les profits.
C’est parce que la gauche s’aligne sur les bourgeois « libéraux » au lieu de proposer une véritable alternative à la politique de crise capitaliste que des personnages comme Trump ont pu devenir populaires avec leur fausse alternative.
Pour la classe ouvrière, la question centrale n’est pas « ordre mondial libéral ou protectionnisme ? » – les deux la mènent à sa perte. Celui qui veut la fin de la guerre, des crises et de l’austérité doit s’organiser autour d’un programme de rupture avec tout ce système en décomposition. Le capitalisme est pourri jusqu’à la moelle et ne peut pas être réformé. Il doit être renversé par la classe ouvrière internationale.
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