Le mouvement de grèves étudiantes pour le climat ne reflue pas et les premières conséquences de cette mobilisation sur la politique suisse se font sentir. Quelle peut être la source de cette incroyable mobilisation?
Les manifestations des grèves du climat ont mobilisé des milliers de personnes en Suisse mais également dans d’autres pays en Europe. À Lausanne par exemple, la manifestation du 15 mars a rassemblé près de 15’000 personnes, essentiellement des jeunes des écoles secondaires, ce qui est impressionnant. Il faut retourner jusqu’aux débuts des années 2000 pour retrouver une manifestation d’une ampleur similaire. Encore une fois, la jeunesse se positionne en protagoniste des luttes. Mais comment expliquer que cette question écologique ait pu devenir un point de radicalisation et de mobilisation important?
La jeunesse à l’avant-garde
Toutes les promesses d’un avenir radieux sous le capitalisme s’effondrent quand elles touchent la jeunesse. Aspirer à vivre de manière correcte et émancipée dans un environnement sain est devenu une utopie inatteignable pour l’immense majorité des gens : le capitalisme nous réserve au contraire un avenir de misère et de dégradation. Il est urgent de se mobiliser pour changer de cap.
En effet, la crise du capitalisme précarise aujourd’hui de larges secteurs de la classe ouvrière et frappe particulièrement les jeunes qui font face à une dégradation de leurs conditions de vie, à un chômage grimpant, entre autres. Des études montrent que nous sommes la première génération qui vivra moins bien que ses parents. Et pire encore, nous nous retrouvons maintenant à devoir affronter une crise écologique, qui est une conséquence de la production capitaliste : le système qui exploite les ressources humaines et naturelles pour satisfaire les profits d’une riche minorité, menace à présent l’existence sur terre.
C’est pour cette raison que de nombreux jeunes se questionnent sur la pertinence de continuer à vivre sous ce système et à répondre aux impératifs qu’il leur impose, c’est-à-dire à continuer d’aller à l’école pour ensuite pouvoir entrer dans le marché du travail. Comme diraient certains grévistes pour le climat : à quoi bon aller à l’école si on n’a pas d’avenir?
Cette situation mène à un rejet justifié des jeunes vis-à-vis de l’ordre établi et des politiciens. Alors que ces derniers voient qu’il y a une crise écologique, personne n’ose prendre des mesures pour y faire face. Il devient évident pour beaucoup de jeunes que ces politiques ne sont pas capables de répondre aux intérêts de la majorité et que donc la mobilisation collective est une nécessité.
Pour un programme de rupture révolutionnaire
Beaucoup de jeunes prennent donc conscience de l’incompatibilité entre le capitalisme et l’écologie, et bien que certaines illusions dans des actions individuelles comme la consommation éthique persistent, le constat pour nombreux est que ni les entreprises ni les politiciens ne résoudront le problème. C’est pour ces raisons que la volonté de changement s’exprime par les jeunes dans la rue, même pendant les cours.
Maintenant, pour qu’on puisse envisager un véritable changement, cette énergie et motivation des jeunes doivent pouvoir se transmettre à la classe ouvrière qui est la seule classe capable d’interrompre le fonctionnement de ce système. Il est nécessaire de mener un travail d’agitation et d’expliquer pourquoi une lutte cohérente pour le climat est fondamentalement une lutte des salarié-e-s contre le système qui nous asservit. Nous devons renverser ce système et exproprier les capitalistes pour véritablement assurer une transition écologique et nous diriger vers une société en harmonie avec l’environnement. Mais pour que nous puissions mener ce travail à bien, nous avons besoin d’un programme, des idées et d’une organisation pour orienter notre lutte vers ces objectifs révolutionnaires. C’est le sens du combat de l’étincelle.
Madé Borel (Gréviste du climat au Collège Voltaire)
Bryan Chirinos (JS Genève)
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