Au cours des 15 dernières années, les initiatives xénophobes de l’UDC ont toujours été l’un des points les plus importants de la radicalisation en Suisse. C’est de nouveau le cas actuellement, où l’initiative pour l’autodétermination soulève des questions politiques pour de nombreuses personnes, en particulier les jeunes. Ils cherchent des réponses radicales sur la manière de combattre la crise des réfugiés, le racisme et l’UDC elle-même. Les dirigeants du PS et de la JS opposent à l’UDC les « droits humains » et « l’Etat de droit ». Par leur vision abstraite et dénuée de sens des droits humains, ils soutiennent un système qui n’a jamais été aussi incapable de tenir ses grandes promesses d’égalité et d’humanité.
Égalité formelle et réalité capitaliste
Les droits humains sont étroitement liés à la montée de la classe bourgeoise et à sa lutte contre le vieux monde féodal. Mais nous, les marxistes, avons toujours été à l’avant-plan en faveur de droits humains. Déjà dans le manifeste communiste, les réalisations de la révolution bourgeoise (l’abolition de l’ordre féodal, l’Etat centralisé, le droit de vote, etc.) ont été soulignées, et depuis lors nous avons toujours lutté avec véhémence pour les droits des minorités, la décolonisation ou le suffrage des femmes. Mais nous nous opposons fermement à l’idéalisation qui consisterait à faire des droits humains, de la représentation que l’on a, les seuls défenseurs de la morale et de la justice sociale. Car nous reconnaissons leurs limites étroites. Ce sont les limites du système capitaliste lui-même.
Le capitalisme et les droits humains promettent l’égalité pour tous. Mais il s’agit d’une égalité superficielle, purement formelle : la réalité de la grande majorité des gens dans le capitalisme est marquée par de profondes inégalités. L’égalité juridique ne change rien au fait que la société capitaliste est divisée en classes. Il est vrai que les droits humains donnent à chacun le droit à la liberté d’opinion, à l’éducation ou à un procès équitable. Pourtant, l’exercice effectif de ces droits dépend de la disponibilité ou non de l’argent nécessaire. Et il est bien connu que dans le capitalisme, l’argent est extrêmement rare pour la grande majorité des gens. En résumé : dans le système actuel, les droits humains sont au mieux un bel idéal, mais un idéal irréalisable. Dans le pire des cas, il s’agit d’un voilage conscient de l’injustice criante et de l’exploitation du capitalisme.
Crise et absence de la gauche
Cela vaut en particulier pour la situation de crise actuelle. Le niveau de vie de la classe ouvrière stagne également en Suisse, voire se détériore depuis plus de dix ans. Cela signifie aussi que le fossé entre l’égalité formelle et la dure inégalité réelle s’élargit et, surtout, qu’il devient plus flagrant. Le capitalisme et son idéologie libérale de l’État de droit et des droits humains universels sont de moins en moins capables de tenir leurs promesses.
Les partis établis qui représentent le statu quo perdent de plus en plus la confiance des salariés dans ces conditions. L’absence totale d’une gauche combative permet à l’UDC de jouer le rôle d’un parti d’opposition et d’utiliser sa politique de bouc émissaire raciste pour donner de fausses réponses. C’est également ainsi que l’initiative pour l’autodétermination doit être comprise. Elle a été lancée comme un cheval de guerre démagogique avant les dernières élections nationales. En réalité, l’UDC tente bien sûr de détourner l’attention de sa politique au service des patrons et des riches (réduction des impôts pour les grandes entreprises, relèvement de l’âge de la retraite, etc.) Mais cela ne reste pas sans réaction : de nombreuses personnes sont outrées par la politique asociale de l’UDC, manifestent ouvertement leur solidarité avec les opprimés et les discriminés et veulent lutter contre l’UDC.
Les droits humains sont une question de classe !
Le comportement des dirigeants du PS et de la JS dans cette situation est politiquement incorrecte. Tout d’abord, dans la lutte électorale actuelle, le PS et la JS ne diffèrent guère des organisations ouvertement bourgeoises et pro-capitalistes telles que le PLR, le PDC, foraus ou l’Opération Libero. Pourquoi les jeunes qui se radicalisent devraient-ils trouver les réponses à leurs questions dans le socialisme alors que les mêmes réponses existent chez les libéraux ?
Les arguments sociaux-démocrates sur les droits humains n’ont aucun caractère social, c’est-à-dire de classe. Si nous voulons représenter les intérêts des salariés et des jeunes, nous ne devons pas nous contenter d’une égalité purement formelle sur le papier. Pour la majorité de la population, les « droits humains » sont utiles lorsqu’ils deviennent tangibles et s’expriment dans de bonnes conditions de vie.
En tant que socialistes, nous luttons quotidiennement pour que les réfugiés obtiennent un logement décent, pour que nous, les jeunes et les salariés, puissions réellement exercer notre droit au travail, notre droit au logement ou notre droit à l’éducation. Mais il faut nous battre pour ces conditions de vie. Et les capitalistes devraient payer pour ça !
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