Les employés du monde aéroportuaire sont exposés à la surexploitation, aux abus et à des risques sanitaires. La crise du coronavirus a mis en lumière leurs conditions terribles d’exploitation qui informe d’un éveil de la lutte des classes dans le secteur.
Au moment où le Conseil fédéral annonce la fermeture de pratiquement tous les commerces et rassemblements de gens dans le but de freiner la propagation du nouveau coronavirus, les aéroports dont celui de Genève continuent de fonctionner normalement. La propagation du virus est particulièrement dangereuse en milieu aéroportuaire étant donné l’énorme concentration de gens d’origine diverses. Ces derniers jours, la concentration de gens a dépassé de très loin les limitations recommandées. Les salariés du secteur ainsi que les passagers sont particulièrement exposés.
Toutefois, les mesures de protection sanitaire pour les travailleurs restent assez pauvres. Il n’y a pas de fournissement de masques ni de gants et la distribution de désinfectants est assez récente. Ceux qui souhaitent obtenir des masques ou des gants (alors que l’aéroport en a en stock) doivent les payer de leur poche. Quelques secteurs ont réussi à en obtenir mais c’est uniquement suite à des plaintes et actions collectives. De plus, lorsque nous exprimons notre sentiment d’insécurité, la réponse des chefs est que nous devons pas nous sentir obligés de venir travailler. Néanmoins, si un salarié ne se présente pas, il n’est pas payé puisqu’il n’y a aucune assurance en cas de perte de travail, ce qui pousse de nombreux collègues à prendre individuellement le risques de venir travailler malgré tout en s’exposant au virus. L’incompréhension et la colère se répand parmi les salariés qui se sentent abandonnés surtout au moment où le Conseil fédéral prévoit des fonds pour rassurer la bourgeoisie face aux pertes de bénéfices. Les travailleurs eux ne voient aucun fond alloué pour couvrir leurs pertes. Encore une fois, ils restent à la queue des priorités de l’Etat suisse.
Précarité des conditions de travail
La pandémie actuelle n’a fait que mettre en lumière la précarité des conditions de travail des salariés du secteur. Les grandes compagnies commerciales aériennes et les aéroports encaissent chaque année des millions de francs de profits. Mais la recette pour dégager autant de profits se trouve dans une surexploitation de la main d’oeuvre à des contrats de misère. Pour illustrer, l’Aéroport de Genève a reçu l’année dernière plus de 17 millions de voyageurs. N’importe quelle personne se rendant dans la minuscule aérogare en hiver ou été peut témoigner des interminables files d’attentes à l’enregistrement, au contrôle de sûreté ou encore au contrôle de passeport où les passagers sont entassés comme du bétail. Pour faire face à ce trafic disproportionné, on mise sur une concurrence acharnée des opérateurs vers plus de rendement. Ceci se traduit concrètement par des compagnies low-cost qui embauchent des jeunes étudiants à des salaires assez bas malgré la multiplicité des tâches exigées et l’intensité du travail (des statistiques internes sont faites sur le temps que met un agent à enregistrer un passager). Ou encore des agences de placement qui multiplient les contrats sur appel (notamment parmi les bagagistes) et même la sécurité de l’aéroport pratique l’externalisation vers des compagnies privées. On exige de plus en plus des salariés, mais l’augmentation de salaire ne suit pas l’augmentation des tâches ni de stress. La colère et l’indignation s’accumulent depuis des années mais la crise du coronavirus a marqué un saut qualitatif dans la conscience des travailleurs. Une volonté de changement se répand massivement parmi eux.
L’action collective est la clé
De nombreux collègues se demandent à présent que faire pour affronter cette crise face au mépris de l’Etat et des entreprises. Des discussions sur les conditions de travail étaient présentes déjà avant notamment à cause de la pression et stress de la saison d’hiver. Mais maintenant ces discussions se sont multipliées dans le lieu de travail comme sur les réseaux sociaux. Beaucoup doutent fortement que des solutions viendront de la bonne volonté des patrons qui jusqu’à présent ne se sont nullement inquiété de nos conditions précaires qui en sont la source de leurs profits juteux. Il devient donc clair que seule une lutte collective et organisée des employés nous fera obtenir des gains. Nous avons réussi à obtenir déjà des masques et des gants mais seulement par l’action collective. Mais nous sommes conscients qu’il faut aller plus loin, que la lutte doit s’étendre à tous les secteurs, pour des meilleures conditions, pour la fin des contrats précaires et la garantie des salaires. L’aéroport et les compagnies ont fait des profits énormes ces dernières années, c’est à eux de payer!
Juan C.
employé à l’Aéroport de Genève
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