Les actualités d’aujourd’hui, ne nous montrent que la misère et la ruine. Catastrophe climatique, guerre en Ukraine, bruits de sabre dans le Pacifique, hausse exorbitante des prix, manque massif de personnel, etc. Ces nouvelles sont des coups de marteau pour la conscience de la classe ouvrière du monde entier.
Pour nous, salariés. tout devient pire, plus cher et plus pénible. L’inflation en est la manifestation la plus visible. Tout devient plus cher – pour les salariés. Pendant ce temps, les capitalistes s’enrichissent sans vergogne : ils ne souffrent guère de l’inflation. Le récent Global Wealth Report 2022 montre que le pour cent le plus riche possède désormais 45,6 % de la richesse mondiale et les 13 % les plus riches 85,9 %. Le covid a encore accentué cette inégalité extrême et l’inflation va encore accélérer ces processus.
Tout devient plus cher
Dans les pays baltes, qui font partie de l’UE, l’inflation dépasse déjà largement les 20 %, tandis qu’en Europe centrale et en Grande-Bretagne, elle avoisine les 10 %. En Suisse, la Confédération affirme que le renchérissement est inférieur à 4 %. Mais en réalité, les coûts augmentent entre 6 et 8,6 %. Les chiffres de propagande de la Confédération n’ont pas grand-chose à voir avec la réalité des salariés, comme l’a récemment montré le journal Blick.
Le choc le plus important se produit ces jours-ci, lorsque les nouveaux tarifs de l’électricité et de l’énergie arrivent à la maison. Dans une commune des bords du lac Léman, Saint-Prex, ils sont multipliés par seize. Certes, l’augmentation moyenne n’est « que » de 27 %, mais cela représente 260 francs de dépenses supplémentaires par an pour un ménage moyen (RTS).
De plus, les primes d’assurance maladie augmentent en moyenne de 6,6 %. Pour beaucoup, il ne reste plus qu’à réduire d’une manière ou d’une autre ces coûts extrêmement élevés en fixant la franchise au maximum ou en choisissant un modèle d’assurance dont l’objectif est d’éviter les consultations médicales (Télémédecine). Bref, la crise est reportée sur la santé de la classe ouvrière.
Et à cela s’ajoute la grosse attaque contre les pensions. Avec la contre-réforme imposée, tout est en place pour qu’après l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, une augmentation générale à 67 ans soit programmée. Cette aberration totale, qui consiste à augmenter la durée de vie active alors que la productivité augmente et que les profits ne cessent de croître, révèle à quel point le capitalisme, en tant que système favorisant le progrès, est à bout de souffle.
Toutes ces évolutions se heurtent à une situation qui était déjà tendue. Pendant plus de 20 ans, les bas et moyens salaires ont stagné ou baissé (en termes réels). A cela se sont ajoutées deux années de Corona avec du chômage partiel, ce qui a signifié des pertes de salaire supplémentaires. Cette réduction du budget s’accompagne d’une flexibilisation et d’un stress forcés, d’une dégradation du service public et d’une insécurité permanente de l’emploi.
Ceux qui prétendent encore aujourd’hui que les gens vont trop bien en Suisse pour se battre ne sont rien d’autre que déconnectés de la réalité. Actuellement, il y a des luttes chez Swiss, aux TPG, dans le service public à Genève et dans la construction. Ce mythe n’a rien à voir avec le passé et encore moins avec l’actualité. Et certainement pas avec l’avenir proche. Aujourd’hui déjà, 850 000 personnes vivent dans la pauvreté en Suisse. Avec l’augmentation probable des coûts de l’énergie, 80’000 personnes supplémentaires basculeront dans la pauvreté cet hiver, soit 1% de la population suisse.
La Suisse n’a qu’un pas de retard sur des pays voisins comme l’Allemagne. Et l’Allemagne suit la Grande-Bretagne, qui s’enfonce de plus en plus dans la misère sociale. Mais cette destruction de l’existence des britanniques s’accompagne du réveil de la classe ouvrière, qui recourt à la grève dans presque tous les secteurs. C’est ce qui se prépare dans tous les pays.
Nous contre eux : nos vies contre leurs profits
La bourgeoisie est certes impitoyable dans la défense de ses profits, mais elle se rend compte qu’une crise grave se profile à l’horizon. Cependant, il ne lui reste que deux options : la récession et l’austérité maintenant ou un endettement supplémentaire qui ne fait que repousser la récession et l’austérité. Son objectif est toujours de se maintenir au pouvoir. Dans différents pays, cela prend différentes formes parmi ces deux options : en France, Macron nationalise le groupe EDF, la présidente de la Commission européenne Von der Leyen exige un impôt sur les bénéfices excessifs pour les groupes énergétiques et en Grande-Bretagne, un plafonnement des prix de l’électricité a été annoncé.
En Suisse, il n’y a pas de mesures de crise notables. L’Etat intervient certes partiellement, mais sans faire de concessions aux salariés. Les dix milliards de garantie fait par l’Etat pour des groupes électriques, surtout Axpo, n’exigent pas une réduction des prix de l’électricité – seuls les bonus sont interdits. Et lorsque le Conseil national a mené un débat sur le pouvoir d’achat le 21 septembre, aucune mesure substantielle n’a été décidée. Les mesures prises par le gouvernement pour réduire les primes d’assurance maladie – 100 millions – ne suffisent même pas à amortir la hausse de 6.6% de ces mêmes primes.
Ainsi, en Suisse, les dernières réserves de la classe ouvrière sont dévorées. La stabilité est mise à mal et l’explosion sociale se prépare.
Organiser la résistance !
Une conclusion centrale s’impose : Si l’on laisse la crise organique du capitalisme suivre son cours, si l’on ne lutte pas contre elle, alors la classe ouvrière devra supporter la crise dans son intégralité.
Que faut-il faire aujourd’hui pour éviter cela ? La classe ouvrière doit lutter contre toute tentative de réduire son niveau de vie. La richesse de la société, les ressources et la technologie actuelles sont largement suffisantes pour permettre à l’ensemble de la population mondiale de bien vivre (i.e. sans pénurie, mais aussi avec des améliorations !). La crise sociale est uniquement due au fait que les capitalistes font tout pour maintenir leur système de profit parasitaire. Le slogan doit être : « Monter les salaires, baisser les profits ! Nous ne paierons pas votre crise ». Mais cela ne peut être réellement imposé que si nous prenons également le contrôle des prix et des statistiques de l’inflation entre nos mains. En d’autres termes, nous nous battons pour l’échelle mobile des salaires (indexation et compensation automatique des salaires en fonction de l’inflation) accompagnée d’un contrôle des prix par les syndicats.
Avec quel programme lutter ?
L’inflation n’est pas un problème isolé. La lutte contre celle-ci doit être liée à d’autres luttes. Nous ne pouvons pas nous permettre d’affaiblir notre lutte en nous dispersant sur différents fronts. La défense de notre niveau de vie (salaires, climat, santé mentale, droits démocratiques) est une lutte de classe. Car tous ces problèmes trouvent leur origine dans le fait que tout ce système est basé sur la production pour le profit d’une petite minorité. Nous avons besoin d’un programme contre l’ensemble de la crise qui expose les contradictions de classe, les dénonce et lutte contre les exploiteurs. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons nous protéger de la fragmentation de notre lutte.
Tout ce que fait la classe dirigeante conduit à la misère et au chaos, parce que son mode de production désordonné et motivé par le profit ne permet rien d’autre. Nous ne pouvons donc résoudre cette crise que si la classe ouvrière prend le contrôle de la production, c’est-à-dire l’arrache aux capitalistes.
Pour lutter avec succès contre cette crise, la classe ouvrière doit s’armer d’un programme comportant les points suivants :
La classe ouvrière a besoin d’un parti qui défende ce programme et le porte dans les syndicats et dans toutes les luttes. Toute collaboration avec les bourgeois et les capitalistes nuit et attise précisément les illusions qui doivent être dissipées.
Le programme et la lutte pour celui-ci, qui sont objectivement nécessaires aujourd’hui, ne pourraient pas être plus éloignés de l’état et du comportement du mouvement ouvrier actuel. La direction nécessaire des organisations de masse fait totalement défaut. Les directions réformistes s’attachent à l’unité nationale (l’unité illusoire entre les capitalistes et les travailleurs) et freinent ainsi la préparation nécessaire aux luttes à venir.
Frein du réformisme
La faiblesse fondamentale des réformistes est leur méthode empirique. Ils se basent sur des instantanés et ne voient pas le lien entre les luttes qui éclatent, c’est-à-dire le grand ensemble. Ils refusent d’identifier les tendances à long terme. Lors d’une conférence de presse, l’Union syndicale suisse (USS) présente des revendications salariales historiques de 4 à 5 %. Sa justification est la suivante : « La situation économique reste très bonne, des augmentations réelles sont possibles et nécessaires ». Mais des salaires plus élevés sont nécessaires, sinon le niveau de vie de la classe ouvrière baissera ! La « situation économique » doit nous laisser totalement indifférente, c’est la crise de leur système capitaliste ! Dans leur logique réformiste, ils devraient sinon renoncer logiquement à toute augmentation de salaire, maintenant que la récession s’installe comme dans la plupart des pays.
Mais l’erreur ne réside pas uniquement dans le raisonnement. La revendication n’est tout simplement pas suffisante. Les statistiques reposent sur une base mensongère. Avec cinq pour cent de salaire (nominal) en plus, c’est la classe ouvrière qui paie ! Et même ces 5 % ne tomberont pas du ciel. Dans toutes les autres situations, des mesures de lutte sont nécessaires pour maintenir le niveau de vie. Mais les directions syndicales tergiversent. L’USS alimente les illusions dans le partenariat social au lieu de miser sur la mobilisation des masses.
Les événements internationaux nous montrent qu’une telle situation ne durera pas éternellement. En Grande-Bretagne, après des décennies de calme relatif, la classe ouvrière s’est réveillée et est entrée en lutte – et comment ! Dix jours de trêve décrétée à cause de la défunte reine ne ramènent pas le calme.
L’exemple de la classe ouvrière britannique nous montre encore autre chose : quel que soit le rôle honteux joué auparavant par les organisations de masse, lorsque les masses entrent en lutte, elles se tournent vers les organisations traditionnelles, en particulier les syndicats. Leur direction peut certes freiner, mais elle ne peut pas et n’empêchera pas les luttes. Il leur reste le choix : soit ils essaient de diriger et de canaliser les luttes, soit ils sont balayés.
Le rôle des individus tels que les secrétaires syndicaux ou la direction n’est pas déterminé en détail. Ils peuvent freiner ou accélérer les luttes. Mais ils ne peuvent pas les empêcher. La direction de l’évolution est claire : nous sommes au début d’une période de lutte de classe croissante. Les masses ne peuvent pas faire autrement.
Que pouvons-nous faire ?
Une attitude attentiste est certainement erronée. Pour toutes ces raisons, il est clair que la classe ouvrière a aujourd’hui un besoin urgent d’un véritable parti ouvrier avec un programme de classe. C’est le seul moyen pour elle de se défendre contre ces attaques contre notre niveau de vie. Or, un tel parti fait aujourd’hui défaut.
Une chose doit être claire pour nous : Les causes des luttes de la classe ouvrière ne disparaissent pas, même si elle subit une série de défaites. La classe ouvrière est toujours contrainte à la lutte, elle n’a pas d’autre choix. Le marxisme est la seule méthode capable de fournir des réponses aux problèmes actuels et de mener la lutte jusqu’au bout de manière cohérente. Nous devons donc construire un parti marxiste dans ces luttes.
Mais nous, marxistes, sommes aujourd’hui trop peu nombreux pour avoir une influence sur la situation objective. Nous devons devenir plus forts en tant que force organisée. Et cela passe avant tout par le fait de trouver de nouveaux compagnons de lutte. Ce n’est qu’ainsi que les luttes pourront être victorieuses.
Chaque marxiste dans une entreprise, dans une section syndicale, signifie une amélioration de la situation de départ dans la lutte de classe pour la classe ouvrière. C’est dans ce but que nous construisons la TMI et sa section suisse, l’Etincelle. Agis maintenant et forme-toi au marxisme ! C’est la plus grande contribution que tu puisses apporter à la lutte des classes.
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