La crise climatique menace notre existence. Les tempêtes de cet été ont prouvé que la Suisse n’était pas en reste. Pour éviter les morts dues au réchauffement climatique, nous devons identifier les vrais coupables, les démasquer et les combattre.

Au moins dix morts et six disparus, de nombreuses personnes forcées de fuir, des villages coupés du monde extérieur pendant plusieurs jours et des infrastructures détruites. Tel est le triste bilan des inondations dévastatrices survenues fin juin dans les Grisons, en Valais et au Tessin. Le Conseil fédéral s’est présenté devant les médias peu après les intempéries et a déclaré à l’unisson que : « la nature est plus forte que l’homme » et « ne peut pas être contrôlée à volonté » (Rösti), « cela montre à quel point nous sommes vulnérables » (Cassis), « de tels événements se succéderont toujours plus rapidement » (Amherd). Le message est clair : vous ne pouvez rien faire contre de tels événements.

C’est un mensonge éhonté ! Il n’y a pas beaucoup de “naturel” dans les catastrophes naturelles actuelles. Il y a des coupables aussi bien pour la forte augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes que pour la gestion désastreuse des catastrophes naturelles (prévention, protection). Ni une « humanité » abstraite, ni « le consommateur », mais une force sociale tout à fait concrète : la bourgeoisie, la classe qui domine et contrôle la société.

La crise climatique, un produit du capitalisme

Les tempêtes et les inondations sont des conséquences directes du dérèglement climatique. La température à la surface de la terre est aujourd’hui supérieure d’environ 1,3 degré à celle du début de l’industrialisation, et même de 2 degrés en Suisse en raison de sa distance avec la mer. D’une part, cela entraîne la fonte des glaces, d’autre part, l’atmosphère peut absorber 7 % d’humidité en plus à chaque degré de réchauffement supplémentaire. De ce fait, les pluies dans notre pays sont jusqu’à 15-20 % plus fortes qu’au 19ème siècle.

Et qui est le principal responsable du réchauffement climatique ? Les grandes entreprises. 70% des émissions de CO2 mondiales proviennent d’exactement 100 d’entre elles. L’une d’entre elles est l’entreprise suisse Holcim. Ce sont ces capitalistes qui détruisent notre monde, provoquent des tempêtes plus violentes et donc des morts climatiques. Le Conseil fédéral détourne l’attention de ce fait lorsqu’il parle d’une « catastrophe inévitable ». Appelons un chat un chat : il protège les assassins des cadavres du climat.

Mourir pour les abricotiers et l’A13

En matière de prévention, la politique des bourgeois est tout aussi désastreuse. En Valais, il est clair depuis 20 ans que le Rhône représente un grand danger. Pourtant, malgré diverses expertises, des propositions de mesures de sécurité (troisième correction du Rhône) et une votation populaire en 2015 pour une meilleure protection contre les crues, ces mesures ont été bloquées. Pourquoi ? Le conseiller d’Etat UDC Franz Ruppen avait freiné le projet sous la pression de cultivateurs d’abricots, car ceux-ci auraient dû céder quelque 300 hectares de terrain.

Des « puissances supérieures », et puis quoi encore ! – la catastrophe est d’origine humaine ! La classe dirigeante empêche volontairement les mesures de protection et d’urgence vitales afin d’imposer ses propres intérêts. Rösti, Ruppen et leurs semblables ont du sang sur les mains !

Même après les tempêtes, des vies auraient pu être sauvées. Alors que l’on recherchait encore des personnes disparues et que des villages entiers étaient encore privés d’électricité, d’eau et de réseau, la Confédération a préféré utiliser les excavateurs sur l’A13 pour la réparer à une vitesse record. La remise en état de l’axe nord-sud était la priorité absolue de l’État bourgeois. Pourquoi ? Parce que les profits du commerce et du tourisme sont plus importants pour eux que nos vies.

Catastrophes environnementales et politiques de crise

Les dégâts causés par les tempêtes de cet été ne sont qu’un début. Les inondations catastrophiques et les vagues de chaleur dans des pays comme l’Allemagne ou le Pakistan montrent la voie à suivre. D’une part, les effets du changement climatique sont de plus en plus violents. Il est scientifiquement prouvé que divers points de bascule ont déjà été atteints et que des dommages environnementaux irréversibles sont donc un fait depuis longtemps.

Qui devra payer ? Déjà lors des présentes tempêtes, plus de dix millions de francs de dons pour les mesures d’urgence dans les villages touchés proviennent de la population, car les fonds publics ne suffisent plus. Il faut maintenant plus d’argent pour les mesures d’urgence et de protection. Mais les bourgeois font le contraire : Keller-Sutter et compagnie préparent d’énormes mesures d’austérité dans le secteur public. Lorsque le Conseil fédéral nous dit que nous devons nous habituer à de telles conditions, il veut nous abrutir – pour la politique de crise, dans l’intérêt des capitalistes.

Celui qui ne sauve pas l’humanité doit partir

Le Conseil fédéral prétend qu’il n’y a pas de solutions. Il faut simplement accepter le changement climatique – comme les politiques d’austérité. Un gouvernement qui, au milieu de la crise la plus menaçante pour l’existence de l’humanité, se contente de hausser les épaules et de dire « on ne peut rien faire », ne peut plus gouverner. Les capitalistes et leur gouvernement ne nous sauveront pas, nous devons donc le faire nous-mêmes. Nous avons besoin d’un gouvernement ouvrier qui agisse dans notre intérêt. Que ferait un tel gouvernement aujourd’hui ?

La première chose à faire serait de démasquer les mensonges des bourgeois. Ils disent qu’on ne peut rien faire. Eux et leur système ne peuvent rien résoudre – c’est vrai. Dans le capitalisme, chacun essaie de maximiser son profit en concurrence avec tous les autres. Chaque grande entreprise ne regarde que ses profits, chaque État national ne regarde que les profits de ses grandes entreprises. L’anarchie du marché rend impossible la planification, la prévention et l’aide immédiate et entraîne directement des dégâts et des morts.

Un gouvernement ouvrier se tiendrait debout et dirait : « Dans le système actuel, nous ne pouvons pas résoudre la crise climatique. Mais il y a une alternative. Construisons-en un autre ! Un monde conçu pour l’homme et pour la nature ! » 

Exproprier Holcim, Glencore et consorts

La protection de la population contre les conséquences directes de la crise climatique est la plus urgente. Il faut investir massivement dans des mesures de protection. Cela signifie entre autres la construction et la transformation d’infrastructures, comme des barrages-réservoir et des ponts.

Pour réduire drastiquement les émissions dues aux énergies fossiles, il faut des investissements massifs dans les énergies renouvelables, des transports publics gratuits et étendus et de nombreuses autres mesures en faveur du climat, c’est-à-dire une transformation complète de la production et de la distribution.

Ces mesures coûtent de l’argent. Le Financial Times a calculé qu’il faudrait environ neuf milliards de dollars par an pour lutter contre le changement climatique. Où allons-nous les trouver ? Chez ceux qui sont responsables de la situation actuelle et qui en profitent ! Les 1% les plus riches émettent autant de CO2 que les 66 % les plus pauvres. Une douzaine de milliardaires vivent en Valais, les trois plus riches d’entre eux possèdent conjointement 35 milliards de francs et le plus riche 22,5 milliards. Rien qu’avec sa fortune, nous pourrions financer six fois la transformation du Rhône !

Mais cela ne suffit pas. Holcim et Glencore, deux des plus grands pollueurs au monde se trouvent en Suisse. Ils polluent notre air, tuent nos concitoyens – et leurs entreprises font chaque année plusieurs milliards de dollars de bénéfices. Elles doivent réorienter leur production et payer pour ces mesures ! Mais elles ne le feront jamais volontairement – elles le prouvent toutes chaque jour, le dernier exemple en date étant Vetropack (voir le Communiste n° 6). Cela signifie que nous devons exproprier ces entreprises (et les banques) et les placer sous le contrôle des travailleurs.

Une économie mondiale planifiée – tout le reste est utopique !

C’est ce que ferait un gouvernement ouvrier en Suisse. Mais cela ne suffira jamais, jamais. Car le Rhône, les courants aériens (voir « Pollution de l’air: le capitalisme nous asphyxie ») et toute la nature se soucient peu des frontières nationales. Seule une économie planifiée de manière durable et démocratique à l’échelle mondiale peut résoudre la crise climatique.

C’est pourquoi un gouvernement ouvrier ferait immédiatement appel à la classe ouvrière mondiale : Travaillez au renversement de vos gouvernements, prenez le pouvoir pour qu’ensemble nous puissions lutter contre la crise climatique et sauver l’humanité.

Utopique ? Pas du tout ! A part une poignée de gros riches qui se construisent des bunkers, personne n’a intérêt à ce que nos enfants étouffent dans l’air pollué, que nos parents se noient dans des masses d’eau et que nos grands-parents soient tués par la chaleur de l’été.

En revanche, la classe ouvrière mondiale a tout intérêt à organiser l’économie et la société en harmonie avec la nature. C’est impossible dans le capitalisme anarchique, mais tout à fait possible dans une économie planifiée démocratiquement à l’échelle mondiale. Nous en avons besoin – pour respirer, pour vivre !


Pollution de l’air: le capitalisme nous asphyxie !


Johanna, Genève

La pollution atmosphérique est devenue la seconde cause de mortalité mondiale. D’après un nouveau rapport du Health Effects Institute (HEI), 8 millions de personnes sont mortes en 2021 à cause de la pollution de l’air. Ce chiffre inclut 700’000 enfants de moins de 5 ans. Cette tranche d’âge a 100 fois plus de risque de mourir de la qualité de l’air dans les pays pauvres que dans les plus développés.

Plus généralement, le rapport indique que pratiquement tous les habitants de la planète respirent chaque jour des niveaux de pollution atmosphérique nocifs, avec des répercussions considérables sur la santé.

L’origine de ces pollutions ? Le trafic routier, les activités industrielles ou encore les feux de forêts qui émettent des microparticules plus petites que 2.5 micromètre de diamètre, mais qui pénètrent le système sanguin et peuvent affecter les organes, engendrer des maladies chroniques (pulmonaires / du cœur), des AVC, des cas de démences et des fausses couches.

Avec la crise climatique, les incendies de forêts se multiplient (et ravagent en ce moment même l’Albanie, la Grèce et la Californie). De plus, la montée des températures peut engendrer la transformation de certains gaz (comme les oxydes de nitrogène) en des gaz encore plus irritants comme l’ozone.

Pour endiguer cette spirale terrifiante, nous avons besoin d’une transformation profonde et rapide de la société à tous les niveaux. Mais la classe dirigeante montre quotidiennement son incapacité à résoudre le moindre problème que l’anarchie de son marché a créé. Un exemple : aménager un vaste réseau de transport public gratuit est un premier pas pour réduire le trafic automobile, et donc les pollutions atmosphériques. Pourtant l’année dernière, des initiatives pour la gratuité des transports publics ont été jugées anticonstitutionnelles par le Tribunal fédéral, sous prétexte que les coûts payés par les usagers représentent une part « appropriée des coûts ». Quelle hypocrisie!