L’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York est l’une des victoires électorales les plus significatives remportées par un socialiste dans l’histoire des États-Unis. Dans la « capitale du capitalisme », plus d’un million de personnes ont voté pour un socialiste démocrate déclaré, ce qui s’inscrit dans une vaste « vague de colère contre les élites» (New York Times).

Il y a neuf mois, Zohran était quasiment inconnu. Mais ses propositions de gel des loyers dans les logements régulés, de gratuité des bus, de services de garde d’enfants abordables et de supermarchés appartenant à la ville – sans parler de son opposition au génocide israélien dans la bande de Gaza – ont rapidement rassemblé un large soutien. Il a été capable de constituer une base solide de 104 000 militants, ce qui lui a valu la victoire contre le démocrate Andrew Cuomo.

Cela montre l’enthousiasme immense que suscite un candidat perçu comme un véritable défenseur des laissés pour compte de la politique. La campagne à 40 millions de dollars de Cuomo, avec ses attaques incessantes contre Mamdani à la télévision et à la radio, s’est effondrée. Zohran a remporté la majorité des voix des employés  ainsi que des quartiers défavorisés, comme le Bronx.

L’étiquette de «socialiste démocrate» n’est pas non plus un détail, mais un élément central de son succès. Selon CNN, 85 % de ses électeurs se considèrent eux-mêmes comme «socialistes démocrates». Il y a trente ans, cela aurait été impensable. Cela confirme que la classe ouvrière américaine ne s’est pas « droitisée». C’est plutôt la crise du capitalisme américain qui pousse les travailleurs vers des politiciens antisystèmes  prêts à défier  le statu quo.

La lutte ne fait que commencer

Cette élection est sans conteste une énorme victoire symbolique contre le capitalisme et le sionisme. Cependant elle ouvre maintenant un long et difficile combat contre les capitalistes new-yorkais et l’ensemble de la classe dirigeante américaine.

Depuis sa victoire aux primaires de juin, les patrons menacent de mener une grève du capital contre un New York dirigé par Zohran. Trump a annoncé qu’il priverait la ville de fonds fédéraux. La gouverneure démocrate de l’État de New York, Kathy Hochul, a répété qu’elle bloquerait toute nouvelle taxe sur les riches. La pression des démocrates, des médias, de l’administration municipale ainsi que des propriétaires et des capitalistes ne fera que s’intensifier.

Zohran s’aventure en terrain hostile. Les leçons du passé nous enseignent que, face à notre ennemi de classe, il faut être ferme, car la faiblesse n’appellera que plus d’agressivité.  Seule une stratégie de lutte de classe audacieuse et sans compromis, reposant exclusivement sur la force de la classe ouvrière, peut réussir.

C’est pourquoi il est préoccupant que le Financial Times rapporte que Zohran rencontre à huis clos des représentants de grandes entreprises et de Wall Street pour obtenir leur soutien. Composer avec l’ennemi de classe est un jeu dangereux. La pression exercée sur lui l’a déjà amené à promettre de s’opposer au slogan « Globalize the Intifada », et à suggérer qu’un gel des loyers devrait être réévalué après quatre ans. Il a également assuré aux « grands pontes de l’économie » qu’il n’insistera pas pour taxer les riches et qu’il était ouvert à financer ses programmes par des coupes budgétaires.

Comme tous les réformistes, Zohran tente de « contenter tout le monde », promettant à la classe ouvrière des réformes substantielles tout en garantissant aux capitalistes que leurs profits resteront intacts. Dans une époque de déclin capitaliste, cela est tout simplement impossible. Il existe déjà des rapports selon lesquels les décideurs de Wall Street « préparent la prochaine étape ». La classe dirigeante combattra son programme, aussi modéré et « raisonnable » soit-il, par tous les moyens.

Une tactique de lutte de classe est indispensable

Pour mettre en œuvre ses réformes et faire progresser réellement le mouvement socialiste, les seuls alliés fiables de Zohran sont les travailleurs et les jeunes qui l’ont porté à la mairie.

Mamdani a appelé à plusieurs reprises le parti démocrate « notre parti ». Mais c’est le parti des capitalistes, et comprendre cela est essentiel pour réussir. Il n’a jamais existé de meilleur moment pour rompre avec les démocrates. Avec ses 100 000 bénévoles et des millions de soutiens dans tout le pays, il pourrait fonder dès aujourd’hui un nouveau parti politique pour organiser la lutte de la classe ouvrière.

Face à la haine généralisée envers les deux partis bourgeois, un tel parti se répandrait comme une traînée de poudre dans toutes les grandes villes du pays et jetterait les bases d’un parti ouvrier de masse aux États-Unis. S’il saisit cette opportunité, le mouvement socialiste pourrait bouleverser la politique américaine.

Le RCA, Revolutionary Communists of America,  mènera la lutte aux côtés de notre classe. Nous sommes confiants que — si nous tirons les leçons du passé — l’essor du mouvement socialiste et communiste en Amérique est à venir. 

Original: https://www.marxiste.qc.ca/article/victoire-de-zohran-mamdani-a-new-york-comment-lutter-contre-les-milliardaires