Le personnel de la ville de Genève s’est mobilisé contre le projet de budget 2022 qui prévoit le gel des mécanismes salariaux et pour demander la cessation d’activité anticipée pour les métiers pénibles. Ces travailleurs, qui n’ont jamais arrêté de travailler tout au long de la pandémie, refusent de payer pour la crise. Nous publions ici un court rapport de la journée de grève à Genève du personnel de la fonction publique de la ville de Genève le 30 septembre.

Environ 700 employés communaux ont exprimé leur colère ce jeudi 30 septembre. Personnel de la voirie, jardiniers, personnel des musées, des bibliothèques et du Grand Théâtre, mais aussi pompiers et travailleurs sociaux et policiers municipaux ont protesté contre le projet de budget 2022. En effet, l’exécutif communal, majoritairement à gauche, compte réduire le poids du déficit budgétaire à travers le gel des mécanismes salariaux (prime d’ancienneté, augmentations annuelles de salaire, 13ème salaire progressif). En outre, le gouvernement n’a fait aucun pas en avant pour introduire la retraite anticipée pour les professions pénibles (aujourd’hui à 64 ans), ni pour le respect de la réduction de la durée de travail dès 57 ans (pourtant officiellement inscrite dans les statuts).

Des piquets de grève ont été organisés dès 6h du matin, sur quatre lieux principaux ainsi que sur des autres lieux décentralisés. Au piquet du personnel de la voirie l’ambiance était déterminée, ces travailleurs qu’exercent un métier particulièrement pénible (ramassage des déchets, balayage de la ville) sont venus nombreux. En discutant avec ces derniers, nous ressentons la forte cohésion qui existe entre eux, les anciens ont fait barrage pour protéger des représailles ceux qui ne bénéficient pas d’un contrat à durée indéterminée, nous apprenons aussi que le personnel pour bénéficier du 100 % du 13ème salaire nécessite de 11 ans d’activité. Un des travailleurs nous confie que la grève aurait eu un impact plus important si elle avait été faite le vendredi.

Au cortège le personnel de la voirie et jardiniers ont été le plus nombreux et déterminés. Au long du parcours manifestation on a pu voir des scènes de solidarité des passants, travailleurs et des jeunes avec des applaudissements. La manifestation s’est conclue par une assemblée générale qui a décidé le dépôt d’un nouveau préavis de grève le 11 novembre et la tenue d’une assemblée générale le 8 novembre pour confirmer ce préavis. Une intervention particulièrement combative d’un travailler de la voirie a fait en sorte que la possibilité d’une grève reconductible au 12 novembre soit votée.

La suite du mouvement semble dépendre des décisions du parlement et du gouvernement de la ville. En tant que marxistes nous exprimons notre solidarité inconditionnelle aux travailleurs en lutte. Cependant, il est important d’avoir une position correcte à l’égard du mouvement. Tout d’abord, les travailleurs de la ville de Genève montrent que la grève est possible. Les capitalistes et l’État veulent porter les coûts de la crise sur le dos des travailleurs – et à cela le personnel répond correctement : nous ne payons pas pour votre crise ! Nous constatons une fois de plus que « la gauche » au pouvoir préfère s’attaquer aux acquis des employés au lieu d’être de leur côté. Il s’agit maintenant de tirer les leçons des expériences de cette journée et de préparer une grève encore plus importante pour le 11 novembre. La prochaine assemblée générale devra décider de la poursuite de la grève. La continuation de la grève permettrait de faire asseoir les autorités à la table de négociations et de permettre aux travailleurs de dicter les temps au lieu d’attendre les décisions des politiciens. Enfin, la combativité des travailleurs dépasse fortement celle des structures syndicales. Les travailleurs sont prêts à aller plus loin – il faut les soutenir !

Pour une analyse plus approfondie : ici l’article sur les mobilisations du service public l’année dernière.