En France, le spectacle est au rendez-vous. Les Jeux olympiques sont assombris par la crise du régime français. Quatre semaines après les élections, la France n’a toujours pas de nouveau gouvernement.
Le 7 juillet, la classe ouvrière et la jeunesse en France et dans toute l’Europe ont poussé un soupir de soulagement : le Rassemblement National (RN) d’extrême droite a été battu dans les urnes. Le RN a certes gagné de nombreux sièges, mais il est resté loin de représenter la majorité absolue au Parlement.
Le vainqueur des élections a été le Nouveau Front Populaire (NFP), l’alliance électorale des partis de gauche (PS, Verts, PC, FI). Ils ont gagné grâce à un programme comportant quelques améliorations sociales, mais surtout parce que le NFP représentait la seule force capable de battre le RN lors de ces élections. Mais ils n’ont pas non plus obtenu la majorité absolue (184 sièges). Les groupes autour du président Macron ont obtenu 166 sièges.
Face à un parlement fragmenté, la classe dirigeante cherche désormais des moyens de pouvoir malgré tout appliquer son programme capitaliste. C’est pourquoi Macron et la presse bourgeoise ont lancé une grande campagne pour un « Front Républicain » ; c’est-à-dire une alliance de tous les partis sauf les « extrémistes » du RN et de la France Insoumise (FI). Macron tente ainsi de diviser le NFP.
Et en effet, le NFP est vraiment déchiré politiquement. Mélenchon et la FI sont devenus ces dernières années la seule véritable force de gauche. Il a rompu avec les réformistes traditionnels, mais ceux-ci sont désormais aussi présents au sein du NFP. Par exemple, François Hollande du PS, qui a soutenu pendant des années la politique d’austérité de la classe dirigeante en tant que président. Aujourd’hui, ces fractures politiques font surface au sein de l’alliance de gauche.
Les dirigeants du PS et des Verts sont prêts à négocier avec les macronistes sur la politique d’un gouvernement NFP, mais les macronistes ne soutiendront aucune mesure progressiste du programme du NFP. Un « Front Républicain » poursuivrait donc la politique d’austérité et les attaques des sept dernières années sous Macron. C’est pourquoi le programme du NFP ne peut pas être mis en œuvre par des jeux parlementaires.
Jusqu’à présent, personne ne s’est ouvertement prononcé en faveur d’une alliance avec Macron, et il y a de bonnes raisons à cela : les dirigeants du PS et des Verts seraient en minorité dans cette alliance et la FI se trouverait renforcée car, face au « Front Républicain », elle se démarquerait en tant que seule opposition de gauche. La formation d’un gouvernement reste donc bloquée.
Mélenchon représente l’aile gauche du NFP et demande que le NFP soit au gouvernement afin d’appliquer tout le programme de l’alliance. Toutefois, il reste aussi totalement passif en ne voulant pas dépasser le cadre du parlement. L’aile gauche des réformistes est donc réticente à rompre avec le capitalisme et l’aile droite, tandis que Mélenchon ne tire pas la conclusion du blocage parlementaire : la lutte doit aujourd’hui descendre dans la rue et les entreprises !
Dans le contexte de cette crise de régime, la jeunesse et le mouvement ouvrier ne peuvent pas attendre patiemment qu’un prochain gouvernement soit formé. Quel que soit le gouvernement, de véritables améliorations pour la classe ouvrière ne sont aujourd’hui possibles que par des mobilisations de masse et des mouvements de grève. Bon nombre de travailleurs commencent à le comprendre : certaines sections du syndicat de la CGT se préparent à lutter pour le programme du NFP. Cela montre la voie à suivre !
Le NFP n’a certes pas la majorité au Parlement, mais la classe ouvrière reste l’écrasante majorité de la population en France. Elle est la principale force sociale. La base syndicale, en particulier, doit faire pression sur ses dirigeants pour qu’ils élaborent un plan de bataille offensif et armé d’un programme radical. Laisser la lutte au sein du Parlement, c’est accepter des dégradations pour la classe ouvrière et c’est le moyen le plus sûr d’encore renforcer le RN, qui peut se poser démagogiquement en parti d’opposition.
Sur la base de la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière, il serait possible non seulement de mettre en œuvre toutes les mesures progressistes du programme du NFP, mais aussi d’aller beaucoup plus loin : jusqu’à l’expropriation des capitalistes !
Au Kenya, les masses apprennent qu’une révolution n’est pas une pièce en un acte. Fin juin, les protestations contre les nouvelles taxes que le gouvernement Ruto voulait utiliser pour payer les dettes du FMI ont dégénéré. La révolution « Gen-Z » a bravé une répression sanglante (40 morts), pris d’assaut le parlement et contraint Ruto à retirer les impôts prévus. Cette victoire montre le potentiel du mouvement de masse de la jeunesse. Ruto arrive encore à se maintenir au pouvoir par des manœuvres car il manque un parti révolutionnaire pour mener la révolution à la victoire et libérer le Kenya des griffes de l’impérialisme.
Pour en savoir plus : https://www.marxist.com/kenya-ruto-resorts-to-deception-manoeuvres-and-provocation.htm
Pour en savoir plus : https://www.marxist.com/bangladesh-hasina-s-gamble-will-seal-her-fate.htm
Europe — de Emanuel Tomaselli, ICR Autriche — 16. 11. 2024
Amérique du nord — de la rédaction — 13. 11. 2024
Europe — de Jack Halinski-Fitzpatrick, marxist.com — 11. 11. 2024