L’État israélien mène une guerre contre tout un peuple. Il est couvert par l’impérialisme occidental, y compris la Suisse. Seule une description s’applique à l’État suisse et aux médias de ce pays : ils sont complices des crimes de guerre d’Israël.
Depuis près de deux semaines, l’armée israélienne bombarde la zone densément peuplée de Gaza. Rien à voir avec des bombardements de précision. Des quartiers entiers et des résidences sont rasés. Israël a déjà tué des milliers de civils palestiniens et utilise également des bombes au phosphore.
Avant même la terrible attaque contre l’hôpital Al-Ahli al-Arabi mardi, Israël avait déjà bombardé 17 hôpitaux et institutions de santé.
Israël a déclaré l’état de siège à Gaza et a coupé l’approvisionnement en eau, nourriture, médicaments et carburant à toute la population. Plus de deux millions de Gazaouis sont pris collectivement en otage.
La population de Gaza est chassée comme des animaux à travers la bande de Gaza – sous la menace qu’ils seront eux-mêmes responsables de leur mort s’ils ne fuient pas immédiatement vers le sud. La semaine dernière déjà, selon l’ONU, un quart de la population totale de Gaza était en fuite.
Ce dernier chapitre de la répression violente d’Israël contre le peuple palestinien a clairement les traits d’un génocide.
Depuis des années, les dirigeants du régime israélien parlent d’une nouvelle Nakba : l’expulsion et l’extermination du peuple palestinien. Sous nos yeux, ils mettent précisément ces plans à exécution.
Ils n’essaient même pas de les dissimuler. Les plus hauts fonctionnaires du gouvernement et de l’armée israéliens sont clairs dans leur langage et dans la déclaration de leurs objectifs : il s’agit de se venger de l’ensemble du peuple palestinien.
Ce sont les États impérialistes occidentaux et leurs médias qui tentent de cacher ces faits et d’en minimiser l’importance.
État et médias suisses sont complices
Nous devons le dire clairement : sans le soutien actif de l’impérialisme occidental – y compris la Suisse ! – ces crimes de guerre de la plus haute importance n’auraient jamais été possibles.
Toutes ces prétentions à la «neutralité » sont une mauvaise blague. La classe capitaliste au pouvoir en Suisse est entièrement du côté de l’impérialisme israélien.
Alors que le drapeau de l’État sioniste d’Israël est projeté sur les bâtiments publics, les manifestations et actions de solidarité avec la Palestine sont réprimées.
Il existe un profond sentiment de solidarité avec la Palestine au sein de la population. Mais la classe dirigeante tente d’étouffer dans l’œuf toute expression de ce sentiment par la répression.
État, politiciens et médias travaillent depuis près de deux semaines à légitimer la « vengeance » d’Israël. Dès le début de cette dernière explosion du conflit , les politiciens bourgeois ont parlé du « droit à l’autodéfense » d’Israël. La guerre d’Israël est présentée comme une réaction justifiée à l’attaque du Hamas.
De manière scandaleuse, les partis de gauche ont eux aussi complètement cédé aux pressions de l’impérialisme occidental. Ils condamnent de manière moraliste la « violence des deux côtés ». Mais lorsqu’un puissant État impérialiste bombarde un peuple opprimé, cette condamnation uniforme des deux côtés ne signifie en fait
qu’une chose : soutenir le côté de l’oppresseur.
De l’Autriche à la Suisse, en passant par la France et la Grande-Bretagne – dans tous les pays impérialistes occidentaux, c’est la même histoire : Dans les médias, tous ceux qui osent – comme nous, les communistes, le faisons – prendre position pour la Palestine, sont calomniés : on dit qu’ils sont « pro-Hamas », qu’ils « glorifient la violence », qu’ils sont « antisémites ». C’est ainsi que les médias tentent de délégitimer toute forme de solidarité avec le peuple palestinien.
Ils ont contribué à créer dans l’opinion publique le climat qui a permis à l’État israélien de passer à l’acte ; de chasser et menacer d’exterminer le peuple palestinien.
Comme il sera de moins en moins possible de cacher l’ampleur, l’objectif et les méthodes de la guerre d’Israël, quelques voix discrètes s’élèveront dans les médias et sur la scène politique. Ils diront qu’Israël va peut-être quand même un peu trop loin.
Ce sera de l’hypocrisie, venant de ces mêmes médias et de ces mêmes personnes qui ont activement contribué à justifier la vengeance sanglante d’Israël avec leurs commentaires hystériques sur la terreur du Hamas, complètement sortie de son contexte historique.
La classe capitaliste suisse et ses médias sont complices du meurtre du peuple palestinien. Il s’agit d’hypocrisie pure lorsque ces personnes accusent qui que ce soit d’attiser la violence.
Répression des droits fondamentaux
Entre-temps, ils ont interdit jusqu’à nouvel ordre toutes les manifestations et tous les rassemblements en solidarité avec la Palestine en Suisse alémanique. L’interdiction vient, comme nous l’ont dit littéralement les policiers responsables locaux eux-mêmes, « de tout en haut ».
Il s’agit là d’une attaque intolérable contre la liberté de rassemblement. Les justifications présentées publiquement sont cousues de fil blanc et débordent de cynisme. Le directeur de la sécurité de Berne, Nause, se cache derrière l’argument que des manifestations sportives auront lieu ce week-end !
Il n’est pas nécessaire d’être communiste pour comprendre le caractère insoutenable de cette argumentation. Il n’existe aucune base légale pour interdire les manifestations. Les Juristes démocrates de Suisse expliquent : « Les interdictions de manifester annoncées sont en contradiction avec les principes démocratiques et de l’État de droit et ne peuvent être justifiées ».
Si les grandes organisations traditionnelles de la classe ouvrière, le PS et les syndicats, prenaient clairement position pour le peuple palestinien et mobilisaient les masses, l’État bourgeois ne serait jamais en position d’imposer sa répression sous cette forme.
Aujourd’hui, quiconque descend dans la rue avec une pancarte « Free Palestine » est immédiatement contrôlé par la police. Des activistes de notre organisation sont interceptés par la police, fouillés et notre matériel politique est confisqué.
Devant le collège Kirchenfeld à Berne, une discussion sur la situation en Palestine devait avoir lieu sur un terrain public. Avant même que la discussion ne puisse avoir lieu, le groupe a été expulsé par la police. Toute activité en rapport avec la Palestine serait pour l’instant interdite afin de garantir la sécurité publique.
Nous posons la question : quel danger un groupe de collégiens représente-t-il pour la sécurité publique ?
Toute voix qui s’exprime de manière critique à l’égard de l’État israélien est réprimée. Des doctorants en sciences sociales de l’université de Bâle avaient publié cette semaine une déclaration en solidarité avec la Palestine. Entre-temps, cette déclaration n’est plus disponible sur le site Internet de l’université.
Comme nous, les communistes, exprimons avec véhémence notre soutien au peuple palestinien, nous sommes maintenant attaqués de manière ciblée. Ils tentent d’empêcher nos activités, qu’elles soient liées à la Palestine ou non. Depuis la semaine dernière, des salles nous sont systématiquement retirées dans toute la Suisse alémanique. Dans certaines villes, les universités tentent désormais d’interdire les associations d’étudiants marxistes.
La Suisse revendique fièrement d’être le pays le plus démocratique du monde. Les deux dernières semaines ont montré le vrai visage de leur « démocratie ». La liberté de rassemblement et d’expression reste valable aussi longtemps que personne ne s’exprime trop bruyamment contre les intérêts des riches et des puissants. C’est la « démocratie » des impérialistes, des banques et des entreprises.
La répression envers la solidarité avec la Palestine est clairement politique. Le gouvernement ne craint pas les débordements ou la violence envers les citoyens civils. Il a peur d’un mouvement des masses de la classe ouvrière et de la jeunesse qui pourrait mettre en danger son soutien à l’impérialisme israélien.
Quel est notre crime ?
En quoi consiste notre crime, qui entraîne cette répression de l’État et des médias ?
Tout simplement d’avoir osé dire la vérité et de s’être rangés du côté des opprimés.
Depuis 75 ans, le peuple palestinien est chassé de sa patrie, de ses maisons, assassiné, réduit à la pauvreté et à un statut semblable à celui d’un peuple d’esclaves. Le droit démocratique à l’autodétermination nationale est systématiquement retiré au peuple palestinien. Gaza est décrite par les organisations humanitaires comme « la plus grande prison à ciel ouvert du monde ».
Ces derniers mois, sous le gouvernement de Netanyahu, la violence des colons d’ultra-droite a augmenté de manière exponentielle en Cisjordanie et dans les districts palestiniens de Jérusalem-Est, alimentée par l’impunité garantie de facto et la complicité ouverte ou dissimulée de l’armée israélienne.
Toute tentative de résistance de la jeunesse palestinienne à l’occupation a été réprimée avec une violence meurtrière par l’armée israélienne. Et maintenant, l’État israélien prend l’attaque du Hamas comme modèle pour mener son projet sioniste jusqu’à son terme le plus conséquent possible, à savoir l’expulsion et l’extermination du peuple palestinien.
Toute personne connaissant les faits et possédant un milligramme d’empathie doit se ranger du côté du peuple palestinien contre ses oppresseurs. En tant que communistes, nous sommes toujours et dans tous les cas du côté des opprimés de ce monde, jamais du côté des riches et puissants.
Mais il s’avère que cette vérité n’est pas compatible avec les intérêts de la classe dirigeante suisse. Et la pression venant de cette classe s’exprime par les voies les plus diverses.
A Zurich, nos camarades étudiants se sont vus retirer leurs locaux par l’université, sous prétexte que nous faisions appel à la violence. La « preuve » ? Nos affiches portent les slogans « Solidarité avec la Palestine : intifada jusqu’à la victoire ! »
L’université de Zurich considère que ce message n’est pas compatible avec sa position et sa revendication de « débat démocratique ». Mais celui qui se place sur la base de la démocratie ne peut se taire face aux violations systématiques et de longue date des droits de l’homme par Israël !
Une intifada est un soulèvement de masse d’un peuple opprimé. La traduction littérale de ce terme est « secouer ». Ce mot a une longue histoire, liée à la lutte des opprimés, notamment en Palestine. Il incarne l’idée d’un mouvement de tout un peuple. Son caractère populaire a conduit dans le passé – voir la première Intifada de 1987 – à des grèves générales et à la désobéissance civile.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a récemment exprimé sa haine envers les masses palestiniennes en déclarant : « Nous nous battons contre des animaux humains et nous agissons en conséquence ».
Le droit à l’autodéfense de tout peuple traité de cette manière est inscrit dans le droit international. Le droit de lutter contre l’impérialisme et l’oppression coloniale est un pilier de la dignité humaine.
Compte tenu de ces faits, derrière les arguments des impérialistes en faveur de la « démocratie » et contre la « violence » se cache une attaque moralement et juridiquement intenable contre nos droits démocratiques fondamentaux de liberté d’expression et de réunion.
Nous pensons qu’il est du devoir de tout démocrate conséquent de défendre le droit démocratique de la Palestine à l’autodétermination nationale. Cela inclut également le droit de résister à l’occupation israélienne, à son colonialisme et à sa vengeance brutale.
Et c’est le devoir de tout démocrate conséquent en Suisse de se défendre contre ces attaques contre nos droits démocratiques fondamentaux.
Dans les jours et les semaines à venir, l’ampleur de la barbarie à Gaza rendra de plus en plus intenable le maintien des mensonges et distorsions impérialistes. Dans les pays du Proche-Orient, nous voyons déjà des manifestations de masse contre l’État israélien et sa guerre.
La solidarité avec la Palestine ne fera que croître au sein de la classe ouvrière et de la jeunesse suisses. Elle cherchera à s’exprimer, que la classe dirigeante le veuille ou non.
Nous sommes du bon côté.
Que pouvons-nous faire ?
Cette répression ne nous rend pas du tout pessimistes. L’expérience de 300 communistes actifs en Suisse a prouvé ces derniers jours à quel point le sentiment de solidarité avec la Palestine est grand parmi la classe ouvrière et dans la jeunesse. Nous constatons tout d’abord une immense gratitude lorsqu’elles peuvent enfin parler avec des personnes qui défendent ouvertement et courageusement la Palestine.
Au moment même où l’on écrit ces lignes, une autre petite anecdote, parmi des centaines d’autres, parvient à la rédaction : « Nous étions dans le train avec des pancartes en solidarité avec la Palestine. Lorsque les contrôleurs se sont approchés, nous avons commencé à sortir nos abonnements. Quand ils ont vu nos pancartes, ils nous ont arrêtés et ont dit qu’ils ne nous contrôleraient pas. Cela montre l’énorme sentiment de solidarité ! »
Nous refusons de céder face à leur tentative de répression. Ils essaient de nous intimider pour que nous restions chez nous. Nous allons riposter deux fois, trois fois.
Nous continuerons à descendre dans la rue tous les jours, nous distribuerons des tracts et nous nous tiendrons debout avec des pancartes « Free Palestine ». Nous continuerons à organiser des rassemblements partout où nous le pourrons. Nous faisons des pétitions pour recueillir des signatures dans les universités et les écoles contre les attaques contre notre liberté d’expression et d’association, et donc pour la Palestine.
Nous appelons toutes les personnes solidaires avec peuple palestinien à sortir de leur isolement! S’ils tentent de disperser nos rassemblements, nous devons d’autant plus être visibles et audibles là où nous sommes dans notre quotidien : dans nos entreprises, dans nos salles de classe, dans le tram et le bus, dans notre quartier.
Ils peuvent essayer de faire taire certaines de nos voix. Mais même avec une répression dix fois plus forte, ils ne pourront pas réduire au silence des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes solidaires !
Il existe de nombreuses possibilités pour chacun d’entre nous de faire la différence dès maintenant. Inspire-toi des exemples d’en bas, agis et envoie-nous tes propres rapports à redaktion@derfunke.ch !
L’outil le plus important pour cela est notre dépliant. D’un côté, il explique la nature de ce conflit. D’autre part, il montre ce que nous pouvons faire en tant que communistes, ici et maintenant, pour libérer la Palestine. Prends le flyer, étudie-le, imprime-le, distribue-le, affiche-le et organise des discussions autour de son contenu et de ce que nous pouvons faire !
La chose la plus importante que nous montrons dans toutes ces actions, c’est que nous devons nous organiser ici en Suisse pour lutter contre notre propre classe dominante.
Les deux dernières semaines ont montré de manière éclatante de quel côté se trouvent ici les capitalistes, leur État et leurs médias : du côté de l’impérialisme israélien.
La lutte pour la libération de la Palestine signifie ici en Suisse la lutte de la classe ouvrière contre ses propres capitalistes, leurs banques et leurs multinationales, leurs médias et leur État.
En tant que communistes, nous luttons pour la révolution socialiste, qui expropriera les capitalistes et donnera le pouvoir à la classe ouvrière. C’est pourquoi la meilleure chose que nous puissions faire est de nous organiser en tant que communistes, ici et maintenant.
Mouvement ouvrier — de Martin Kohler, Bern — 10. 10. 2024