La Confédération veut économiser 8,5 milliards de francs avec son «Programme d’allégement budgétaire 2027». Des coupes budgétaires sont à prévoir dans près de 60 domaines différents. Les secteurs de l’éducation, de la recherche et de l’innovation sont particulièrement touchés, jusqu’à 500 millions de francs par an. Ce seront les étudiants qui vont devoir payer la note, avec des frais d’inscription qui vont doubler, et même tripler pour les étudiants étrangers. Parallèlement, le parlement veut faire payer la 13ème rente AVS aux travailleurs en augmentant la TVA et continue de retarder la mise en place de l’initiative sur les soins infirmiers.
D’autre part, ils augmentent le budget de l’armée de 4 milliards de francs. Nous voyons les acquis sociaux tels que le niveau général d’éducation, la prévoyance vieillesse ou la protection de l’environnement être massivement attaqués. Dans quel but ? Financer la destruction du monde et garantir les privilèges fiscaux des patrons et des grandes entreprises. Leurs intérêts et les nôtres sont incompatibles : ils veulent le profit à tout prix et nous voulons vivre dignement.
Les réformistes qualifient les plans d’austérité d’« inutiles » et d’« idéologiques ». Ils estiment pouvoir mener une politique de crise plus « intelligente » que la bourgeoisie. Cependant l’austérité n’est pas une question idéologique, mais une contrainte économique inévitable dans le capitalisme. Le rôle de l’État est de garantir de bonnes conditions pour les profits des capitalistes suisses, tant au niveau national qu’international. Cela implique de maintenir les impôts sur les entreprises aussi bas que possible et de supprimer toutes les dépenses et réglementations « inutiles » – pour la protection de l’environnement, l’éducation et la santé publique. En tant que pays impérialiste, la Suisse doit également protéger ses intérêts par des moyens militaires et donc s’armer.
Aujourd’hui, les mesures d’austérité qui grignotent petit à petit, canton par canton les acquis sociaux ne suffisent plus : la bourgeoisie passe à l’attaque frontale. Les raisons sont à chercher du côté de la crise mondiale du capitalisme, de la formation de blocs géopolitiques et du retour du protectionnisme qui sapent l’économie suisse. Son intégration dans tous les marchés mondiaux se retourne aujourd’hui contre elle. Les droits de douane de 39% imposés par les États-Unis en sont l’expression manifeste et accélèrent la situation. Face à la concurrence internationale croissante, la bourgeoisie suisse est dos au mur. Il n’y a pas de solution durable à la crise pour les capitalistes suisses, le seul moyen à leur disposition pour sauver les profits des banques et des monopoles est d’attaquer davantage la classe ouvrière suisse.
Les réformistes proposent d’assouplir le frein à l’endettement. Mais cela ne répond pas à une question cruciale : qui paie pour la crise, eux ou nous ? Augmenter la dette leur permet de ne pas y répondre aujourd’hui, mais la même question se posera demain. Ceux qui veulent gérer la crise sans rompre avec la logique capitaliste devront mettre en œuvre des mesures d’austérité. En acceptant le cadre du capitalisme, ils s’enchaînent à un navire en train de couler!
En tant que communistes, nous estimons que la richesse sociale existe pour garantir une vie digne à tous. Mais la propriété privée des moyens de production et, par conséquent, la logique du profit et de la concurrence font obstacle à cela. Si nous voulons nous attaquer à la racine du problème, nous devons exproprier les capitalistes, gérer et planifier l’économie de manière indépendante et démocratique. Cela implique de renverser la bourgeoisie.
La crise capitaliste se traduit par une lutte des classes de plus en plus intense menée par la classe dominante. Le Conseil fédéral qualifie le paquet de mesures d’allègement fiscal de «première étape». En cas de rejet, Karin Keller-Sutter menace de mener des attaques encore plus sévères. Ces mesures ne sont que le début.
En réaction, nous observons une colère croissante au sein de la classe ouvrière. En France, ça se traduit par d’énormes mouvements de masse et des revendications de grève générale. En Suisse, la radicalisation n’est pas encore aussi avancée, mais les premières mobilisations montrent la voie à suivre : à Berne, Lausanne, Fribourg et Genève, des manifestations régionales et nationales et des journées de grève contre les mesures d’austérité sont prévues ce mois-ci. À l’avenir, la classe ouvrière devra se battre bec et ongles– c’est le seul moyen pour préserver son niveau de vie.
Pour en sortir victorieux, il faut savoir contre qui et avec quelles méthodes nous luttons : en appeler au Conseil fédéral, larbin des banques et grandes entreprises, ne sert à rien. Nous devons mener une lutte des classes consciente et organisée contre les capitalistes et leur État ! Pour cela, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces. Concrètement, cela signifie que pour repousser les attaques de la classe dominante, toutes les luttes se dressant contre celles-ci doivent être réunies: la jeunesse et l’ensemble de la classe ouvrière ont la même aspiration – lutter contre les mesures d’austérité, et le même adversaire – la bourgeoisie. Les méthodes de lutte des classes, c’est-à-dire des manifestations de masse et surtout des grèves collectives, doivent être à l’ordre du jour. Les syndicats ont pour tâche d’y travailler et de mobiliser systématiquement. Les étudiants peuvent ouvrir la voie dans ce domaine, comme le prouvent les exemples de la Serbie et du Bangladesh.
La classe ouvrière et la jeunesse suisses commencent à se mettre en mouvement. Aujourd’hui, aucun parti ne met en avant le renversement du capitalisme dans les luttes, ni ne les aide à s’armer des bonnes méthodes. Construire le parti qui propose un tel programme est aujourd’hui plus urgent que jamais pour préparer la révolution !
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