La grisaille de la journée du jeudi 15 octobre a été réchauffée par les vives couleurs de l’action collective. Les travailleurs de la fonction publique ont fait grève pour exiger le retrait de la réforme du budget cantonal 2021. Ils étaient au moins 6000 à occuper les rues de Genève.
La demi-journée de grève avait préalablement été votée lors de l’ Assemblée du personnel le 6 octobre. Jeudi, les manifestants se sont mobilisés pour lutter contre les coupes annoncées par le conseil d’Etat qui s’attaquent au personnel de l’Etat et aux secteurs subventionnés. Ces mesures, regroupées dans plusieurs projets de lois, prévoient d’appliquer sur 4 ans la réduction linéaire de tous les salaires de 1%, le blocage des annuités, une hausse de cotisations à la CPEG ainsi que le non-indexation du revenu durant cette période.
À l’université de Genève, la grève a débutée à 14h30 au site de Uni-Mail, où un groupe d’employés de l’Université et d’étudiants se sont retrouvés pour discuter des implications de ces coupes budgétaires. Le cortège s’est ensuite dirigé vers le site d’Uni Dufour afin de motiver les collègues de l’administration à se joindre aux mouvements. Dans le milieu académique, la diversité des formes contractuelles cachent mal la précarité du personnel ; 80% des employés ont des contrats à duré déterminés et seront durement impactés par les baisses de salaires. Pour les assistants, il s’agira d’une perte de l’ordre de 12’000.- en 4 ans.
Le groupe s’est ensuite dirigé vers la place de Neuve pour rejoindre les autres secteurs: travailleur.euses de la santé, enseignants, éducateurs, et bien d’autres étaient présents. Les interventions faites publiquement donnent le ton. Tous ces secteurs, systématiquement visés par les mesures d’austérité de l’Etat, dénoncent depuis des années la détérioration des conditions de travail et donc de la qualité des services fournis. Mais l’épidémie de Corona a encore dégradé leurs situations.
Pourtant, le conseil d’Etat se presse de faire porter le prix de la crise économique sur ceux qui étaient en première ligne pour combattre la crise sanitaire.
Les travailleur.euses ne sont pas crédules et les justifications mensongères du conseil d’Etat ne prennent pas; le projet annoncé de précarisation n’est pas un acte de solidarité envers le secteur privé où les licenciements explosent.
Au contraire, c’est une manière de préserver les intérêts des riches et des grandes entreprises (comme avec la RFFA) en faisant payer le prix à ceux qui sont pourtant essentiels au fonctionnement de la vie Genevoise.
Le cortège, ouvert par les héros en blouse blanche, a ensuite continué son défilé jusqu’à l’Esplanade de Saint-Antoine. Vers 18h, l’assemblée des participants a confirmé à l’unanimité une journée entière de grève et de mobilisation supplémentaire le 29 octobre 2020, si le conseil d’Etat ne retire pas son projet d’ici là.
Cette journée, placée sous le signe de la solidarité, a rappelée que le clivage entre salariés de l’Etat et du privé, n’a plus lieu d’être comme cela a été rappelé dans quelques interventions. Bien que ce clivage soit à cette occasion instrumentalisée par la bourgeoisie, la nécessité d’une classe travailleuse unie pour faire face à la déflagration d’attaques semble apparaître comme une évidence pour les manifestants.
Le courant marxiste « l’étincelle » a été présent le 15 et sera également là le 29 octobre aux côtés des fonctionnaires en lutte qui ramènent l’outil de la grève sur le devant de scène comme instrument de combat pour faire reculer les attaques de la bourgeoisie et passer à l’offensive.
Europe — de Emanuel Tomaselli, ICR Autriche — 16. 11. 2024
Amérique du nord — de la rédaction — 13. 11. 2024
Europe — de Jack Halinski-Fitzpatrick, marxist.com — 11. 11. 2024