Depuis sa déposition l’été dernier, l’«initiative pour l’avenir» de la JS a provoqué une véritable hystérie chez les bourgeois. L’initiative demande que les héritages de plus de 50 millions de francs soient imposés à 50 % afin d’utiliser cet argent pour lutter contre la crise climatique de manière socialement équitable. Le message est simple et correct : la politique climatique bourgeoise est une impasse. Et pour lutter efficacement contre la crise climatique, nous devons faire passer les responsables – les capitalistes – à la caisse. Comment l’initiative peut-elle y contribuer ?
Des milliardaires de l’UDC jusqu’à Spuhler et Blocher, en passant par le PLR et Economiesuisse, des cris d’orfraie se sont élevés depuis l’été dernier au sujet de la prétendue « initiative pour l’expropriation ». Le projet de la JS a manifestement touché un point sensible. C’est pourquoi, si l’initiative venait à passer, les milliardaires menacent de quitter le pays pour échapper à l’impôt. «Des plans concrets sont discutés entre nous, les personnes concernées», déclare Imark, le conseiller national libéral. Les capitalistes promettent donc déjà de ne pas respecter un vote populaire qui irait à l’encontre de leurs intérêts.
Ceux qui croient encore que la démocratie suisse fonctionne dans l’intérêt de tous sont ramenés à la réalité par le Conseil fédéral lui-même : le gouvernement promet de ne pas lever le petit doigt pour empêcher l’évasion fiscale des plus riches. Au contraire : pour compenser la perte de recettes fiscales, la Confédération annonce encore plus de mesures d’austérité.
C’est ainsi que la classe dirigeante se démasque elle-même. Et puisque, pour une fois, ils sont honnêtes, écoutons attentivement et prenons au sérieux ce qu’ils disent ! Jamais les capitalistes ne feront passer notre avenir sur cette planète avant leurs biens. L’initiative de la JS concerne la base de leur pouvoir : leur propriété. Pour les capitalistes, il s’agit donc d’une question de principe et non de détails de mise en œuvre.
Jamais l’État « démocratique » ne mettra en œuvre une telle initiative. Des impôts bas et des droits de propriété intangibles constituent un avantage fiscal décisif pour la classe dirigeante suisse. Les actionnaires, les banques, les centrales des grandes entreprises et leurs laquais dans l’administration et la politique en dépendent complètement. Aucun conseiller fédéral n’abattra cette vache sacrée, à moins qu’il soit prêt à passer par la révolution socialiste.
La « transformation sociale et écologique de l’ensemble de l’économie » exigée dans le texte de l’initiative ne peut donc pas être atteinte par le biais d’une votation. La plupart des militants le savent et voient dans l’initiative une chance d’expliquer publiquement comment nous pouvons avoir un « avenir ». Sur ce point, la JUSO a soulevé à juste titre la question de classe, mais seulement à moitié.
Oui, les capitalistes sont responsables du changement climatique et leur richesse est la clé de la solution. Mais l’initiative fait comme si l’État bourgeois pouvait mettre en place la nouvelle économie écologique, si seulement les riches étaient enfin taxés. Cela alimente de dangereuses illusions dans l’État et dans le fait qu’un capitalisme vert serait possible. Au lieu de dévoiler les bourgeois, la JS recule politiquement. Sa « réponse » aux menaces bourgeoises consiste à minimiser la radicalité du projet. Sa présidente Mirjam Hostetmann a souligné dans l’émission Arena de la RTS qu’il ne s’agissait pas du tout d’une lutte des classes et que dans une Suisse démocratique, c’était la population qui avait le droit de parole et non les super-riches. Mais ce n’est pas vrai : sans mesures radicales, la crise climatique est insoluble. Et pour cela, la lutte des classes est nécessaire, justement parce que les super-riches sont encore aux commandes.
Ce n’est qu’au moyen du contrôle ouvrier et de l’expropriation que nous pourrons empêcher la fuite des capitaux et la fermeture des usines. Ce n’est qu’avec les rênes politiques et économiques entre les mains de la classe ouvrière que la société peut devenir durable et sociale. Et seule la classe ouvrière a un véritable intérêt à la coopération et à la planification internationale, plutôt qu’à la concurrence et à la guerre. Ironiquement, ce sont les bourgeois qui ont donné le bon mot d’ordre : Oui, il faudrait effectivement exproprier le grand capital !
Pour pouvoir lutter pour un avenir digne d’être vécu, la classe ouvrière et la jeunesse ont besoin de clarté, d’une véritable compréhension du rôle de l’État et de la nécessité de l’expropriation et du contrôle ouvrier. C’est la condition préalable pour changer le rapport de force en faveur de notre classe. Dans le cadre d’une stratégie révolutionnaire, la campagne de vote pourrait être un moyen d’ancrer un programme socialiste dans la jeunesse. Il y a aujourd’hui des dizaines de milliers de personnes qui cherchent une véritable sortie de ce système et qui peuvent être atteintes et organisées par une campagne courageuse. Avec une bonne base programmatique, ils seraient en mesure de s’adresser pour la première fois à la classe ouvrière et de lui expliquer comment la crise climatique peut être résolue aujourd’hui par le socialisme.
En savoir plus sur la solution communiste à la crise climatique.
Suisse — de Silvan Degen, Bâle — 04. 05. 2025
Moyen-orient — de Olivia Eschmann, Berne — 03. 05. 2025
Suisse — de la rédaction — 30. 04. 2025
Europe — de Zvonko Dan - Revolucionarni Komunistički Savez - Section Yougoslave de l’ICR. — 27. 04. 2025