Extinction Rebellion exige du parlement qu’il prenne enfin la crise climatique au sérieux. Mais c’est seulement avec l’aide d’un programme clair qu’il est possible de donner à ce combat l’importance qu’il mérite. Ce n’est pas le parlement mais la classe ouvrière qui sauvera le climat!
Les gens sont prêts à se battre pour le climat. Il suffit de considérer la formidable vague de mobilisation qui a eu lieu le 28 septembre lors de la manifestation nationale à Berne pour s’en rendre compte. Au cours des mobilisations, on nous a enjoint de «voter vert afin de sauver le climat!» Malgré le succès des partis verts aux élections, vouloir se reposer sur les élections, ou diriger notre énergie dans cette direction comporte le risque que les masses tombent dans une passivité. Sans compter que le parlement est incapable de résoudre le problème de la crise climatique.
Après des mois de mobilisation, le mouvement Extinction Rebellion (XR) a gagné en popularité. Avec des actions « choc », les militantes de XR somment l’Etat de « dire la vérité » et d’agir contre la crise climatique. L’impatience justifiée du mouvement amène à une tactique qui apparaît plus radicale : la désobéissance civile. En fin de compte, cette stratégie ne diverge pas de celle du mouvement général, qui enjoint l’Etat d’agir et de déclarer l’état d’urgence climatique. Comme pour les élections, la question de la responsabilité de la résolution du changement climatique est déléguée aux politiciens. Les militantes d’XR ne sont ni plus radicales ni plus à gauche que celles de la grève du climat ou des partis réformistes. Elles compensent simplement leur manque de radicalité de leur programme par une radicalité dans leur activisme. Mais en fin compte, XR n’est ni plus ni moins qu’un reflet de la politique institutionnelle qui soutient qu’une révision des lois parlementaires pourrait résoudre la crise climatique !
Mais comment lutter contre la crise climatique? XR continue de rappeler à ses devoirs moraux le parlement, qui, lui, ne s’occupe que de défendre les intérêts des capitalistes. Dans le même temps, le mouvement met la pression à l’Etat pour que ce dernier propose enfin un programme politique. Et pour cause, c’est précisément une analyse politique qui leur fait défaut. D’une part, celle de la crise, de l’autre, celle du rôle de l’Etat bourgeois. De fait, XR n’offre aucune explication quant aux origines de la crise, qui semble tomber du ciel. De cette absence d’analyse découle une absence de méthode efficace et de programme. Etant donné leur manque d’analyse du système et de la lutte des classes, XR ne parvient pas à cibler clairement les responsables de cette crise.
Si on veut véritablement sauver le climat, il est nécessaire de s’attaquer directement à la source du problème : la production capitaliste. Les communiqués scientifiques ne soulignent pas seulement qu’il est urgent de répondre à la question du climat, mais aussi que la majorité des émissions CO2 sont directement issues de la production des grandes entreprises. Dans la production capitaliste, c’est le profit qui prime. Quant aux questions d’écologie, elles sont souvent reléguées au second plan, voire totalement inexistantes. La conclusion du mouvement de grève de climat est donc correcte : system change, not climate change! En refusant de se positionner politiquement, XR n’offre aucune solution aux questions que se pose le mouvement pour le climat, et freine de plus le mouvement.
L’Etat défend férocement le système capitaliste. Ce fait explique que l’Etat se retrouve dans l’incapacité de combattre le réchauffement climatique. Et pour cause, qu’est-ce que celui-ci propose ? Une énième loi sur les émissions CO2. Celle-ci reviendrait à peu près à augmenter le prix du pétrole ou à introduire des taxes sur les billets d’avion. Non seulement ces mesures ne suffiraient pas à atténuer la crise écologique et n’empêcheraient pas les plus fortunés de continuer à polluer, mais elles attaquent de surcroît la classe ouvrière, qui se voit contrainte de devoir payer toujours plus. Le rôle de l’Etat est d’éviter aux véritables responsables de réparer les torts qu’ils ont causés. En somme, de par son appel et ses attentes vis-à-vis des institutions étatiques, XR refuse de voir les causes de la crise climatique et ses véritables responsables.
C’est lorsqu’elle appelle à la grève générale qu’une couche significative du mouvement pour le climat commence à tirer les bonnes conclusions. En effet, c’est à travers la mobilisation de la classe ouvrière et l’attaque directe envers les profits des capitalistes, qu’il devient possible d’atteindre un véritable changement. XR veut faire peur aux gens face à la crise climatique, tandis que de leur côté, les capitalistes ne sont pas le moins du monde ébranlés. L’occupation de ponts et le rappel de l’Etat à ses devoirs moraux sont des mesures inefficaces quand il s’agit de s’attaquer au système en acte. Pourquoi ? Simplement à cause du fait que la production capitaliste, qui est à l’origine de la crise, ne se retrouve jamais menacée. La désobéissance que prône Extinction Rebellion obéit donc malgré tout au système et à sa production non durable. La lutte contre la crise climatique est une lutte de classes. C’est donc en tant que telle qu’il faut la mener.
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