Les employés TPG, en dénonçant la dégradation de leurs conditions de travail, avaient annoncé une grève le 21 mars 2018. La direction avait bloqué cette initiative. Pour connaître les problèmes auquel le personnel est confronté, nous avons voulu interviewer une conductrice des TPG.
En 2014 les salariés des TPG était entrés en grève, pour répondre, entre autres, à la menace de licenciement et pour améliorer leurs conditions de travail. Aujourd’hui ces problèmes persistent. Martine Paccard travaille depuis 11 ans aux TPG. Elle fait partie des conducteurs qui travaillent à des horaires très irréguliers. Elle est également déléguée syndicale pour le SEV (syndicat du personnel des transports). En tant que déléguée elle discute régulièrement avec ces collègues des problèmes liés aux conditions de travail.
L’étincelle : Que veut dire être conductrice en voltige aux TPG ? Pourriez-vous décrire votre journée type ?
Martine Paccard :Je connais mes horaires que 4 jours à l’avance. Je travaille toujours 4 jours d’affilé et j’ai 2 jours de congé. Je peux travailler jusqu’à 1h30 et après mes jours de congé recommencer à 4h du matin. Ça décale complètement mon rythme. Organiser une vie sociale et familiale c’est assez dur. Être conductrice en voltige c’est imposé par la CCT. On peut aspirer à des horaires plus réguliers qu’après 5 ans de permanence. Je suis rentrée comme conductrice de bus, mais comme j’ai passé le permis de tram la seule place libre était en voltige. Après 5 ans j’ai essayé de postuler pour un poste avec des horaires réguliers mais il n’y a pas de place. C’est urgent de trouver une solution pour les horaires, c’est difficile à tenir. On est 370 voltigeurs sur 1200 conducteurs. Il y a un problème d’organisation. Il y a bien sûr des choses qui dépassent ce que peut faire l’entreprise, c’est des questions financières et politiques.
Pourriez-vous nous détailler le climat de travail au sein des TPG ?
Ça a toujours été assez tendu par rapport aux horaires voltigeurs. Pour tous les conducteurs, il y a toujours moins de stabilité dans les horaires. Avec les années, des problèmes de santé apparaissent. La direction revendique la sécurité. Ils nous disent de ne pas nous mettre en danger. Mais même si on est fatigué, on est obligés d’aller travailler.
Quelles étaient vos revendications qui ont motivé le dépôt du préavis de grève ?
Depuis la grève en 2014, on a négocié, mais les conditions de travail ne se sont pas améliorées. On n’a pas réussi à embaucher des conducteurs en plus sur le réseau pour pouvoir se reposer, faire des tours de véhicule et vérifier que tout soit en ordre. On a demandé une indexation des salaires à 1,1%. On a obtenu 0,5% mais qu’à partir de juillet. On avait demandé 120 nouvelles embauches, on en a obtenu une centaine mais sur 3 ans. On a demandé la mise à jour des TPG aux conventions nationales concernant le temps de repos et les vacances. On a obtenu un nouveau dépôt à Meyrin pour 2019, et un médecin du travail indépendant de l’entreprise.
Pourriez-vous revenir sur la grève échouée ? Que pensez-vous avec vos collègues de cette démarche ?
La CRCT a été saisie par la direction pour nous stopper dans le mouvement, nous avons essayés de trouver un terrain d’entente. Après 7 jours, on a sorti un projet d’accord, et on l’a présenté aux collègues. Même si le taux de participation était faible, le projet a été validé par les collègues. Pendant la négociation on ne pouvait pas prévenir les collègues. Les syndicats, après accord avec leurs membres, ont signé le projet, s’ils avaient refusé il y aurait eu grève. On avait un rapport de force énorme mais peut-être on n’a pas été assez fermes. Les collègues ne sont pas contents du résultat mais sur le moment ils n’ont pas voté. Ils se reposent beaucoup sur les syndicats, nous, on est là mais il faut l’union des collègues.
Etes-vous prêt à vous mobiliser si vos revendications ne sont pas satisfaites ? Peut-être une grève aurait mieux marché ?
On a beaucoup de promesses, si elles ne sont pas maintenues ça va partir en grève. On veut des meilleures conditions de travail et on veut réussir à arriver à la retraite. Faire confiance à la direction c’est difficile mais on continue la lutte. Ils nous disent qu’il n’y a pas d’argent mais si on avait fait pression au maximum ils l’auraient trouvé peut-être.
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