Les 5 et 12 décembre 2019, les membres de la fonction publique genevoise ont manifesté contre le budget cantonal 2020. Ils se sont soulevés contre la suppression de 412 postes prévus pour soulager différents services. Pour défendre les attaques contre les travailleurs du service public et la population, il n’y a pas d’autre solution que de s’ancrer dans les entreprises et élargir les luttes !
Cela fait maintenant cinq ans que chaque année, l’adoption du budget cantonal provoque de plus en plus de réactions. Pour cause, les attaques récurrentes contre les services publics. Cette année, après la votation fédérale de la RFFA, cette ligne d’austérité est renforcée. Avec la baisse d’impôts des entreprises engendrée par cette dernière réforme fiscale, le canton doit compenser et taille dans les services publics, déjà cruellement dans le besoin pour la plupart d’entre eux.
Exemple avec les 412 postes promis, qui seront finalement coupés par décision de la majorité de droite du parlement genevois. C’est un coup extrêmement dur notamment pour le département de l’instruction publique, pour qui la moitié de ces emplois auraient dû être créés. Les enseignant-e-s syndiqué-e-s ont pourtant dénoncé les conséquences d’un tel statu quo dans les écoles : des élèves en surnombre pour des enseignant-e-s surchargés pour en dire le moins. Le retrait de ces emplois signifie priver toute la population d’un système éducatif de qualité. Leur création n’aurait donc pas été un investissement supplémentaire généreux de la part du canton, mais une nécessité pour assurer la survie de ces services.
Or cette situation n’est pas un cas uniquement genevois ; tous les cantons suisses sont touchés plus ou moins fortement par les mesures d’austérité. Si ces dernières sont mises en œuvre de manière ponctuelle et volontairement isolément, elles font bien partie d’une même réaction contre les effets de la crise. On peut le faire remonter à 2008, début d’une crise organique du capitalisme, à cause de laquelle tous les pays se sont retrouvés en concurrence accrue pour assurer les profits des entreprises et ont dû réduire par conséquent les impôts de ces dernières. Les cantons suisses sont alors contraints pareillement de baisser leurs dépenses dans le secteur public pour compenser.
Aujourd’hui, ces coupes en tranches s’accumulent et une reprise économique ne se profile pas. Les conditions de vie et de travail suisses se précarisent. Les conséquences de la crise, dix ans après son début, commencent à être visible pour de plus en plus de gens et la grande majorité de la fonction publique. Ce sont toujours plus d’attaques dans des secteurs aussi primordiaux que l’éducation, la santé et le filet social qui attendent la population suisse. Comment agir dans une telle situation ?
Le succès mitigé des manifestations de décembre (environ 1’700 manifestants en tout), organisées par le syndicat des services publics genevois (SSP) démontre que ces protestations symboliques ne suffisent pas pour contrer les décisions politiques. Le syndicat a eu un exemple de mobilisation victorieuse en 2015, lorsque les travailleurs-euses avaient montré comment défendre efficacement les prestations sociales par des mobilisations massives et sept jours de grève, qui dépassait la fonction publique. Cette expérience très encourageante n’a pourtant pas été utilisée par les syndicats pour s’ancrer plus dans la fonction publique et surtout dans d’autres secteurs.
Aujourd’hui la faiblesse de leur ancrage et l’absence de lutte de long terme freinent les mouvements. Lors de l’AG de la fonction publique en décembre, constatant leur nombre plutôt faible, les travailleurs-euses ont préféré se mobiliser pour sauver les annuités des fonctionnaires plutôt que de contester activement tout le budget. Passé les deux manifestations effectivement peu fructueuses, le thème du budget n’est même plus abordé par le syndicat. Pour briser ce scénario qui se répète chaque année, il est nécessaire que les syndicats se basent sur l’expérience de 2015 pour augmenter leur ancrage avec un programme radical contre l’austérité et ainsi orienter leur stratégie vers une lutte politique plus élargie, c’est à dire une grève illimitée. Le rôle objectif des syndicats reste celui de défendre les travailleurs-euses contre les attaques économiques, dont font partie les mesures d’austérité imposées par les gouvernements. Nous n’avons pas à payer pour la crise !
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