Les quatre dernières années ont été les plus turbulentes de l’histoire du capitalisme suisse. Ce n’est qu’une question de temps avant que de grands mouvements sociaux ne voient le jour. Aujourd’hui déjà, des milliers de jeunes n’attendent qu’une chose : pouvoir entamer la lutte contre le capitalisme. Les communistes doivent tirer des conclusions cohérentes et réagir par la mesure suivante : la fondation du Parti Communiste Révolutionnaire !
La Suisse fait aujourd’hui entièrement partie de la crise capitaliste mondiale. De la pandémie à l’inflation, en passant par la guerre en Ukraine, la crise bancaire et le massacre à Gaza, tous les grands événements internationaux ébranlent la stabilité économique, politique et sociale dans ce pays également.
Cela contraste fondamentalement avec les crises passées : pendant des décennies, la classe dirigeante en Suisse a pu amortir les grandes crises internationales de manière à éviter les chocs les plus importants. Ainsi, même la crise économique mondiale de 2008 a moins directement touché la Suisse, car les capitalistes suisses ont pu s’orienter vers les marchés en croissance de la Chine, de l’Allemagne et des États-Unis.
Pourtant, la classe ouvrière suisse ressent également le déclin du capitalisme mondial : depuis les années 1990, la plupart des salaires stagnent.
La base de la relative stabilité du capitalisme suisse était la mondialisation, avec des relations relativement harmonieuses entre les capitalistes et leurs États. Cela permettait à l’impérialisme suisse « neutre » de faire de bonnes affaires avec tous les pays et tous les régimes.
Cette base n’existe plus aujourd’hui. Aujourd’hui, le protectionnisme, les guerres commerciales, les guerres armées et la fragmentation du monde en blocs rivaux dominent au niveau mondial.
La concurrence qui s’intensifie dissout la marge de manœuvre des petits pays neutres. La NZZ écrit : « Les puissances mondiales concurrentes ont démystifié le mythe de la Suisse neutre avec ses bons offices ». La bourgeoisie suisse ne peut rien faire contre cela. Elle est complètement impuissante.
La politique étrangère, les exportations, l’industrie, tout est en crise. Mais pas pour tout le monde : une petite minorité profite immensément de l’exploitation de la majorité. Depuis 2013, jusqu’à 83 % de tous les bénéfices des entreprises cotées en bourse ont été générés par seulement trois entreprises. Le capitalisme suisse est complètement parasitaire ! Nestlé, Roche et Novartis contrôlent la société.
Dans le passé, les dirigeants pouvaient assurer une certaine stabilité (ou du moins des conditions de vie qui ne se détérioraient pas brusquement) aux salariés locaux. C’est désormais terminé. La classe dirigeante suisse doit elle aussi de plus en plus se décharger de la crise sur la classe ouvrière.
Le tableau est similaire dans tous les secteurs : que ce soit dans les soins, l’éducation, la construction ou l’industrie, il y a partout plus de pression, moins de personnel, des conditions de travail plus dures et aucune perspective d’amélioration. Par rapport à 2020, le pouvoir d’achat d’une famille est aujourd’hui inférieur de 3 000 francs en moyenne. À cela s’ajoute les 1 000 francs en moyenne du choc de l’assurance maladie.
Le Financial Times écrit : « Les Britanniques risquent de ne guère voir d’amélioration de leur niveau de vie pendant 20 ans ». Il en va de même pour la Suisse.
Ce sont tout particulièrement les jeunes qui ressentent l’absence de perspectives : 81 % des moins de 26 ans sont pessimistes quant à l’avenir (66 % pour tous les groupes d’âge). Le capitalisme n’a plus rien à offrir à la classe ouvrière et en particulier aux jeunes. Selon un sondage de la RTS, 35 % de la population suisse affirme désormais que « le capitalisme ne fonctionne plus et doit être aboli ».
Avec de telles perspectives, une plus grande partie de la population cherchera inévitablement une alternative et entrera en lutte dans les années à venir. Les révolutionnaires d’aujourd’hui ont besoin d’un parti communiste révolutionnaire pour se préparer aux événements à venir.
Le conservatisme apparemment « éternel » de la classe ouvrière suisse avait sa base réelle dans la position de l’impérialisme suisse sur les marchés mondiaux. Maintenant que les conditions changent, la conscience se transforme également. Aujourd’hui déjà, sous la pression de la crise, des processus profonds ont lieu dans les têtes de la classe ouvrière. La confiance dans la classe dirigeante et ses institutions diminue.
La RTS écrit : « Seuls 4 % sont entièrement d’avis que l’on peut faire confiance aux hommes et femmes politiques suisses pour agir dans l’intérêt de leurs électeurs ». En Suisse romande, 90 % de la population affirme que le gouvernement et le parlement ne font pas assez, voire rien du tout, pour lutter contre la crise.
Les élections nationales ont en conséquence été un spectacle grotesque. Dans la crise la plus profonde du capitalisme suisse, les mêmes promesses et programmes vides ont été proposés comme toujours. La majorité des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. Le Parlement a été démasqué comme un salon de bavardage.
Le Conseil fédéral « nouvellement » élu est un gouvernement de crise. Il aura pour mission de faire payer la crise à la classe ouvrière. Cela signifie que les salariés seront attaqués par un gouvernement qui n’a été élu que par une petite minorité et qui n’a aucun soutien dans de larges secteurs de la population.
Le mécontentement de la classe ouvrière se trouve encore en grande partie sous la surface, mais il s’accumule de plus en plus. Ce qui se prépare actuellement, c’est une mise à nu massive des mythes de la démocratie et de la neutralité suisses. Les développements autour d’Israël-Palestine, y compris la répression de tout soutien à la Palestine, en sont les signes avant-coureurs (voir notre article principal à ce sujet).
La confiance dans l’establishment est particulièrement faible chez les jeunes. Le Conseil fédéral, le Parlement, les « politiciens » sont correctement reconnus comme ceux qui gèrent le système capitaliste. En conséquence, des milliers de jeunes ont un désir ardent de voir une force politique entamer la lutte contre les dirigeants et leurs institutions.
Le PS et les directions syndicales ne peuvent pas exprimer ce mécontentement croissant. Leur politique est réformiste, ils restent entièrement dans les limites du capitalisme. Les dirigeants du PS gèrent la crise capitaliste en collaboration avec les capitalistes.
Aux yeux des jeunes et des travailleurs radicaux, les directions de ces organisations sont, à juste titre, de plus en plus identifiées à l’establishment.
Au niveau international, le déclin des organisations de gauche traditionnelles après 2008 a conduit à l’émergence de nouvelles figures de gauche comme Bernie Sanders ou Jeremy Corbyn. Avec leur langage radical (p. ex. « pour un socialisme démocratique »), ils ont suscité de grands espoirs de changement chez des millions de personnes. Mais ces espoirs ont été trahis. Bernie Sanders, par exemple, a soutenu Hillary Clinton, la servante affichée de l’impérialisme américain. Les réformistes de gauche sont d’accord avec la droite sur le fait que le système en place doit être accepté.
En Suisse, les jeunes et les travailleurs radicaux suivent de près ces processus internationaux. En outre, certaines expériences avec le réformisme de gauche ont également été faites en Suisse. La grève du climat et la grève des femmes étaient des expressions claires de la radicalisation croissante. Ces deux mouvements ont mis sur la table, dans leur essence, la question de la révolution, car tant la destruction de l’environnement que l’oppression des femmes ne peuvent pas être résolues au sein du capitalisme. Mais les espoirs des militants les plus radicaux sont restés lettre morte, car les directions des mouvements n’ont pas défendu un programme révolutionnaire basé sur la classe ouvrière. C’est pourquoi les mouvements se trouvent aujourd’hui dans l’impasse.
Mais comme on le dit si bien, « rien n’est perdu dans l’histoire ». De nombreux militants ont été démoralisés. Mais sous la pression de la crise permanente, une certaine couche de la population s’est ouverte aux conclusions révolutionnaires grâce à ces expériences internationales et nationales. Ils ont compris que ce n’est pas en bricolant ici et là le capitalisme que l’on résoudra les grands problèmes.
Pour la première fois du vivant de la très grande majorité des personnes, l’idée du communisme trouve à nouveau un écho dans une partie de la population, et ce parce que le communisme représente une rupture fondamentale avec les conditions dominantes. Une étude montre qu’aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans d’autres pays étudiés, des millions de personnes se tournent vers le communisme. Beaucoup d’entre elles recherchent activement une organisation communiste révolutionnaire à laquelle elles peuvent adhérer avec un enthousiasme total.
La TMI est la seule à avoir reconnu l’énorme potentiel de cette nouvelle génération de communistes. Alors que d’autres à gauche sont somnambules et s’enfoncent dans le pessimisme à cause du changement du paysage politique, la TMI organise les meilleurs militants dans le monde entier.
Au cours d’années de travail patient et difficile, nous avons préservé la théorie révolutionnaire du marxisme. Pour la première fois, nous avons appliqué sérieusement le marxisme à la Suisse et avons élaboré des positions et des perspectives scientifiques et révolutionnaires sur l’impérialisme suisse, la démocratie suisse, les partis comme l’UDC et le PS, les syndicats et bien d’autres choses encore.
Nous avons assimilé les méthodes et les traditions des bolchéviks qui, en Russie en 1917, ont réussi à mener la classe ouvrière à la victoire sur le capitalisme pour la seule fois de l’Histoire jusqu’à présent. Nous avons tiré les meilleures leçons de l’histoire des révolutions victorieuses et échouées, ainsi que de la dégénérescence stalinienne de l’Union soviétique.
Nous avons ainsi les idées et les méthodes pour former efficacement la nouvelle génération de révolutionnaires et les aider à en organiser eux-mêmes des milliers d’autres.
L’extraordinaire succès de la Tendance marxiste internationale a touché le nerf de notre temps, révélant la réalité derrière les sondages. Dans le monde entier, des milliers de personnes ont réagi à notre slogan « Tu es communiste ? », dont des centaines en Suisse. En quelques mois, la section suisse l’étincelle est passée de 18 groupes locaux dans sept villes à 37 groupes locaux dans 15 villes. Dans nos deux grandes écoles, 450 personnes au total se sont formées au « chemin vers le communisme ».
Mais ce faisant, nous ne faisons que gratter la surface. La vérité, c’est que dans chaque quartier, dans chaque école, dans chaque petite ville, il y a des communistes potentiels. Mais la plupart d’entre eux sont encore atomisés et inorganisés.
Le devoir des communistes n’est pas de discuter ou de débattre abstraitement de nos idées, mais d’agir maintenant avec un sentiment d’urgence afin de construire une organisation qui puisse réellement porter les idées du communisme dans la lutte des classes.
C’est pour cette raison que les partisans de l’étincelle appellent à la création du Parti Communiste Révolutionnaire. La conférence fondatrice aura lieu les 10-12 mai 2024, avec un objectif ambitieux mais nécessaire de 500 participants !
Il ne s’agit pas seulement d’un nouveau nom, mais d’un véritable nouveau chapitre pour les forces communistes de ce pays. Le Parti Communiste Révolutionnaire représente la perspective d’une révolution communiste en Suisse de notre vivant !
La direction réformiste actuelle du mouvement ouvrier signifie que le mécontentement va continuer à s’accumuler et que l’explosivité sera donc plus grande. Tout comme la nature, la lutte des classes ne permet pas un vide éternel. Le mécontentement doit trouver une expression.
Il est impossible de prévoir aujourd’hui comment le processus va évoluer. Si la prochaine étape de la lutte des classes sera une série de grèves comme aux États-Unis ; si un nouveau mouvement radical de la jeunesse verra le jour comme en Espagne ; ou si le processus de radicalisation s’exprimera dans les organisations de masse comme avec Corbyn au sein du parti travailliste britannique. On ne peut pas prévoir cela aujourd’hui, mais tout ceci est implicite dans la situation en Suisse.
En Suisse, la lutte des classes est retardée en raison de la plus longue stabilité du capitalisme suisse. Mais cela représente un grand avantage pour les communistes. Cela signifie que nous avons la possibilité de construire une force communiste avant que ces grands événements politiques ne se produisent.
Nous vivons une période de révolution. Dans tous les pays voisins de la Suisse, l’explosion sociale est imminente. Cela changera aussi radicalement la situation en Suisse.
Il ne nous appartient pas de prédire ou de déterminer le rythme de la lutte des classes. Mais il est clair qu’une entrée massive de la classe ouvrière suisse dans la lutte des classes est une question de quelques années tout au plus, mais certainement pas de décennies.
Si, à ce moment-là, il existe en Suisse un parti révolutionnaire de 1 000 ou 2 000 communistes avec un premier ancrage dans les entreprises, les écoles, les quartiers ouvriers et les syndicats, alors la base existe pour lutter pour un parti communiste de masse.
Nous n’avons pas l’illusion gauchiste que nous allons grandir de manière linéaire pour devenir une force de masse. Comme le montre toute l’Histoire, un parti communiste de masse ne se forme que sur la base de grandes luttes. Le Parti Communiste Révolutionnaire représente le premier pas dans cette direction : construire une base solide de milliers de marxistes formés et actifs, organisés en centaines de groupes locaux dans tout le pays, dans le but précis de pouvoir intervenir dans les grands événements à venir avec une organisation communiste vigoureuse.
C’est pour cela que nous fondons maintenant le Parti Communiste Révolutionnaire. Les milliers de communistes atomisés ont besoin de leur propre parti. Ils doivent être rassemblés dans une organisation de combat.
Ce parti ne se construit pas dans le vide, mais dans la pratique. Nous devons lier les questions actuelles et les revendications quotidiennes au renversement du capitalisme. Le programme communiste doit devenir un point de référence auprès des jeunes et des travailleurs radicaux. C’est surtout dans les luttes de la jeunesse que nous voulons nous battre pour la direction du mouvement.
Le Parti Communiste Révolutionnaire se donne la tâche historique de gagner la bataille des idées et de l’organisation :
Contre les réformistes qui cherchent toujours un compromis avec la bourgeoisie et qui remettent le renversement du capitalisme aux calendes grecques.
Contre les « politiques à thème unique » qui refusent de voir que les luttes spécifiques doivent être menées comme une lutte contre le système dans son ensemble.
Contre ceux qui répandent le poison de la politique identitaire qui divise. Contre ceux qui prennent à la légère la lutte contre l’oppression et l’exploitation en mettant l’accent sur les quotas, les safe spaces et le langage épicène.
Contre ceux qui confondent les crimes du stalinisme avec le véritable héritage des bolchéviks et la supériorité complète de l’économie socialiste planifiée.
Et surtout contre l’isolement de milliers de communistes.
Le Parti Communiste Révolutionnaire ne défend rien de moins que le renversement complet du capitalisme en Suisse et au niveau international, comme premier pas vers la transition de l’humanité vers une société communiste sans État, sans classe et sans argent.
Tu es responsable de tout cela ! Si tu as lu jusqu’ici, tu as l’entière responsabilité de la mise en œuvre de ces perspectives.
Depuis son adhésion, un nouveau membre de la TMI en Suisse voyage de ville en ville pour dire à tous ses anciens amis qu’il a trouvé l’organisation qu’ils avaient cherchée ensemble dans leur processus de radicalisation. Il a ainsi déjà ouvert un nouveau groupe local à Lucerne. Tous les militants honnêtes doivent suivre l’exemple de ce combattant communiste. Nous devons crier du haut de tous les toits : Nous fondons le parti qui entame la lutte contre le capitalisme en Suisse !
Pour cela, nous nous armons de « Le Communiste » – notre tout nouveau journal communiste. « Le Communiste » est un outil de lutte pour donner une voix à tous ceux qui veulent lutter maintenant.
Nous lançons dès maintenant une campagne nationale pour la création de ce parti. Dans chaque école, dans chaque entreprise, dans chaque quartier ouvrier, dans chaque village, nous hisserons le drapeau rouge. Nous disons avec un enthousiasme total : nous organisons les révolutionnaires dans tout le pays avec le programme de la révolution communiste. Là où tu habites, là où tu travailles, là où tu te trouves : aide à construire un groupe du Parti Communiste Révolutionnaire.
Il existe une possibilité de croissance sans précédent des forces communistes en Suisse. De grands mouvements et de grands événements que nous pourrons alors influencer sont à l’ordre du jour. Ces mouvements prouveront la nécessité d’un tel parti à de plus larges couches de la classe ouvrière.
Il n’est pas exagéré de dire que la question décisive pour le succès de la révolution en Suisse et dans le monde entier dépend de notre capacité aujourd’hui à nous baser entièrement et dès maintenant sur ces perspectives et à nous consacrer à leur mise en œuvre dans le travail quotidien.
Ce n’est pas une tâche facile. Mais en même temps, c’est le meilleur investissement que chacun et chacune d’entre nous puisse faire pour l’avenir.
Oui, notre parti s’empare de chacun d’entre nous dans son intégralité. Mais à l’inverse, il donne à chacun d’entre nous le plus grand bonheur : la conscience que nous participons à la construction d’un avenir meilleur, que nous portons une partie du destin humain sur nos épaules et que notre vie ne sera pas vécue en vain.Nous n’oublierons jamais que notre parti représente désormais le plus grand levier de l’histoire. Séparément de lui, chacun de nous n’est rien ; avec lui dans les mains, nous sommes tout.
Léon Trotski, qui a dirigé avec Lénine la révolution russe de 1917
Europe — de Emanuel Tomaselli, ICR Autriche — 16. 11. 2024
Amérique du nord — de la rédaction — 13. 11. 2024
Europe — de Jack Halinski-Fitzpatrick, marxist.com — 11. 11. 2024