Les plus grands médias bourgeois de Suisse – le 20 minutes, le Tagesanzeiger, la NZZ, la Weltwoche – ont lancé une chasse à l’homme contre nous, les communistes. Ils tirent à boulets rouges sur nous parce que nous nous organisons en solidarité avec le peuple palestinien.
Le 20 Minutes titrait hier matin sur sa Une : « Un groupe inconnu appelle à un rassemblement pro-Hamas à Zurich ». Entre-temps, le 20 Minutes et la NZZ ont adapté leurs titres calomnieux.
Dans leurs articles racoleurs, ils disent que notre manifestation est un « appel à la violence » et nous accusent de faire de l’incitation antisémite par notre solidarité avec la Palestine.
Les universités de Zurich, Berne et Fribourg ont retiré les locaux demandés par les étudiants marxistes pour leurs événements sur la situation en Palestine.
L’université de Zurich écrit : « L’UZH ne tolère aucun appel à la violence ». L’appel à une ‘intifada jusqu’à la victoire’ diffusé par ‘L’étincelle’ et ‘la TMI’ n’est pas compatible avec la position de l’UZH. L’UZH soutient les discussions menées démocratiquement ».
Le soir même, les flics ont été mobilisés avec trois fourgons à l’EPFZ pour empêcher la manifestation.
L’establishment suisse (comme en Grande-Bretagne par exemple) passe immédiatement à l’offensive contre toute tentative de travailleurs et de jeunes de se solidariser avec la lutte palestinienne. Les droits démocratiques fondamentaux à la liberté d’expression et de réunion sont réprimés.
Ces réactions hystériques des plus grands médias suisses ne sont toutefois pas un signe de force, mais de faiblesse. Il s’agit d’une tentative désespérée de la classe dirigeante en Suisse (et dans tout l’Occident) de justifier l’impérialisme israélien, d’intimider et de réduire au silence tous ceux qui veulent lutter contre l’oppression et d’empêcher toute discussion sur l’agression israélienne et l’occupation de la Palestine.
Leur hypocrisie ne connaît aucune limite : ce sont les mêmes médias qui ont détourné le regard pendant des décennies face à toutes les atrocités commises par l’impérialisme occidental et israélien au Proche-Orient.
Où sont les gros titres sur les milliers de Palestiniens assassinés ces dernières années ? Ils sortent ici le bâton de la morale et parlent du « droit d’Israël à se défendre ».
Ils présentent tous la situation comme s’il s’agissait d’un conflit entre deux forces égales.
Ils cachent tous le fait qu’il s’agit d’une puissance impérialiste hautement développée qui laisse son armée moderne envahir la plus grande prison à ciel ouvert du monde ! Et privent des centaines de milliers de personnes de l’accès à l’eau potable, à l’électricité et aux soins de santé !
Notre réponse en tant que communistes doit être d’autant plus claire : Nous devons défendre le droit des Palestiniens opprimés de résister.
Ces médias bourgeois ne représentent pas ce que pense la classe ouvrière.
Lors de la manifestation « interdite » à Zurich, des groupes entiers sont venus, dégoûtés par l’article du 20 minutes. Toute une série d’ouvriers et de jeunes nous ont contactés pour se joindre à la lutte active.
Voici ce que dit un message que nous avons reçu sur notre site :
« Je suis un homme inculte, mais même moi je sais que lorsqu’un peuple est harcelé pendant des années, qu’il est littéralement privé de sa maison et de sa terre, il finit par se passer exactement ce que l’on voit maintenant. 90 % du monde pointe du doigt la Palestine et utilise le mot « terroristes ». Que sont alors les Israéliens s’ils ne sont même pas retenus par les droits de l’homme ?”
Chaque jour, nous discutons et organisons de nouveaux combattants pour le communisme – et depuis dimanche, nous ne parlons que de la Palestine. Voici un compte-rendu d’une telle discussion :
« Elle vient d’Égypte. Depuis qu’elle a sept ans, elle voit les bombardements de la Palestine à la télévision. En grandissant, elle a vécu de près tous les crimes de l’impérialisme, elle connaît l’histoire d’Israël et l’hypocrisie de l’impérialisme occidental, y compris de la JS. Elle a défendu intuitivement toute la position de la TMI, comme si elle l’avait connue (de « Israël est l’agresseur » à « Le Hamas n’est qu’une direction, mais de larges masses doivent se battre et c’est une bonne chose qu’elles se battent. Il ne faut pas confondre cela avec le Hamas », jusqu’à dire que la classe ouvrière israélienne ne sera pas libre tant que l’Intifada ne sera pas victorieuse !) Lorsque je lui ai expliqué notre position et que je lui ai dit que nous construisions une internationale qui mènerait la lutte de ces masses à la victoire, elle a presque pleuré parce que notre position était tout simplement exacte et parce qu’elle voulait faire partie d’une organisation internationale qui défendrait cela« .
Nous devons donner une voix au mécontentement croissant de la jeunesse et des travailleurs suisses face à cette guerre barbare et unilatérale, et nous unir contre toute répression et propagande de la classe dirigeante !
Si toi aussi tu te sens étouffé par le flot épais de la propagande bourgeoise et belliqueuse, alors que tu veux simplement exprimer ta solidarité avec les opprimés de ce monde, organise-toi avec nous, les communistes !
Nous, les communistes de la TMI, sommes apparemment les seuls à être restés debout sans céder à la pression de la classe dirigeante.
C’est la raison pour laquelle ils se servent maintenant de nous comme exemple. De cette manière, ils envoyent un gros avertissement à toute la gauche : « Si vous osez dire ne serait-ce qu’un mot conséquent contre l’Etat israélien, nous vous traiterons d’antisémites et d’apologistes du terrorisme sur tout le territoire ».
Nous ne nous laissons pas le moins du monde intimider par cela. Nous passons à la contre-offensive. Pour cela, nous avons besoin de toi et de tous ceux qui veulent lutter pour la libération du peuple palestinien !
Entre-temps, le conseiller national UDC Benjamin Fischer s’est lui aussi joint à l’indignation cynique suscitée par notre affiche. Cela n’a rien d’étonnant. L’UDC est le parti des riches, pour qui aucun moyen n’est trop bas pour défendre les intérêts des capitalistes suisses. Ils se tiennent au garde-à-vous du côté de l’impérialisme israélien dans son oppression barbare de tout un peuple.
Ce qui est absolument scandaleux, c’est que même la direction de la JS autour de Nicola Siegrist participe désormais à cette répression. Sur Twitter, la JS Suisse déclare qu’il est correct que l’université de Zurich ne tolère pas notre manifestation et invite les autres universités à faire de même.
En d’autres termes, ils appellent à réprimer notre droit démocratique fondamental d’organiser un événement en solidarité avec le peuple palestinien opprimé !
Au moment où il devrait aller de soi que la gauche et le mouvement ouvrier s’unissent dans la défense du peuple palestinien, la direction de la JS se joint à l’agitation cynique dans l’intérêt de l’impérialisme.
Nous sommes convaincus que cette attitude ne reflète pas l’opinion de tous les membres de la JS.
Nous appelons donc tous ses membres à prendre position dans leurs sections et à se ranger inconditionnellement du côté du peuple palestinien dans sa lutte contre l’oppression impérialiste.
Cette attitude scandaleuse de la direction de la JS ne nous touche pas, nous, les communistes. Mais c’est une trahison du peuple palestinien et de tous les peuples opprimés du monde.
Le plus important aujourd’hui est que les communistes coupent à travers la propagande bourgeoise et sa morale hypocrite et adoptent une position de classe parfaitement claire.
Dans toute guerre, les belligérants se servent toujours de récits d’atrocités – réelles ou inventées – pour justifier leurs propres violences et assassinats. L’attitude des communistes face à la guerre ne peut jamais s’appuyer sur une propagande sensationnaliste utilisée de manière cynique pour justifier l’un ou l’autre camp. Une guerre ne peut pas non plus être justifiée par la question de savoir qui a frappé le premier. Notre position sur la guerre doit reposer sur une tout autre base.
Notre position est très simple :
Dans toute lutte, nous serons toujours du côté des pauvres opprimés, jamais du côté des riches et puissants oppresseurs.
Dans le cas présent, il faut se poser la question : Qui sont les oppresseurs et qui sont les opprimés ? Est-ce que ce sont les Palestiniens qui oppriment les Israéliens ? Personne de sain d’esprit ne le pense.
Ce ne sont pas les Palestiniens qui occupent des terres qui ne leur appartiennent pas et qui en prennent possession par la force. Ce ne sont pas les Palestiniens qui chassent les colons israéliens des terres sur lesquelles ils vivent depuis des générations. C’est exactement l’inverse.
Ce ne sont pas les Palestiniens qui refusent aux citoyens israéliens les droits les plus élémentaires, les soumettent à un blocus brutal et en font des parias sur leur propre terre.
Est-il nécessaire d’énumérer la longue liste des crimes commis par l’État israélien réactionnaire contre les Palestiniens ?
Nous n’avons pas de place pour mentionner tous ces crimes qui se poursuivent jour après jour, mois après mois et année après année, faisant de la vie des Palestiniens un enfer.
Les Palestiniens ont été réduits à un statut qui n’est pas très différent d’une sorte d’esclavage. Et les esclaves, privés de tous les autres droits, ne peuvent recourir qu’au seul droit qui leur reste : le droit à la révolte.
C’est exactement ce que signifie notre slogan : « Solidarité avec la Palestine : Intifada jusqu’à la victoire ! » Les intifadas désignent les soulèvements de masse des Palestiniens qui s’opposent à l’occupation de l’État israélien.
Au cours de l’histoire, les soulèvements d’esclaves ont généralement été accompagnés d’une violence extrême qui n’était que le reflet de l’oppression extrême qu’ils avaient eux-mêmes subie de la part des esclavagistes.
C’est un fait regrettable. Mais il ne nous dispense pas du devoir de défendre la révolte des esclaves contre les esclavagistes.
Nos ennemis disent : vous soutenez le Hamas. Nous répondons à cette accusation : Nous n’avons jamais soutenu le Hamas. Nous ne partageons pas son idéologie et n’approuvons pas les méthodes qu’il utilise.
Nous sommes communistes et avons nos propres idées, notre propre programme et nos propres méthodes : ils sont basés sur la lutte des classes entre les riches et les pauvres, les oppresseurs et les opprimés. C’est ce qui détermine notre attitude dans tous les cas.
Nos différences avec le Hamas sont fondamentales. Mais elles sont loin d’être aussi fondamentales que les différences qui nous séparent de l’impérialisme américain – la force la plus réactionnaire de la planète – et de ses complices dans le crime, la classe dirigeante israélienne.
Nos détracteurs demanderont : êtes-vous d’accord avec le meurtre de tant de civils innocents ? Nous leur répondons que nous n’avons jamais approuvé de telles choses. Nous ne les approuvons pas aujourd’hui non plus.
Notre première tâche est de comprendre objectivement la situation. Les considérations morales sont totalement inutiles pour expliquer quoi que ce soit. Pour comprendre ce qu’il se passe, il faut poser la question autrement : Qu’est-ce qui a conduit à l’attaque du Hamas ?
Peut-on la dissocier de l’oppression, de la violence et de l’occupation de la Palestine par l’État réactionnaire d’Israël, qui durent depuis des décennies ?
Non, bien sûr que non.
Israël est un État puissant et riche qui dépossède et opprime les Palestiniens depuis des décennies en combinant force brute et puissance économique.
Et nous devons également voir la chaîne d’événements qui ont directement conduit à la situation actuelle. Celle-ci n’est pas tombée du ciel, comme on voudrait nous le faire croire.
Nos ennemis nous placent maintenant dans le camp de l’antisémitisme – comme à chaque fois que quelqu’un ose s’opposer à l’impérialisme israélien. Ils confondent cyniquement la critique du sionisme avec l’antisémitisme.
Mais la vérité est simple : il n’est pas antisémite de critiquer le gouvernement d’Israël. Nous ne le critiquons pas sur la base de la religion, mais sur la base de ses actes : la répression violente du peuple palestinien pendant des décennies.
Prétendre le contraire est un mensonge délibéré qui soutient le régime israélien et délégitime la résistance justifiée contre les oppresseurs.
Nous n’avons jamais, ne serait-ce que par un seul mot, rendu la population civile juive (que ce soit en Suisse ou en Israël) responsable de l’oppression des Palestiniens.
Ce n’est pas notre position et tout journaliste honnête aurait le devoir d’examiner nos positions avant de brandir la massue de l’antisémitisme.
Mais l’honnêteté et l’intérêt pour la vérité ne sont pas des attributs de ces mesdames et messieurs qui, jour après jour, passent sous silence les crimes de la classe dirigeante.
En tant que communistes, nous luttons pour la fédération socialiste de toute la Palestine dans le cadre d’une fédération socialiste du Proche-Orient. C’est là la seule solution !
Pendant trop longtemps, le Moyen-Orient, avec ses ressources naturelles, son énorme potentiel inexploité et sa jeunesse éduquée, a été balkanisé – un héritage du colonialisme qui a divisé la région en petits États faciles à dominer et à exploiter.
Cet héritage toxique a été un terreau fertile pour des guerres sans fin, la haine nationale et religieuse et d’autres forces destructrices. La question palestinienne n’en est que l’expression la plus évidente et la plus monstrueuse.
Les travailleurs n’ont aucun intérêt à conquérir des territoires étrangers ou à asservir d’autres peuples. Si le pouvoir est entre les mains de la classe ouvrière, tous les problèmes auxquels le monde arabe est confronté peuvent être résolus de manière pacifique, démocratique et par des accords.
Dans une fédération socialiste démocratique, il serait possible d’établir des relations fraternelles entre les peuples – arabes et juifs, sunnites et chiites, kurdes et arméniens, druzes et coptes. La voie serait enfin ouverte à une solution durable et démocratique de la question palestinienne.
Il y a suffisamment de terres pour créer un État palestinien réellement autonome, viable et prospère, avec une autonomie totale pour les Arabes et les Juifs, sur le modèle des républiques soviétiques créées par les bolcheviks après la révolution d’octobre.
On nous dit qu’une révolution est impossible. Mais tout ce qui existe a vocation à périr. Et toute l’histoire nous enseigne que les révolutions ne sont pas seulement possibles, mais inévitables.
Le système capitaliste est pourri jusqu’à la moelle. Ses fondations s’effritent et il est en train de tituber avant de tomber. Il ne nous reste plus qu’à le pousser !
L’invasion israélienne de la bande de Gaza et l’occupation totale de la Cisjordanie pourraient mettre le feu à tout le Proche-Orient. Cette situation est le signe avant-coureur de secousses révolutionnaires.
Au sein de l’Étincelle et de la TMI, nous organisons tous ceux qui veulent devenir eux-mêmes le fer de lance de cette révolution ! Tu es communiste ? Tu soutiens la lutte de libération des Palestiniens contre l’impérialisme ?
Alors tu ne peux pas rester isolé !
Nous sommes déjà nombreux à ne plus pouvoir rester les bras croisés ! Mais seuls chez nous, nous ne pouvons rien faire. Nous devons nous organiser !
Tu peux faire quelque chose chaque jour pour la Palestine et pour le communisme !
Tu peux jouer un rôle immédiatement et aider à construire un mouvement communiste pour lutter contre l’impérialisme et pour une Palestine libre. Les camarades de la TMI te soutiennent dans cette démarche et t’aident à y voir plus clair.
De l’étincelle à la révolution mondiale ! Intifada jusqu’à la victoire !
Europe — de Emanuel Tomaselli, ICR Autriche — 16. 11. 2024
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