Quel est le caractère de la situation mondiale et la tâche des communistes dans celle-ci ? Quel est le caractère de l’Etat et pourquoi de plus en plus de régimes sont-ils en crise? Comment mettre fin à l’Impérialisme et la guerre ?
Lors de l’École Marxiste Internationale qui s’est tenue du 23 au 24 novembre à Genève, 110 participants, venues de Suisse, France, de Belgique et du Québec se sont penchés sur ces questions les plus urgentes de notre époque – ainsi que sur d’autres questions clefs comme le rôle de l’art dans la révolution.
Les réponses ont renforcé la compréhension politique et la confiance dans le parti. L’augmentation des fonds du parti de 8 000 francs, obtenue grâce aux dons et aux prix des billets de solidarité, en est l’expression.
A première vue, le monde semble être devenu complètement fou, a expliqué Josh Holroyd, membre dirigeant de notre Internationale (ICR) lors de la plénière d’ouverture sur guerre, crise, polarisation – où va le monde ?. L’ancienne sécurité a disparu, l’instabilité augmente simultanément à tous les niveaux.
En tant que marxistes, nous devons comprendre les processus plus profonds sous le chaos. Le plus fondamental est la crise économique profonde. Les trois principaux moyens de lutte contre la crise de la bourgeoisie – les attaques contre les travailleurs, la mondialisation et l’argent bon marché – ont préparé les explosions d’aujourd’hui. Depuis des années, des milliers de milliards ont été injectés dans l’économie alors que les gains de productivité diminuent. Le capitalisme a ainsi été maintenu artificiellement en vie.
Aujourd’hui, cette gestion de la crise se venge sous la forme de montagnes de dettes mondiales (320% du PIB mondial) et d’inflation, de protectionnisme et de grèves et de protestations croissantes, voire de soulèvements révolutionnaires (Sri Lanka, Bangladesh, etc.).
Un système en panne ne peut pas être géré de manière saine. Peu importe qui gouverne, tous produisent la même chose : des attaques contre la classe ouvrière et donc encore plus de mécontentement. C’est pourquoi les gouvernements et les partis traditionnels s’effondrent les uns après les autres et que les démagogues de droite se présentent comme de prétendues alternatives.
Si le capitalisme est en crise, son État et sa démocratie le sont aussi. Et l’on découvre ce qu’il en est vraiment : une façade, un spectacle derrière lequel se cache la dictature des entreprises et des banques.
Hélène Bissonnette de Montréal a expliqué dans son atelier L’État capitaliste et la crise de la démocratie bourgeoise pourquoi les régimes sont en crise, quel est le caractère de l’Etat sous le capitalisme et quelles tâches en ressortent pour les communistes.
Gabriel Vergne, de la section française, a analysé dans son atelier La lutte des classes en France la profonde crise de régime en France. La débâcle de Macron aux dernières élections et l’effondrement rapide du gouvernement archi-minoritaire de Michel Barnier avec l’appui du Rassemblement National en sont les dernières manifestations.
Afin de les comprendre il faut prendre en compte le déclin économique de la France que la bourgeoisie fait payer à la classe ouvrière ce qui provoque une intensification des luttes. Dans les dernières années seulement, il y a eu des grèves à grande échelle dans la fonction publique et dans les raffineries, des manifestations contre la hausse de l’âge de la retraite, le mouvement des agriculteurs qui a pris les rues, et surtout le mouvement des gilets jaunes, qui bien qu’hétérogène et désorganisé, était un exemple type de ce que la classe ouvrière est capable de faire spontanément.
Pour comprendre les tâches des communistes dans la période, il faut appréhender scientifiquement la nature de cette crise et les lois de la lutte de classes : c’est ce que Gabriel a fait.
L’effondrement du gouvernement de Barnier, l’élection de Trump aux Etats-Unis et le renversement de Hasina au Bangladesh par un soulèvement de masse, sont différentes expressions de la même impasse : les dirigeants n’en peuvent plus et les masses ne se laissent plus gouverner comme avant. Ni linéairement, ni partout demain – mais les luttes allant jusqu’aux soulèvements de masse vont se multiplier.
Mais il manque partout un ingrédient. A savoir le parti révolutionnaire. Un parti qui conduise la classe ouvrière à la victoire, c’est-à-dire à la prise du pouvoir – au lieu de s’engager dans des voies sûres, et donc dans une impasse, comme les directions réformistes actuelles.
Nous, le PCR, sommes aujourd’hui bien trop petits. Mais nous assumons la responsabilité de construire ce parti. La base est le marxisme, comme l’ont souligné tous les ateliers. En effet, notre tâche en tant que petit parti est de convaincre, d’unir et de former les couches les plus avancées à l’ensemble du programme communiste.
L’impérialisme signifie la guerre et « l’horreur sans fin » (Lénine). Martin Kohler l’a expliqué dans l’atelier L’impérialisme au Proche-Orient avec un grand regard historique sur le rôle de l’impérialisme occidental dans la région. Derrière la barbarie actuelle se cache une histoire de 150 ans. Lorsque les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont pris la relève en tant que puissance hégémonique, ils ont promis la « démocratie » et la « paix ».
Mais au lieu de cela, ils ont complètement détruit l’équilibre au Proche-Orient. Le résultat est la montée du fondamentalisme islamique et une série interminable de guerres en Syrie, au Yémen, en Palestine ou au Liban, dans lesquelles les impérialistes régionaux (Israël, Arabie saoudite, Iran, etc.) et les grandes puissances (Etats-Unis, Russie) se disputent la suprématie.
Cette lutte pour le butin de profit qui se rétrécit avec la crise va s’intensifier. C’est pourquoi les impérialistes s’arment partout.
C’était déjà le cas à l’époque de Lénine, autour de la Première Guerre mondiale. A l’époque, comme aujourd’hui, les dirigeants de la classe ouvrière soutenaient leurs propres bourgeoisies dans la lutte pour le butin. Dans l’atelier Lénine, les bolcheviks suisses et la guerre, Caspar Oertli a expliqué ce que nous devons apprendre de l’histoire pour ne pas nous retrouver dans le camp de notre propre bourgeoisie.
Il ne suffit pas d’apprendre par cœur les slogans de Lénine comme « L’ennemi principal est dans son propre pays ». Il faut comprendre l’approche de la guerre de Lénine derrière ces slogans. D’une part, celle-ci permettait à Lénine de ne pas céder à la pression de mettre de côté les différences de classe pendant la guerre et de défendre « la patrie » ou « la démocratie ».
D’autre part, Lénine a prouvé de manière positive dans la pratique que la méthode marxiste était décisive pour mettre fin aux guerres. S’appuyant sur la clarté théorique de ses ouvrages sur l’impérialisme, la guerre et l’État, les bolcheviks ont mené la classe ouvrière au renversement de ses propres fauteurs de guerre, la révolution russe. Celle-ci a déclenché des révolutions dans toute l’Europe, qui ont mis fin à la Première Guerre mondiale.
La plupart des propositions contre la guerre aujourd’hui sont des appels abstraits à la paix adressés à l’ONU ou au Conseil fédéral. Sereina Weber a expliqué dans l’atelier Leur morale et la nôtre : Marxisme vs Pacifisme, que le pacifisme des bourgeois et des réformistes, bien qu’il paraisse inoffensif (qui est contre la paix ?), est en réalité nuisible. Car celui qui assimile la violence des oppresseurs à celle des opprimés masque l’antagonisme de classe et aide ainsi les oppresseurs.
Derrière le pacifisme se cache la conception idéaliste selon laquelle la violence doit être condamnée par principe. Mais juger des guerres avec une position pacifiste équivaut à chercher à comprendre la théorie de l’évolution de Darwin avec les principes du véganisme.
Pour lutter pour un monde réellement pacifique, la classe ouvrière a besoin d’un mode de pensée indépendant de la bourgeoisie, d’une philosophie permettant de comprendre la vérité : le matérialisme dialectique.
Pour de nombreux participants, l’atelier L’art et la révolution a représenté le point culminant de l’école. Erik Demeester de la section belge a expliqué que l’art est quelque chose de profondément humain. Nous avons toujours fait de l’art.
Cependant, avec l’émergence des sociétés de classes, les dominants se sont emparés du monopole de l’art. Les masses opprimées ont été et sont toujours privées d’art.
Le communisme signifie le retour au communisme originel, enrichi de tous les trésors des sociétés de classe. Les usines et les technologies en font partie. Celles-ci offrent la base d’une vie sans soucis matériels pour tous.
Mais les communistes luttent pour beaucoup plus, comme l’a suggéré la révolution d’octobre 1917 en Russie. Elle a amorcé une explosion de la créativité artistique et a commencé à ouvrir aux masses la porte de la sphère de l’art et de la culture.
Pour reprendre les mots de l’artiste russe El Lissitzky, « les communistes n’ont pas seulement promis un monde plus juste ou économiquement meilleur, mais – et c’est peut-être le plus important – un monde beau ».
Moyen-orient — de Hamid Alizadeh, marxist.com — 08. 12. 2024
Activités — de Pietro Corsini et Dario Dietsche — 06. 12. 2024
Europe — de Emanuel Tomaselli, ICR Autriche — 16. 11. 2024
Amérique du nord — de la rédaction — 13. 11. 2024