La Loi CO2 prétend réduire les émissions de gaz carbone en taxant la consommation des ménages. Il s’agit clairement d’une loi anti-salariés! Comment lutter?
Cette loi est symptomatique de la transition écologique proposée dans le cadre du capitalisme et de l’Etat bourgeois ; les coûts de la crise écologique seront non pas pris en charge par les plus grandes entreprises polluantes, comme Nestlé, Glencore ou Lafarge-Holcim, mais par la population suisse travailleuse. Alors que Lafarge-Holcim, le plus grand producteur de ciment suisse, émet quatre fois plus de CO2 que l’ensemble des habitant-e-s suisses annuellement, il ne doit en aucun cas passer à la caisse. Au contraire des travailleurs-euses qui utilisent leur véhicule pour se rendre au travail ou amener leurs enfants à l’école et qui prennent l’avion une fois par année.
Pas de place pour l’UDC !
A gauche et chez les Verts, les élu-e-s se félicitent de l’adoption de leur loi mais dénoncent toutefois son « insuffisance » pour amorcer une vraie transition écologique. Cependant, cette loi n’est pas insuffisante, mais anti-sociale et ainsi fausse dans ses fondements. La loi éloigne les travailleurs-euses de la politique écologiste et socialiste. En conséquence, elle permet à l’UDC de se présenter comme défenseuse des intérêts des travailleurs. L’UDC étant le parti bourgeois principal, et ainsi responsable de 20 ans d’austérité et de cadeaux fiscaux aux riches, sa position envers la loi est profondément hypocrite. Tout militant écologiste, et toute militante socialiste honnête, doit donc dire non à toute mesure qui détériore les conditions de vie des salariés ! Pas de place pour la politique hypocrite de l’UDC !
Les partis en faveur de la loi arguent que ces taxes seront redistribuées en partie à la population. Cette logique de faire payer en priorité les travailleurs-euses sous prétexte de les conscientiser sur la crise climatique a été pourtant déjà testée en France, avec le résultat qu’on lui connaît : après le mouvement des Gilets jaunes, qui s’étaient opposés à juste titre contre la détérioration de leurs conditions de vie précaires, la taxe carbone est enterrée pour le moment en France.
System change
Les sections de la Grève du Climat (GdC) romandes dénoncent avec force cette « aberration » de faire payer les dégradations environnementales à ceux qui n’en sont pas responsables. Elles rejettent avec justesse cette politique écologique anti-sociale, qui ne profite qu’aux multinationales et à la place financière qui continuent de prospérer en polluant.
Nous soutenons les opposants de la GdC à cette loi lorsqu’ils affirment que la lutte écologique nécessite un renversement du système capitaliste, et qu’une loi n’allant pas dans cette direction ne vaut rien. C’est à eux, aux banques et aux grandes entreprises de payer entièrement pour la transition écologique, et non la population travailleuse. Or, il est clair qu’elles ne le feront pas de leur plein gré, car cela va à l’encontre de leur nécessité de faire du profit. On ne peut pas non plus attendre du Parlement qu’il les contraigne à payer, car ce dernier est un instrument qui sert à maintenir l’ordre capitaliste.
Le rôle des salarié-e-s
L’unique force capable d’opérer ce changement réside dans les mains de la population salariée. Elle est capable de mettre les banques, les multinationales, en somme toute la production de richesses, sous contrôle démocratique. L’appropriation de la production par la majorité de la population n’est pas une utopie gauchiste, mais la seule solution réaliste si nous souhaitons opérer ce changement vital dans le fonctionnement de notre société.
Le mouvement écologiste doit donc tirer les travailleurs-euses dans la lutte pour la transition climatique en démontrant leurs intérêts communs, s’il souhaite atteindre ses objectifs. Cela est possible aujourd’hui plus que jamais ; les demandes sociales des salarié-e-s, comme des salaires et des rentes dignes, se heurtent au même obstacle que celles du mouvement écologiste, soit le capitalisme. Une taxe qui vient alourdir encore les dépenses des revenus moyens et bas entrave au contraire cette potentielle et nécessaire entrée du mouvement ouvrier dans la lutte écologiste. La Loi CO2 pousse la classe salariée à la passivité politique ou dans les mains de l’UDC !
Aujourd’hui, la Suisse connaît avec le coronavirus les débuts de sa plus profonde crise économique. Quant à savoir qui endossera les frais de la crise du capitalisme, les parlementaires font le choix conscient d’attaquer les salarié-e-s. La politique bourgeoise en matière d’écologie et de gestion de la profonde crise économique suivant la pandémie impose les mêmes attaques, et, de ce fait, requiert une lutte commune de tous les travailleurs et de tous les jeunes.
Rose Gander
ASEMA Genève
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