La lutte contre le budget cantonal genevois 2020 est lancée: Plus de 1000 manifestants ont voté en faveur d’un rejet de la proposition de la commission des finances et sont prêts à faire recours “aux moyens de luttes nécessaires” pour y parvenir.
(Image: Cartel Intersyndical de la fonction publique et le secteur subventionné)
Ce jeudi 5 décembre 2019 avait lieu la manifestation de la fonction publique contre le budget 2020 à Genève. Suite à l’appel du Cartel intersyndical, environ 1000 manifestants se sont réunis à la place de Neuve puis ont défilé jusqu’à l’Hôtel de ville. Leurs revendications sont de deux ordres : maintenir les 412 postes qui avaient été promis par l’État de Genève et le dégel des annuités. À la fin du cortège les représentants syndicaux ont proposé de voter pour la demande de rejet du budget 2020 par le Grand Conseil ainsi que de reconduire la manifestation jeudi prochain dans le cas échéant et de faire recours “aux moyens de luttes nécessaires”. Les deux propositions ont été acceptées avec un enthousiasme considérable par les salarié-e-s de la fonction publique présent-e-s.
Les coupes dans le budget 2020 ne sont pas le fruit du hasard. Elles interviennent quelques mois après la votation de la RFFA qui a créé des pertes de revenus énormes pour l’État. La lutte contre l’austérité qui sévit depuis des années ne se cantonne pas aux fonctionnaires de Genève. Ailleurs en Suisse et dans le monde, les acquis sociaux sont attaqués dans l’objectif de diminuer les taux d’imposition des entreprises et des riches dans un contexte de crise économique mondiale. C’est dans ce contexte qu’avait lieu le même jour en France une grève de grande ampleur pour protester contre la réforme des retraites prévues par Macron.
Les mesures d’austérité ne découlent donc pas en premier lieu de “prises de décisions dogmatiques” mais de la nécessité pour les capitalistes de répercuter la crise sur le dos de la population. Face à cette lutte de classes par le haut les travailleuses et travailleurs doivent s’unir afin de créer le rapport de force nécessaire pour, dans un premier temps, assurer les acquis sociaux bénéfiques à l’immense majorité. La mobilisation de jeudi marque un premier pas important dans cette direction.
Pour la suite de notre opposition, décidée par les manifestant-e-s, il est crucial d’apprendre des anciennes luttes et notamment du mouvement de 2015 qui avait vu une dizaine de milliers de grévistes se mobiliser pendant plus d’une semaine contre une diminution de 5 % de la masse salariale. On a pu observer à cette occasion que seule une grève prolongée peut faire plier (temporairement en l’occurrence) les partis gouvernementaux responsables des mesures d’austérité.
À la différence du mouvement de 2015, celui de cette année ne concerne pas directement tous les secteurs de la fonction publiques. La stratégie bourgeoise vise à passer par des attaques plus ciblées afin de réduire le risque d’une opposition généralisée comme il y a 4 ans. Pour nous il doit être clair: La suppression des 412 postes en question (principalement dans l’enseignement et l’aide aux adultes) n’est pas une attaque isolée mais s’inscrit dans une suite de mesures d’austérité dans tous les secteurs. En effet, nombre de fonctionnaires provenant d’autres secteurs s’étaient mobilisés pour soutenir les collègues concernés et pour combattre cette logique d’austérité. À cause des attaques des dernières années, les raisons pour faire grèves sont multiples dans de plus en plus de secteurs.
C’est aux syndicats de démontrer la nécessité commune de la bourgeoisie à ces différentes attaques. Ils doivent mettre en avant un programme anti-austérité englobant tous les services publiques pour que le potentiel de convergence puisse se réaliser. La “mesure de lutte” votée le 5 décembre ne doit pas rester vague, mais exprimée de manière claire: Seule une grève permet de changer le rapport de force de manière continue en faveur de notre classe. C’est la seule manière de défendre les services sociaux desquels dépendent non seulement les fonctionnaires mais la grande majorité de la population.
L’étincelle soutient pleinement le mouvement. Nous faisons appel à toutes et tous les salarié-e-s et jeunes de montrer notre désaccord avec le budget 2020 en nous rassemblant jeudi prochain aux côtés des fonctionnaires. Nous devons ensuite soutenir le projet d’une grève reconductible dès jeudi prochain en cas de refus de revoir le budget. Les fonctionnaires en France nous montrent le chemin: Plus d’un quart parmi eux se sont mis en grève poursuivie au niveau national avec comme but de faire plier le gouvernement de Macron. La mobilisation à Genève peut être le point de départ d’une offensive contre les mesures d’austérité imposées depuis des années dans le canton et doit s’inscrire dans un combat contre les logiques capitalistes qui régissent l’État bourgeois.
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