La grève du 14 juin n’est qu’une première étape dans la lutte contre l’oppression des femmes, en Suisse et dans le monde. Nous devons maintenant établir une perspective afin de développer cette lutte, notamment après le 14 juin. Dans cette optique, nous proposons le programme suivant :
Le capitalisme est basé sur l’oppression des femmes. Ainsi, le travail domestique non rémunéré – qui est principalement assigné aux femmes – est vital pour le capitalisme. De fait, des travaux comme le nettoyage, la cuisine, et surtout les soins destinés aux enfants sont nécessaires pour que les salariés soient de retour au travail jour après jour. De cette façon, leur force de travail est reproduite et une nouvelle génération de salariés apte à remplacer la main-d’œuvre existante est formée. Mais pour le capital, une chose est claire : ce travail doit coûter le moins cher possible. Le travail reproductif est donc toujours effectué de manière privée et non rémunérée au sein des familles. Aujourd’hui encore, ce sont les femmes qui s’occupent de la majorité des tâches ménagères et des soins – presque deux fois plus que les hommes. D’autre part, les hommes se voient attribuer le rôle de soutien financier principal au sein de la famille, ce qui entraîne la dépendance matérielle des femmes.
Nous exigeons la socialisation du travail domestique et des soins ! Ce qui veut dire :
La plupart des femmes sont par ailleurs exposées à une double charge considérable. Outre leur travail au sein du ménage, celles-ci sont souvent amenées à travailler pour un salaire pour subvenir à leurs besoins. Et ce sont les secteurs typiquement féminins, qui impliquent des salaires inférieurs et des conditions de travail précaires. En outre, les femmes sont discriminées de multiples façons sur le marché du travail : « risque de grossesse », congé parental inégal, discrimination salariale, etc. Du reste, c’est précisément à cause de la double charge du travail rémunéré et du travail domestique que de nombreuses femmes se retrouvent dans l’obligation de travailler à temps partiel. Il va sans dire que la combinaison de tous ces éléments les mène inévitablement à une dépendance matérielle à l’égard des hommes. Par ailleurs, tous ces mécanismes économiques reproduisent la division du travail selon le genre et entraînent tous les modèles réactionnaires qui assènent que les femmes sont censées être sensibles, soigneuses, mais aussi soumises, tandis qu’il serait dans l’essence même des hommes d’être ambitieux et dominants. C’est pourquoi nous luttons pour l’indépendance économique des femmes salariées, ainsi que pour une réduction radicale du temps de travail sans réduction salariale, et pour la socialisation du travail domestique. C’est la seule façon de jeter les bases d’une véritable égalité entre les sexes.
Nous exigeons :
Pour ce faire, les syndicats doivent:
Sans le socialisme pas de libération des femmes – sans la libération des femmes pas de socialisme!
La lutte pour ces revendications rejoint la lutte pour de meilleures conditions de vie ici et maintenant. Mais la mise en œuvre de ce programme est également nécessaire pour défendre à long terme les intérêts des femmes qui travaillent. C’est précisément pour cette raison que ces revendications exigent une rupture radicale avec le capitalisme. En effet, les intérêts des capitalistes et des salariés ne sont pas compatibles. La socialisation du travail domestique, l’augmentation des salaires ou la réduction du temps de travail sont autant de revendications qui vont directement à l’encontre des intérêts des capitalistes. Elles ne sont pas compatibles avec la logique du profit qui détermine la société capitaliste. Nous devons donc prendre l’économie en main et placer les principales industries clés, les banques et les assurances sous le contrôle démocratique des travailleurs salariés. De cette façon, nous créons la base d’une planification démocratique de l’économie en fonction des besoins de la majorité de la population plutôt que des profits qui ne servent qu’une minorité de celle-ci.
Nous pensons qu’une société socialiste offre la possibilité de l’émancipation générale de la classe ouvrière et en particulier de celle des femmes travailleuses. En tant que société, nous organiserons notre coexistence ensemble et déciderons de ce que nous produirons et de la manière dont nous le ferons. Dans le capitalisme, en revanche, l’économie reste une sphère privilégiée dans laquelle seule une minorité de personnes décident, et ce uniquement dans leur propre intérêt.
Europe — de Emanuel Tomaselli, ICR Autriche — 16. 11. 2024
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Europe — de Jack Halinski-Fitzpatrick, marxist.com — 11. 11. 2024