L’Université Marxiste s’est achevée comme elle a commencé : dans un formidable optimisme révolutionnaire ! Elle a réuni près de 6500 personnes, inscrites dans plus de 115 pays. Son discours d’ouverture a été visionné 10 000 fois, et près de 280 000 euros ont été récoltés lors de la collecte. Il s’agit du plus grand événement marxiste de l’histoire récente, avec un niveau de discussion politique inégalé. Cette école est le témoignage frappant de la puissance des idées et des traditions du marxisme, et la preuve du dévouement révolutionnaire de ses partisans, qui l’ont rendue possible par leur engagement.
En plus de cette impressionnante affluence, nous avons bénéficié d’une formidable réception sur les réseaux sociaux. Lors des quatre derniers jours, des centaines de camarades et sympathisants ont posté des images de leur participation à l’école, aux quatre coins du monde, et nos hashtags principaux ont été partagés des milliers de fois. La campagne de soutien à notre camarade Muhammad Amin, enlevé par l’État pakistanais, a connu une forte diffusion, avec de nombreux posts appelant à sa libération. Cela montre les liens de solidarité qui unissent les travailleurs et la jeunesse à travers le monde, par-delà les frontières nationales.
Si l’Université marxiste a été un succès dès son commencement, comme nous l’avons expliqué dans un premier bilan, son succès a crû au fil des jours ! Six passionnantes conférences se sont tenues lundi, sur l’économie, l’anarchisme, le matérialisme historique, les politiques identitaires, l’histoire de la Tendance Marxiste Internationale et le postcolonialisme.
Le fil conducteur de cette journée était la crise rencontrée par les idées réformistes et postmodernes, dans tous les domaines. Comme l’a expliqué Josh Holroyd (un des dirigeants des marxistes britanniques de Socialist Appeal) dans sa défense du matérialisme historique, les universitaires ont abandonné toute tentative de comprendre scientifiquement l’histoire : ils se contentent d’affirmer que les choses « arrivent », sans fournir plus d’explication.
Cependant, comme l’a expliqué le camarade britannique Laurie lors de son intervention inspirante sur les origines historiques de l’oppression des femmes, l’approche marxiste de l’histoire permet de comprendre d’où viennent les oppressions et l’exploitation présentes sous le capitalisme. Ces phénomènes n’ont pas toujours existé et peuvent donc être abolis : ils ne sont pas immuables.
De même, lors de sa conférence sur le post-colonialisme, Hamid Alizadeh (éditeur du site marxist.com) a évoqué les soulèvements en cours dans les pays autrefois colonisés. Alors que les travailleurs et jeunes radicaux du Soudan, du Liban ou d’Algérie se battent avec acharnement pour leur liberté et pour la dignité humaine, faire la moindre concession à la fétichisation petite-bourgeoise de l’arriération économique et du fondamentalisme religieux, dans notre approche de ces mouvements révolutionnaires, serait un véritable suicide politique.
En effet, comme l’a dit Fiona Lali, organisatrice de la Fédération Marxiste Etudiante du Royaume-Uni, « en détachant l’oppression de sa base matérielle, on supprime notre capacité à la combattre. » Plutôt que de diviser les travailleurs et les jeunes en fonction de leur identité (raciale, nationale, sexuelle…), nous devons viser l’unité la plus totale de la jeunesse et des travailleurs, sur une base de classe, afin de renverser collectivement le capitalisme et d’établir le socialisme. Ainsi seulement pourrons-nous mettre fin aux oppressions, en les attaquant à la racine.
Notre organisation est la seule à défendre inconditionnellement les idées originelles du marxisme, du léninisme et du trotskysme, comme l’a rappelé Alan Woods (éditeur de marxist.com) lors de la discussion sur l’histoire de la TMI. Nous ne cédons rien aux idéologies petites-bourgeoises telles que les politiques identitaires ou le post-modernisme, et c’est cette fidélité aux idées véritables du marxisme qui explique notre croissance mondiale, dont le succès de cette école est le reflet.
Le dernier jour a commencé par trois conférences sur la religion, la théorie queer et le pacifisme. Notre camarade canadien Alex Grant a brillamment introduit la discussion à propos du rapport du marxisme aux idées religieuses, en rappelant tout d’abord que notre philosophie, le matérialisme dialectique, est une philosophie athée, et que l’alliance de la religion et de l’Etat est nécessairement réactionnaire. Cependant, a-t-il ajouté, il faut se rappeler que les croyances religieuses trouvent leur origine dans la souffrance et la misère générées par les sociétés de classes. Pour les dépasser, il faudra en finir avec le système lui-même et seule la classe ouvrière, unie par-delà les divisions confessionnelles, pourra accomplir pareille tâche.
Lors de la discussion sur la théorie queer, notre camarade autrichienne Yola Kipcak est parvenue à des conclusions similaires : alors que les théoriciens identitaires petits-bourgeois tentent de faire passer l’unité pour une oppression, nous devons nous concentrer sur ce qui nous rassemble. Nous avons tous intérêt à renverser le système capitaliste, qui est à la source de l’homophobie, de la transphobie, du sexisme et de toutes les autres formes d’intolérance. Plutôt que de séparer nos luttes en un arc-en-ciel de combats individualisés, il nous faut rassembler toutes les forces de la classe ouvrière pour la transformation révolutionnaire de la société.
En tant que communistes, nous refusons de cacher nos objectifs, et nous devons démentir les calomnies de nos ennemis de classe. Comme Ben Glinecki l’a montré dans sa conférence sur le pacifisme, ceux qui dépeignent les marxistes comme des comploteurs violents et assoiffés de sang soutiennent en fait le système le plus violent de l’histoire, responsable des guerres les plus sanglantes jamais connues, et qui continue de brutaliser le genre humain pour protéger ses intérêts. Nous ne sommes pas violents, mais nous n’acceptons pas pour autant la barbarie de la société de classes. Nous sommes prêts à nous battre pour mettre fin à ce système pourrissant, en tant que membres du mouvement révolutionnaire des travailleurs. « La seule guerre juste est la guerre de classe. Les seuls moyens justes de se battre sont ceux qui conduisent réellement à la libération de l’humanité », a conclu Ben.
La journée s’est conclue sur un meeting en plénière, présenté par Jorge Martin du comité de rédaction de In Defence of Marxism. Il a déclaré que c’était l’école la plus réussie de l’histoire de la TMI, malgré les défis imposés par la pandémie. Des milliers de personnes, de pratiquement tous les pays du monde, ont assisté aux sessions tout au long de l’école. Nous espérons un plus grand succès avec notre prochain meeting de commémoration de Léon Trotsky, assassiné au Mexique il y a 80 ans ce mois d’août.
Le degré d’enthousiasme pour nos idées est un coup porté contre tous les cyniques « intellectuels » qui disent que les travailleurs ne s’intéressent pas à la théorie. Au contraire, Jorge a mentionné un ouvrier de chantier chilien et un concierge canadien, qui nous ont écrit pour dire qu’ils s’étaient connectés à notre école, et avaient monté le son pour que leurs collègues puissent écouter ! Ce ne sont que deux exemples parmi des centaines, comme l’ont prouvé les publications sur les réseaux sociaux !
À côté des succès de l’Université marxiste, Jorge a souligné que pendant les trois mois de la pandémie, nous avions eu 1,8 million de vues sur notre principal site internet (marxist.com). Cette crise sanitaire immense a déclenché une accélération de notre croissance dans le monde entier, ce qui reflète une remise en question croissante du système capitaliste partout, particulièrement parmi les jeunes. Tout cela contraste avec de nombreuses organisations prétendument socialistes, qui s’effondrent avec des scissions et des crises. Ce qui nous distingue d’elles, a dit Jorge, c’est notre ancrage solide dans la théorie marxiste et notre approche fraternelle, non sectaire, du mouvement ouvrier.
Jorge a expliqué que la théorie n’est pas qu’un exercice intellectuel, mais un guide pour l’action. Comme l’a écrit Marx dans ses Thèses sur Feuerbach, « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c’est de le transformer ». Il a ensuite appelé tous ceux qui nous écoutaient à rejoindre la TMI, s’ils ne l’avaient pas encore fait, dans notre lutte pour transformer la société. Avec la bonne direction, a dit Jorge, « cette fois, notre classe gagnera ! »
Des camarades de toute l’internationale ont ensuite été invités à parler du développement du marxisme sur chaque continent. Le camarade Paras a expliqué que la section la plus grande de la TMI est désormais présente dans chaque région du Pakistan, où les travailleurs et les jeunes subissent la pauvreté, la maladie, la répression et la corruption de l’Etat. Une situation révolutionnaire pointe à l’horizon, et nos camarades développent rapidement la direction nécessaire qui peut devenir une référence pour les masses et montrer la voie à suivre.
Il a été suivi par Lucy du Brésil, où le gouvernement réactionnaire et affaibli de Bolsonaro a apporté une réponse irréfléchie à la crise du coronavirus, ce qui a provoqué la colère de la classe ouvrière. En tant que première organisation de gauche à avoir adopté le mot d’ordre « Fora Bolsonaro » (Dehors Bolsonaro), nos camarades ont joué un rôle dirigeant important dans la riposte contre ce gouvernement corrompu, et la section brésilienne a beaucoup grandi sur cette base.
La suivante était Fiona de Grande-Bretagne, où nous avons connu une croissance significative dans la dernière période. Après la défaite du mouvement de Corbyn, toute une couche de jeunes a commencé à tirer des conclusions radicales, renforcées par la gestion catastrophique de la pandémie du COVID-19 par le gouvernement réactionnaire de Johnson. Tout cela a eu pour effet une hausse phénoménale de la popularité des idées du marxisme, particulièrement parmi les jeunes et les étudiants, un fait que les camarades britanniques ont bien exploité avec des réunions en ligne régulières et très fréquentées. Ils ont également pour projet de passer à un journal hebdomadaire – un énorme pas en avant !
Oleg de Russie a pris la suite, en commençant par un hommage au camarade Alexei, fondateur de notre section russe, et qui se remet actuellement d’un accident. Nous lui envoyons nos salutations révolutionnaires. Oleg a expliqué comment la dégénérescence du mouvement ouvrier après la chute de l’URSS en 1991 a signifié l’enterrement concret de l’héritage révolutionnaire de la Russie. Cependant, nos camarades se sont battus pour le déterrer : ils accomplissent un travail systématique pour construire leurs forces et s’assurer que le spectre d’Octobre continue de hanter les bandits au sommet du régime russe.
Alessio d’Italie a parlé de la façon dont la pandémie du coronavirus, qui a frappé l’Italie plus tôt, a provoqué un changement massif de la conscience, à mesure que des travailleurs de la base se sont mis en grève spontanément pour résister à l’obligation de retourner au travail dans des conditions d’insécurité. Les camarades ont organisé une campagne de solidarité très réussie, « Les travailleurs ne sont pas de la chair à canon », ce qui leur a permis d’organiser d’importantes réunions et de se connecter à cette nouvelle avant-garde. Ils ont aussi continué de gagner à eux de nombreux jeunes étudiants, qui joueront un rôle important dans les événements spectaculaires à venir.
Enfin, Laura nous a fait un rapport depuis « le ventre de la bête » : les États-Unis. À la suite de développements spectaculaires comme le mouvement Sanders, la crise du COVID-19, et le mouvement Black Lives Matter, plus de 600 personnes ont contacté nos camarades américains pour demander à nous rejoindre. Les ventes de leur librairie ont triplé, de même que la fréquentation de leur site internet. Nous avons désormais des camarades dans soixante villes différentes des États-Unis. En dehors des délires de Trump à propos des Démocrates ou du mouvement Black Lives Matter qui seraient « marxistes », il y a bel et bien une demande massive pour les idées socialistes et communistes : la classe dirigeante américaine a raison d’avoir peur !
Entre les dons faits avant et pendant l’école et la grande collecte de dimanche, nous avons récolté près de 280 000 € : un chiffre époustouflant qui prouve le dévouement et le sacrifice de tous nos camarades et sympathisants, et leur engagement à construire un monde meilleur.
Enfin, Alan Woods a prononcé un discours de clôture. Il a dit que, pour la première fois de sa vie, il avait l’impression de parler au monde entier. Il a affirmé que la TMI défend l’unité indivisible de la classe ouvrière au-delà de toutes les frontières. Par conséquent, nous résistons à toutes les idées réactionnaires qui cherchent à diviser les travailleurs et à les dresser les uns contre les autres. Cela veut dire que nos discussions ne sont pas abstraites. Si nous devons gagner la lutte des classes, les travailleurs et les jeunes doivent s’armer avec les méthodes correctes et, surtout, les idées correctes. En faisant ainsi, a dit Alan, nous marchons dans les pas de Léon Trotsky, qui a donné sa vie pour la défense des idées et des traditions authentiques du marxisme et du bolchévisme.
Il a conclu ainsi :
« À l’échelle mondiale, la TMI est la seule organisation à avoir le droit de revendiquer l’héritage de l’internationale fondée par Léon Trotsky, avant d’être abattu avec perfidie. Nous devons avoir confiance en nous, camarades. Nous devons parvenir à cette conclusion : si nous ne faisons pas ce travail nécessaire, personne d’autre ne le fera pour nous… La TMI porte sur ses épaules le destin de la révolution socialiste mondiale ! »
Cette école avait pour tâche de défendre les idées du marxisme contre toute forme de calomnies, de réaction et de révisionnisme. Tous les camarades qui ont parlé et sont intervenus ont accompli cette tâche avec assurance, et ont tous démontré une excellente compréhension de la science du marxisme. Mais l’école en elle-même était un témoignage de la validité et du pouvoir de ces idées. Alors que les bourgeois, les petits-bourgeois et les sectaires regardent ce monde agité avec horreur et confusion, incapables de donner du sens à ce qu’ils voient, les marxistes comprennent que nous assistons à la mort du vieux monde, et que le nouveau tarde à apparaître.
Cette clarté, et cette confiance dans un avenir meilleur rallient de plus en plus de travailleurs et de jeunes à notre drapeau. C’est sur la base de notre théorie que nous pouvons regarder devant nous avec optimisme pour l’époque révolutionnaire dans laquelle nous sommes entrés, et avec la détermination d’accomplir la tâche de la révolution socialiste de notre vivant.
L’Université marxiste a touché à sa fin, mais la lutte pour le socialisme continue ! En avant pour la victoire ! Rejoignez-nous !
Europe — de Emanuel Tomaselli, ICR Autriche — 16. 11. 2024
Amérique du nord — de la rédaction — 13. 11. 2024
Europe — de Jack Halinski-Fitzpatrick, marxist.com — 11. 11. 2024