Cette année marque le centième anniversaire de la Révolution russe. Les défenseurs du capitalisme se consolent avec le souvenir de l’implosion de l’Union soviétique, qu’ils interprètent comme la fin du socialisme. Mais ce n’est pas le socialisme qui s’est écroulé. Bien au contraire : le régime stalinien représente l’antithèse complète du projet démocratique amorcé par les bolchéviques dès 1917.
L’effondrement de l’URSS a été de son temps présenté par les tenants du capitalisme comme la victoire définitive de la prétendue libre économie de marché. Une vague d’euphorie traversa ainsi, il y a 25 ans, la classe dominante et ses soutiens. On parlait de la fin du socialisme, de la fin du communisme, voire de la fin de l’histoire. Depuis lors, nous assistons à l’échelle planétaire à une campagne sans précédent de décréditement des idées marxistes.
25 ans plus tard, rien n’est resté de ces stupides illusions. Le capitalisme se trouve dans la crise la plus profonde depuis la Grande Dépression. Des millions de personnes se voient menacées par les politiques de démantèlement, le chômage et la pauvreté. Conflits et guerres dévastent la planète entière, dont l’existence même sous une forme vivable pour l’homme est mise en danger par la force destructrice d’une économie de marché hors de tout contrôle. À la lumière de ces faits, les annonces triomphantes mentionnées plus haut prêtent aujourd’hui à sourire. La crise du capitalisme et ses répercussions ont totalement réfuté ces prévisions fallacieuses.
Les mêmes commentateurs occidentaux qui faisaient des gorges chaudes des errements de l’URSS tentent maintenant désespérément de donner une explication plausible à l’échec patent de l’économie de marché. L’euphorie d’hier laisse place à un pessimisme des plus sombres.
La peur de la révolution
C’est pour cette raison que le centième jubilé de la Révolution russe donne lui aussi lieu à une nouvelle intensification de la propagande anticommuniste. Il n’est pas difficile d’en trouver les raisons : en période de crise, les gens tendent à remettre fondamentalement en question l’économie de marché, et ce de manière exacerbée. En même temps, l’intérêt pour les idées marxistes croît, ce qui inquiète d’autant plus la classe dominante. Cette nouvelle campagne de haine n’est pas l’expression de son assurance, mais bien de sa peur.
L’histoire montre que la classe dominante ne peut se contenter de vaincre une révolution, elle doit en plus la couvrir de mensonges. Afin que les générations suivantes ne puissent être inspirées par son souvenir, elle doit être étouffée dans un nuage d’hostilité et de méfiance et les noms de ses meneurs traînés dans la boue.
Pendant presque trois générations, les défenseurs du capitalisme ont répandu leur bile sur l’URSS. On n’a alors pas lésiné sur les moyens pour salir l’image de la Révolution d’octobre et la planification étatique de l’économie qui la suivit. Les crimes du stalinisme se révélaient extraordinairement utiles pour cette campagne. La méthode choisie consistait à identifier le socialisme et le communisme à l’appareil totalitaire et bureaucratique qui naquit de l’isolement de cette révolution dans un pays arriéré.
Falsification de l’histoire et hypocrisie de la classe dominante
La haine envers l’URSS de la part de tous ceux dont la carrière, le salaire et les profits sont nourris par loyers, intérêts et plus-value – et donc par l’ordre social existant – n’est pas compliquée à expliquer. Il ne s’agit pas pour eux de rejeter le régime totalitaire institué par Staline. Les mêmes « amis de la démocratie » n’avaient et n’ont encore aucun scrupule à louer des régimes dictatoriaux, pour autant que ceux-ci correspondent à leurs intérêts. La classe « démocratique » dominante de Grande-Bretagne était par exemple très contente de la montée au pouvoir d’Hitler, aussi longtemps que ce dernier opprimait la classe ouvrière allemande et se concentrait sur l’Europe de l’Est.
Winston Churchill et d’autres représentant-e-s de la classe dominante britannique exprimaient jusqu’en 1939 leur brûlante admiration pour Mussolini et Franco. À partir de 1945, ils commencèrent à soutenir les « démocraties » occidentales, comme les USA le firent pour toutes les dictatures barbares, de Somoza à Pinochet, de la junte argentine jusqu’au boucher indonésien Suharto qui parvint au pouvoir en assassinant un million de personnes avec le soutien actif de la CIA. Les dirigeant-e-s des démocraties occidentales se prosternent devant le sanglant régime saoudien, qui torture, assassine, bat voire crucifie sa propre population. La liste de ces barbaries est sans fin.
D’un point de vue impérialiste, de tels régimes sont parfaitement acceptables, tant qu’ils se fondent sur la propriété privée de la terre, des banques et des grands monopoles. L’indépassable hostilité nourrie à l’encontre de l’URSS ne découlait pas d’un quelconque amour pour la liberté mais d’un pur intérêt de classe. Les puissances impérialistes ne haïssaient pas l’URSS pour ce que celle-ci avait de mauvais, mais justement pour ce qu’elle avait de bon et de progressiste. Ils n’avaient aucune objection à faire contre le fait que Staline fût un dictateur (au contraire, ils étaient très contents que les crimes du stalinisme leur donnassent l’occasion de dénigrer le socialisme), mais seulement contre le fait que cette dictature reposât encore et toujours sur des formes étatiques de propriété – à savoir les seuls acquis restants de la Révolution d’octobre.
Le révisionnisme historique pratiqué systématiquement par les bourgeois-e-s et leurs troubadours académiques attitrés ne se distingue curieusement que dans une moindre mesure des bonnes vieilles méthodes de la bureaucratie staliniste. Celle-ci mettait l’histoire à l’envers en faisant de figures marquantes des non-personnes, ou les diabolisant, comme dans le cas de Trotski, et affirmait en général que la noir était blanc. Les écrits actuels des ennemis du socialisme ne s’en distinguent que dans la mesure où c’est Lénine qu’ils traitent avec la même haine aveugle et le même mépris que les stalinistes avaient pour Trotski.
Les acquis de la Révolution
Le système instauré par la Révolution d’octobre n’était ni totalitaire ni bureaucratique, mais le plus démocratique que le monde ait jamais vu. La Révolution d’octobre mit fin à la propriété privée des moyens de production. Pour la première fois de l’histoire, la vitalité de l’économie planifiée était non seulement démontrée en théorie, mais en pratique. Sur un sixième de la surface terrestre, une expérience aux dimensions sans précédent prouvait qu’une société sans capitalistes, propriétaires fonciers-ières et créanciers-ières était possible.
Aujourd’hui, minimiser voire contester ces succès est un exercice en vogue. Mais si l’on jette un regard, si fugace soit-il, sur les faits, on ne peut que constater tout autre chose. Malgré bien des problèmes, défauts et crimes – dont l’histoire du capitalisme regorge, et en bien plus grand nombre – l’économie soviétique planifiée donna lieu en un temps remarquablement court à des avancées incroyables, ce qui est remarquable d’une perspective strictement historique. D’où la peur et la haine nourries à son encontre et les éternels mensonges avancés à son sujet – évidemment sous couvert d’ « objectivité académique » – par les classes dominantes occidentales.
Propagande anticommuniste
Les bourgeois-e-s se voient contraint-e-s de mettre les idéaux de la Révolution d’octobre au ban une fois pour toutes. L’effondrement de l’URSS précipita ainsi une avalanche de propagande contre les acquis de l’économie planifiée en Russie et en Europe de l’Est. Ces attaques idéologiques des stratèges du capital contre le « communisme » constituaient des efforts minutieusement calculés pour nier les acquis historiques de la Révolution. Ces gens considéraient la Révolution russe depuis toujours comme une errance de l’histoire. De leur point de vue, le capitalisme a toujours existé et existera toujours, raison pour laquelle une économie planifiée ne peut réussir. Les statistiques soviétiques sont traitées dans ces conditions comme de gros mensonges.
Toutes les immenses avancées dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la sécurité sociale, etc. ont alors été submergées par un flot de mensonges et de déformations qui n’avaient pour objectif que de les effacer de la mémoire des gens. Les privations de la vie quotidienne en URSS – et il y en avait bien – sont systématiquement exagérément soulignées, afin de « prouver » qu’il n’y a pas d’alternative au capitalisme. Il n’y a pas eu de progrès, mais uniquement des régressions en URSS, disent ces gens-là.
Des avancées uniques
Il est nécessaire de contrecarrer cette campagne de mensonges sans précédent. Nous ne voulons pas ennuyer notre lectorat avec des statistiques, mais nous trouvons nécessaire de dissiper tout faux doute quant aux remarquables succès de l’économie planifiée. Malgré les inimaginables crimes commis par sa bureaucratie, les avancées uniques de l’URSS constituent non seulement un acquis historique, mais avant tout un aperçu sur les ressources immenses que procure une économie planifiée, surtout si celle-ci est dirigée démocratiquement. Ces ressources représentent l’antithèse totale de l’actuelle crise mondiale du capitalisme.
La Révolution d’octobre de 1917 donna lieu à la plus grande croissance des forces de production qui eût lieu dans un pays au cours de l’histoire. La Russie tsariste disposait avant la Révolution d’une économie extrêmement arriérée et semi-féodale ; la majeure partie de la population ne pouvait pas lire ou écrire. Sur 150 millions d’habitant-e-s, seul-e-s quatre millions étaient employé-e-s dans l’industrie, ce qui rendait la Russie bien plus arriérée que l’actuel Pakistan.
Dans les conditions d’une épouvantable faiblesse économique, sociale et culturelle, le régime de démocratie ouvrière que Lénine et Trotski avaient mis en place commença à tirer la Russie hors de son arriération. Les résultats n’ont aucun précédent dans l’histoire économique : la Russie se créa en deux décennies une puissante base industrielle et fit disparaître l’analphabétisme. Elle fit également des progrès remarquables dans les domaines de la santé, de la culture et de l’éducation. À la même époque, le monde occidental, pris dans le Grande Dépression, se voyait étranglé par le chômage de masse et l’effondrement économique.
La viabilité de ce nouveau mode de production se trouva durement éprouvée pendant les années 1941-1945 : l’URSS était alors attaquée par l’Allemagne nazie, qui disposait de toutes les ressources de l’Europe. Malgré 27 millions de pertes humaines, l’URSS parvint à vaincre Hitler, se mit dès 1945 à reconstruire en un temps remarquablement court une économie détruite et devint ainsi la deuxième superpuissance mondiale.
Encore une fois: Des progrès ne pouvant pas être déniés
Le fait qu’un pays fasse des progrès si incroyables doit nous inspirer à réfléchir. On peut penser ce que l’on veut des idéaux de la révolution bolchevique, mais une telle transformation en si peu de temps nécessite l’attention de toutes les personnes pensantes.
En 50 ans, l’Union soviétique a multiplié son produit intérieur brut par neuf. Malgré la terrible destruction de la Seconde Guerre mondiale, elle a multiplié son PIB entre 1945 et 1979 par cinq. En 1950, son PIB correspondait à 33% de celui des États-Unis. En 1979, elle avait déjà atteint 58% du PIB des États-Unis. À la fin des années 1970, l’URSS était une puissance industrielle qui avait déjà dépassé le reste du monde dans certaines industries clés en chiffres absolus. L’Union soviétique n’était non seulement le deuxième producteur mondial de produits industriels après les États-Unis, mais le premier producteur mondial de pétrole, d’acier, de ciment, d’amiante, de tracteurs et de toute une gamme de machines.
Ces chiffres, cependant, ne montrent pas l’étendue complète des acquis. Tout cela a quasiment été atteint sans chômage ni inflation. Il n’y avait pas de chômage en Union soviétique comme en Occident. En fait, c’était un crime d’être au chômage. (Cette loi n’a ironiquement pas été abolie jusqu’à aujourd’hui, même si elle ne veut – entre temps – plus rien dire). Il y avait, bien sûr, des cas où des individus avaient été licenciés parce qu’ils étaient entré-e-s en conflit avec la bureaucratie. Mais de tels phénomènes ne résultaient pas de la nature de l’économie planifiée et n’auraient pas dû exister. Ils n’ont rien à voir avec le chômage cyclique du capitalisme, ni avec le chômage massif organique qui condamne actuellement 35 millions de personnes dans les pays de l’OCDE à une vie d’inactivité.
D’un pays arriéré et semi-féodal, principalement constitué d’analphabètes en 1917, l’URSS s’est développée en une économie moderne. L’Union soviétique abritait un quart de tou-te-s les scientifiques du monde, disposait d’un système de santé et d’éducation équivalent ou même meilleur à ceux de l’Ouest, était le premier pays à lancer un satellite sur l’orbite terrestre et à amener le premier être humain dans l’espace. Dans les années 1980, l’URSS avait plus de scientifiques que les États-Unis, le Japon, la Grande-Bretagne et l’Allemagne ensemble.
Pourquoi l’Union soviétique s’est-elle effondrée?
Malgré ses succès sans précédent, l’Union soviétique s’est effondrée. Il faut se demander pourquoi cela s’est produit. Les explications des «experts» bourgeois sont prévisibles et sans aucun contenu: le socialisme (ou le communisme) a échoué – fin de l’histoire. Les directions du mouvement ouvrier ne connaissent rien de plus à ce sujet. Les réformistes de droite, comme toujours, brouillent les opinions de la classe dirigeante, et chez les réformistes de gauche il y a un silence gêné. Les dirigeants des partis communistes en Occident, qui hier soutenaient encore tous les crimes du stalinisme sans aucune critique, tentent maintenant de se dissocier d’un régime discrédité, mais n’ont pas de réponses aux questions des travailleuses et travailleurs et des jeunes qui exigent des explications sérieuses.
Socialisme ou capitalisme?
Les acquis de l’industrie, de la science et de la technologie soviétiques ont déjà été mentionnés. Mais l’Union soviétique avait aussi une autre faceà. L’Etat ouvrier démocratique établi par Lénine et Trotski a été remplacé par l’Etat monstrueusement bureaucratique de Staline. Pour la classe ouvrière, ce terrible pas en arrière signifiait la liquidation de son pouvoir politique. Cependant les acquis socio-économiques fondamentaux d’octobre sont restés, à savoir les nouvelles relations de propriété, dont l’expression la plus claire était l’économie planifiée.
Dans les années 1920, Trotski a écrit une brochure intitulée Vers le capitalisme ou vers le socialisme ? Cette question avait toujours été décisive pour l’Union soviétique. La propagande officielle affirmait que l’Union soviétique évoluait inexorablement vers l’établissement du socialisme. Dans les années 1960, Khrouchtchev se vantait du fait que le socialisme avait déjà été réalisé et que l’URSS établirait une société complètement communiste en vingt ans. La vérité, cependant, est que l’Union soviétique s’est dirigée dans une direction complètement différente.
Un développement vers le socialisme signifierait une réduction progressive de l’inégalité. En Union Soviétique, l’inégalité a pourtant progressivement augmenté. Un fossé de plus en plus large s’est creusé entre les masses et les millions de fonctionnaires privilégiés avec leurs familles, leurs jolis vêtements, leurs grandes voitures, leurs habitations confortables et leurs maisons de campagne. Le contraste était d’autant plus significatif qu’il était en contradiction criante avec la propagande officielle sur le socialisme et le communisme.
La bureaucratie et le développement économique
Du point de vue des masses, le succès économique ne se réduit pas à la quantité d’acier, de ciment ou d’électricité produite. Le niveau de vie dépend principalement de la production de produits de besoins primaires de haute qualité, bon marché et facilement disponibles : vêtements, chaussures, aliments, machines à laver, téléviseurs, etc. Dans ce domaine, l’Union soviétique était loin derrière l’Ouest. Ce retard aurait pu être tolérable, mais se rendit insupportable du fait que seules certaines personnes pouvaient profiter de ces biens alors que la grande majorité en était privée.
La raison pour laquelle le stalinisme, malgré ses contradictions criantes, a duré aussi longtemps réside précisément dans le fait que l’économie planifiée a connu des décennies de succès. Toutefois le règne de la bureaucratie a conduit à la corruption, à la mauvaise gestion et au gaspillage, jusqu’à ce qu’elle commence finalement à saper les acquis de l’économie planifiée elle-même. Plus l’URSS se développait, plus les effets du règne bureaucratique devenaient néfastes.
La bureaucratie avait depuis toujours constitué un énorme frein au développement des forces productives. Cependant, si la construction d’une industrie lourde était encore relativement facile à réaliser, une économie moderne avec ses interdépendances complexes entre l’industrie lourde et légère, la science et la technologie ne peut pas simplement être mise en place par des ordres bureaucratiques sans que cela cause de graves disproportions. L’économie soviétique était également chargée par les dépenses élevées pour son armement et pour maintenir son emprise sur l’Europe de l’Est.
Malgré les ressources immenses à sa disposition, la puissante base industrielle et une armée d’ingénieur-e-s bien formé-e-s, la bureaucratie était incapable d’obtenir les mêmes résultats que l’Occident. En ce qui concerne les indicateurs centraux de la productivité du travail et du niveau de vie, l’Union soviétique était retard par rapport à l’Ouest. La principale raison pour cela était l’immense fardeau imposé sur l’économie soviétique par la bureaucratie – ces millions de fonctionnaires corrompus et avides qui dirigeaient l’Union soviétique sans le moindre contrôle de la classe ouvrière.
Tant que les forces productives ont continué à se développer en URSS, la tendance pro-capitaliste était insignifiante. Mais l’impasse que le stalinisme constituait a entraîné un retournement complet de la situation. Au milieu des années 1960, le système de planification contrôlée par la bureaucratie a atteint ses limites. Dès qu’il est devenu évident que l’Union soviétique était incapable d’obtenir de meilleurs résultats que le capitalisme, son destin était scellé.
Bureaucratie versus économie planifiée
Comme nous l’avons vu, la contre-révolution politique de la bureaucratie stalinienne a complètement détruit le régime de la démocratie soviétique en Russie, mais a laissé inchangées les nouvelles relations de propriété créées par la Révolution d’Octobre. La bureaucratie dirigeante s’est basée sur l’économie planifiée et a joué un rôle relativement progressif en développant les forces productives, quoique à un prix trois fois plus élevé que dans le capitalisme en raison d’un énorme gaspillage, de la corruption et de la mauvaise gestion, comme le remarquait Trotski lui-même avant la guerre, lorsque l’économie progressait encore de 20% par an.
Malgré ses succès, le stalinisme ne pouvait pas résoudre les problèmes de la société. En réalité, il représentait une monstrueuse anomalie historique, le produit particulier d’un enchaînement historique d’événements. Sous Staline, l’Union soviétique était fondée sur une contradiction fondamentale : l’économie planifiée était en contradiction avec l’Etat bureaucratique. Déjà dans la première période de plan quinquennal, la bureaucratie était coupable d’énormes gaspillages. Cette contradiction n’a pas disparu avec le développement de l’économie, mais a joué un rôle de plus en plus dangereux jusqu’à ce que le système se soit finalement effondré là-dessous.
Caricature du socialisme
Ce n’était pas le communisme ou le socialisme, tel que le comprenaient Marx ou Lénine, qui a échoué en Russie et en Europe de l’Est, mais une caricature bureaucratique et totalitaire du socialisme. Lénine a souligné que le contrôle démocratique de l’industrie, de la société et de l’État par le prolétariat était une condition préalable au développement du socialisme. Le règne d’une élite bureaucratique privilégiée est incompatible avec une société véritablement socialiste. Cela conduit impérativement à la corruption, au népotisme, à la mauvaise gestion et au chaos.
La planification étatique en URSS et en Europe de l’Est a produit des résultats incroyables dans tous les domaines. Mais, comme l’a prédit Trotski en 1936, le régime bureaucratique a finalement compromis la planification de l’économie et a préparé sa chute et la restauration du capitalisme.
L’héritage de la révolution d’octobre
Quel bilan devons-nous alors tirer de la Révolution d’octobre et de la grande expérience de l’économie planifié? Quelles en sont les conséquences pour l’avenir de l’humanité? Et quelles conclusions devons-nous en tirer? Il ne devrait pas y avoir de doute sur le fait que la Révolution d’octobre a façonné le cours de l’histoire mondiale comme aucun autre événement. Tout le 20ème siècle a été marqué par ses conséquences. Ce fait est reconnu même par les critiques les plus conservatrices de la Révolution russe.
Les ennemis du socialisme ajouteront volontiers que l’expérience a échoué. Nous répondons avec les mots du grand philosophe Spinoza : notre tâche n’est pas de rire ou de pleurer, mais de comprendre. Dans les écrits des commentateurs bourgeois, on rechercherait en vain une explication sérieuse de ce qui s’est réellement passé en Union soviétique. Leurs analyses n’ont aucune base scientifique. Leur seule motivation est la haine de la révolution russe, qui ne reflète rien de plus que leurs intérêts de classe.
Ce n’était pas la bourgeoisie russe, mais l’économie planifiée étatique qui a catapulté la Russie dans l’ère moderne, a construit des usines, des écoles, des rues et des hôpitaux, a produit des scientifiques brillants et a construit l’armée qui a battu Hitler.
L’Union soviétique s’est développée malgré les crimes de la bureaucratie. À la fin, cependant, la clique dominante n’était pas satisfaite de la richesse et des privilèges dont elle s’était emparée. Comme Trotski l’avait prévu, elle a rejoint le camp de la restauration capitaliste, passant de caste parasitaire à classe dirigeante.
Pour la population de l’URSS, le retour au capitalisme a été un grand pas en arrière. La société a été lancée en arrière et a pu apprendre tous les « bénédictions » du système capitaliste : la religion, la prostitution, la drogue, le chômage, etc. Pour l’instant, le régime de Poutine a réussi se consolider. Mais son apparente force est une illusion.
Le capitalisme russe est maintenant directement lié au destin du capitalisme mondial. Il est exposé à toutes les pressions d’un système en crise profonde. Cela aura d’importantes implications économiques et politiques pour la Russie. Tôt ou tard, les travailleuses et travailleurs de Russie se remettront de la défaite et passeront à l’action. Lorsque cela se produira, ils redécouvriront rapidement les traditions de la Révolution d’Octobre et du Bolchevisme. C’est la seule voie à suivre pour les ouvriers de Russie et du monde entier.
Alan Woods
Rédacteur de In Defence of Marxism
Europe — de Emanuel Tomaselli, ICR Autriche — 16. 11. 2024
Amérique du nord — de la rédaction — 13. 11. 2024
Europe — de Jack Halinski-Fitzpatrick, marxist.com — 11. 11. 2024