Le génocide à Gaza se poursuit. Netanyahu annonce qu’il durera jusqu’en 2025 et que la guerre pourrait même s’étendre au Liban.
Sans la participation directe des états occidentaux, cette campagne brutale ne fonctionnerait pas un seul jour de plus. En Suisse aussi, le monstre de l’impérialisme israélien a ses complices. Le Conseil fédéral, les grandes entreprises, les médias ainsi que les rectorats des universités et des écoles soutiennent ces crimes.
Depuis des mois, des millions de personnes manifestent dans le monde entier contre cette horreur. En Suisse, des centaines et des milliers de personnes sont descendues dans la rue presque chaque semaine. Mais ces protestations n’ont rien changé à la position d’Israël et des gouvernements occidentaux.
Avec les occupations d’universités, la jeunesse a prouvé qu’elle a compris instinctivement : si les dirigeants ne veulent pas écouter – alors nous devons les forcer à écouter ! C’était un pas en avant pour l’ensemble du mouvement ! Cependant, les occupations étaient majoritairement courtes et de petite taille. Il n’y avait pas de clarté sur le programme politique, sur les méthodes de lutte et sur la nécessité d’étendre le mouvement. Cela a permis aux rectorats de dissoudre les occupations, si nécessaire par la force policière.
Pendant les vacances d’été, le mouvement palestinien s’est ralenti. Mais cela ne signifie en aucun cas que les jeunes et les travailleurs ne veulent plus s’engager aux côtés des Palestiniens. Au contraire, la réalité de cette guerre unilatérale fait grandir l’opposition au génocide au sein de la population.
Depuis dix mois, tous ceux qui s’expriment en faveur des Palestiniens sont systématiquement calomniés et qualifiés d’« antisémites » et de « terroristes ». Ces accusations ridicules sont uniquement destinées à masquer la position complètement intenable de la classe dirigeante – la défense d’un génocide.
Cet abus hypocrite de l’argument massue de « l’antisémitisme » perd de son efficacité. Si l’on parle avec des collègues, si l’on regarde les réseaux sociaux ou les colonnes de commentaires des articles de journaux, on voit qu’aujourd’hui, l’état d’esprit de la population et tout particulièrement de la jeunesse ne correspond plus à la position belliciste du gouvernement, de ses agences de presse et de ses rectorats.
Cet automne, nous avons la possibilité de faire passer le mouvement à un niveau supérieur. Des centaines de milliers d’élèves et d’étudiants affluent dans les écoles et les universités. Beaucoup d’entre eux sont révoltés par l’oppression infâme que subissent les Palestiniens. Des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes seraient prêtes à se battre maintenant pour que le massacre s’arrête – à condition qu’une voie convaincante soit proposée pour s’imposer contre la machine de guerre israélienne et l’impérialisme.
Nous devons comprendre que seul un véritable mouvement de masse peut mettre les impérialistes à genoux. Un tel mouvement ne naît pas du jour au lendemain. Mais nous pouvons et devons en poser la fondation aujourd’hui.
C’est pourquoi les communistes proposent la mise en place de comités pour une grève dans les écoles et les universités contre le génocide et l’impérialisme.
Une mobilisation massive de la jeunesse peut être l’impulsion qui entraînera de plus grandes parties de la classe ouvrière dans la lutte. C’est-à-dire la classe qui a réellement le pouvoir de rompre une fois pour toutes avec l’impérialisme et l’oppression, en transformant fondamentalement la société.
Tu peux en prendre la responsabilité dès maintenant ! Le point de départ est la création d’un comité dans ton école. Dans de tels comités s’organisent tous ceux qui veulent agir activement. Au sein du comité, nous nous armons d’arguments politiques pour pouvoir convaincre nos prochains camarades d’études. Tous sont responsables : comment agrandir le comité, le mobiliser pour une plus grande assemblée et finalement pour une grève ?
Il est évident qu’un long chemin nous attend. Mais les impérialistes n’arrêteront pas d’eux-mêmes de produire la guerre et la misère. C’est pourquoi nous entamons la lutte dès maintenant, dans le cadre de la campagne mondiale « Lutte contre l’impérialisme et la guerre ! Travailleurs de tous les pays, unissez-vous ! » de l’Internationale Communiste Révolutionnaire. Personne ne se chargera de cette tâche à notre place, alors construis un comité dès maintenant !
Dans les écoles et dans les médias, les crimes commis par l’armée israélienne sont honteusement passés sous silence. Notre première tâche est donc d’exposer la situation : en octobre, 2,3 millions de Palestiniens vivaient dans la bande de Gaza. Depuis lors, environ 186 000 d’entre eux ont été tués et 1,9 million de personnes déplacées. Selon l’ONU, l’ensemble de la population palestinienne vit dans l’insécurité alimentaire, dont 600’000 dans une situation de faim extrême.
Et ce n’est pas tout : pour la Cisjordanie, le ministre des Finances Smotrich a un plan d’« annexion silencieuse ». Et au nord, Netanyahou et l’armée se préparent à une extension de la guerre au sud du Liban. Le ministre de la Défense Gallant prévient que l’armée israélienne aurait les moyens de « ramener le Liban à l’âge de pierre ». Ainsi, alors que l’oppression barbare des Palestiniens se poursuit, une guerre impérialiste majeure menace le Proche-Orient avec la participation de l’Iran, de la Russie et surtout des États-Unis.
Et de tout cela, on n’en souffle pas un mot dans nos écoles ?! La raison en est simple : les atrocités du régime israélien ne seraient pas possibles sans le soutien de l’impérialisme occidental. L’OTAN, avec les États-Unis à sa tête, finance et arme le génocide israélien. Israël est le seul allié fiable de l’Occident au Proche-Orient. C’est précisément à l’époque des conflits croissants entre la Chine, la Russie et les États-Unis que la région, et donc Israël, revêtent une importance capitale pour les États-Unis.
Les dirigeants occidentaux ne font pas la guerre pour la « démocratie », mais pour des zones d’influence, des matières premières et des profits. Pour cela, ils sont prêts à marcher sur des centaines de milliers de cadavres et à mener des centaines de milliers de guerres.
Les dix derniers mois l’ont clairement montré : lorsqu’il s’agit pour les impérialistes de s’adonner au pillage, aucun capitaliste ni aucune nation impérialiste ne changera de position à cause de pressions « diplomatiques ».
Ainsi, toute tentative de mettre fin à la guerre par le biais des « institutions internationales » a également échoué. Qu’est-il advenu des dizaines de résolutions adoptées par l’ONU au cours des 76 dernières années ? Quelle est la conséquence pratique de la condamnation d’Israël devant la Cour internationale des droits de l’homme ? Rien. Rien du tout.
Il devient de plus en plus évident qu’il n’y a pas de solution pour les Palestiniens sur une base capitaliste. La seule façon de mettre fin au massacre est une révolution. Ce n’est pas une utopie communiste. Un potentiel révolutionnaire bouillonne véritablement dans la région. Dans les pays arabes en particulier, Gaza peut devenir l’étincelle d’une nouvelle révolution. En Egypte et en Jordanie, par exemple, les masses sont confrontées à des régimes qui s’agenouillent servilement devant l’impérialisme occidental.
Le renversement de ces régimes fantoches et l’expropriation des capitalistes seraient le point de départ potentiel pour une fédération socialiste volontaire du Moyen-Orient. C’est la seule voie possible pour la libération des Palestiniens. C’est la seule façon pour tous les peuples de la région de construire ensemble une vie libérée de l’oppression et de l’exploitation.
La chose la plus importante que nous puissions faire en Suisse contre le génocide est de dénoncer et de combattre le soutien de notre propre classe dirigeante à la guerre. L’ennemi principal se trouve dans notre propre pays.
Le Conseil fédéral, les médias et les écoles tentent de présenter la Suisse comme « neutre » et « humanitaire ». Un mensonge éhonté ! La « neutralité suisse » a toujours été une couverture pour faire des affaires avec tous les prédateurs du monde à l’ombre des grandes puissances. Mais aujourd’hui – en période de tensions géopolitiques croissantes et de formation de blocs impérialistes – cette couverture est attaquée de toute part. La guerre en Ukraine, provoquée et alimentée par les États-Unis, est soutenue avec enthousiasme par le Conseil fédéral.
Il en va de même à Gaza, où le Conseil fédéral a soutenu sans condition pendant des mois « le droit d’Israël à l’autodéfense » – c’est-à-dire le droit d’Israël au génocide. L’impérialisme suisse a les deux pieds dans le camp de l’OTAN.
Aujourd’hui, le Conseil fédéral tente de se poser en défenseur des droits de l’homme dans le « processus de paix » de l’ONU. Après les dix derniers mois, il s’agit dans le meilleur des cas d’une hypocrisie grossière. Dans le pire des cas, Cassis et consorts jouent le rôle de feuille de vigne pacifiste de l’OTAN. Pendant qu’ils dissertent sur le « droit international » et la « solution à deux États », la barbarie se poursuit à Gaza.
Le Conseil fédéral n’agit pas par méchanceté ou par idiotie. En soutenant Israël dans sa guerre, il défend les intérêts des capitalistes suisses. Les pays de l’OTAN sont les partenaires économiques décisifs des capitalistes suisses. Les États-Unis et l’UE représentent plus de 70% du volume total des échanges commerciaux de la Suisse.
À cela s’ajoute le fait qu’Israël est lui-même un bon débouché pour les capitalistes suisses. La Suisse est le quatrième pays (après les États-Unis, l’Allemagne et la Chine) auquel Israël achète le plus de biens et de services. La plupart des exportations proviennent de l’industrie pharmaceutique – mais d’autres grands groupes comme Syngenta ou Nestlé ont également des affaires importantes en Israël. Une fois de plus, les banques sont avides des profits les plus sanglants : l’UBS a augmenté ses investissements dans Elbit Systems – le plus grand groupe d’armement israélien – de quelque 875% au premier trimestre 2024.
Voilà les forces qui dictent la politique étrangère de la Suisse. Pour les profits d’une infime minorité – les grandes entreprises parasitaires et les banques – le gouvernement est prêt à soutenir un génocide. Marx et Engels déclaraient : « Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière. » (Manifeste du parti communiste).
Ce qui se passe maintenant est une mise à nu massive de la démocratie bourgeoise. Israël, célébré pendant des années par les médias et les politiques suisses comme « la seule démocratie du Proche-Orient », viole le droit international au vu et au su de tous. En Suisse, le régime « démocratique » impose les intérêts d’une minuscule élite. Et là où des jeunes manifestent pacifiquement contre la guerre et le génocide, l’État intervient avec une répression impitoyable. La démocratie n’est garantie que tant que les intérêts de la classe dirigeante ne sont pas remis en question. En Suisse aussi, la démocratie tant vantée se révèle être la dictature des impérialistes.
Les impérialistes contrôlent la politique parce qu’ils sont la classe dominante et possédante. De l’autre côté se trouve la classe ouvrière, l’écrasante majorité de la population. Elle n’a aucun intérêt au génocide et à l’impérialisme. Par la grève, la classe ouvrière a le pouvoir d’arrêter la machine à profit et la machine de guerre. Elle est la force sociale capable de renverser les capitalistes.
C’est pourquoi nous, communistes, disons : expropriation des profiteurs de guerre ! Expropriation des grands groupes et en particulier des banques ! Planification démocratique de l’économie – pour une société planifiée en fonction des besoins et non des profits !
Les tentacules des impérialistes s’étendent profondément dans le système éducatif. Pendant des mois, la situation en Palestine n’a tout simplement pas été discutée dans les salles de classe et les amphithéâtres. Et lorsque c’était le cas, c’était généralement pour faire de la propagande de guerre pro-israélienne.
Nous devons comprendre que les universités et les écoles ne sont pas des institutions neutres. Le programme scolaire passe systématiquement sous silence et ment sur la véritable nature de l’impérialisme suisse. Au lieu de cela, le conte de fées de la Suisse neutre et humanitaire est cultivé avec acharnement. Le rôle des universités est de produire des idées – les idées de la classe dirigeante. Dans les écoles, on enseigne des idées – les idées de la classe dirigeante.
Mais les tentacules impérialistes vont encore plus loin. Plusieurs universités suisses ont des projets de recherche avec l’armée israélienne ou américaine. En outre, l’armée suisse a ce qu’on appelle des coopérations avec les universités. Des cadres militaires sont par exemple formés à l’université de Lucerne.
Enfin, les grands groupes ont directement leur mot à dire dans les universités. La pharma, Nestlé, UBS, Syngenta et bien d’autres sponsorisent des chaires entières. Au total, la plupart des universités suisses sont financées entre 20% et 40% par ce que l’on appelle des « tiers », c’est-à-dire des capitalistes et leurs associations. Et chaque travailleur sait que celui qui paie commande !
La part de financement capitaliste direct augmente depuis des années. La raison en est que les universités manquent d’argent en raison de décennies de mesures d’austérité. Mais la politique d’austérité dans l’éducation est loin d’être terminée, bien au contraire. Les prochaines coupes sont préparées par la Confédération et les cantons. La crise du capitalisme est reportée sur les travailleurs et les jeunes.
Au lieu d’allouer plus aux universités, le Conseil fédéral des impérialistes veut se lancer dans la course internationale au réarmement. Au cours des prochaines années, dix milliards supplémentaires devraient être dépensés pour l’armée. Cela correspond à une augmentation de 25% des dépenses militaires.
Pour les capitalistes et leur Conseil fédéral, les guerres et les profits sont donc plus importants que l’éducation et la santé ! D’une part, la pénurie d’enseignants s’aggrave et la qualité de l’enseignement scolaire continue de baisser. D’autre part, les impérialistes doivent continuer à faire de gros profits, à contrôler l’éducation et à précipiter des peuples entiers dans l’abîme de la guerre.
Les capitalistes mènent la lutte des classes par le haut. Ceux qui soutiennent la guerre d’Israël, c’est-à-dire aussi ceux qui calomnient, divisent et répriment la solidarité avec la Palestine, sont les mêmes que ceux qui attaquent les conditions de vie de l’ensemble de la classe ouvrière.
C’est pourquoi les communistes disent : débarrassons l’école de l’impérialisme ! Nous devons y mettre à nu les mensonges et la propagande du programme scolaire, des recteurs et des professeurs. Nous exigeons avec véhémence que les crimes commis à Gaza soient discutés dans les salles de classe et les amphithéâtres. Pour la liberté d’expression dans les écoles, les universités et partout ailleurs !
Nous demandons que pas un centime, pas une balle et pas la moindre manipulation de l’opinion ne soutiennent la machine de guerre israélienne !
Pour des livres plutôt que des bombes ! Contre l’armement, contre les mesures d’austérité – pour des investissements massifs dans l’éducation et les services publics !
Enfin, les élèves, les étudiants et les travailleurs doivent appliquer un contrôle démocratique sur les écoles et les universités. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons bannir l’impérialisme de l’éducation. Nous pourrons alors diffuser la vérité sur le génocide et l’impérialisme à partir des écoles et des universités.
Le meilleur moyen d’y parvenir est de mettre en place cet automne des comités pour une grève des écoles et des universités contre le génocide et l’impérialisme. Participe dès maintenant !
Tu peux lutter ici et maintenant contre le génocide et la guerre. En tant qu’étudiants et travailleurs en Occident, nous avons un rôle crucial à jouer dans la lutte contre l’impérialisme. Si nous faisons la grève des écoles, nous montrerons que ce sont en réalité les capitalistes et leur gouvernement qui sont les seuls à soutenir la guerre. Si nous étendons le mouvement à la classe ouvrière, nous pouvons frapper les complices impérialistes où ça fait mal – dans leurs profits. Et si nous étendons le mouvement au-delà des frontières, nous pouvons ébranler le monde impérialiste tout entier et arrêter la machine de guerre israélienne !
Mouvement ouvrier — de Martin Kohler, Bern — 10. 10. 2024